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Institut Français d'Archéologie Orientale <al-Qāhira> [Editor]; Mission Archéologique Française <al-Qāhira> [Editor]
Recueil de travaux relatifs à la philologie et à l'archéologie égyptiennes et assyriennes: pour servir de bullletin à la Mission Française du Caire — N.S. 1=17.1895

DOI issue:
Nr. 3-4
DOI article:
Bissing, Friedrich Wilhelm von: Sur une statue de la collection Barracco
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.12253#0135

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SUR UNE STATUE DE LA COLLECTION BARRACCO

Il est reconnu qu'il n'y a pas de difficulté à présumer des détails peints sur des statues
en granit. A en juger d'après les sculptures en bois ou en pierre calcaire, cette peinture
cherchait à imiter la nature. Cependant on souhaiterait avoir des renseignements plus
exacts sur ce point et surtout des observations faites à l'occasion de nouvelles fouilles1.
Ce qui surprend d'abord celui qui est habitué à ne voir que des statues égyptiennes des
temps les plus brillants de l'Empire, ce sont les formes du corps, notamment de la
poitrine. Pour le rendu du sein féminin clans la plastique égyptienne, on peut avancer
cette règle générale que plus la statue est ancienne, plus la poitrine est plate ; au con-
traire, dans les basses époques les seins se gonflent de plus en plus. Il n'y a que peu
d'exceptions à cette règle, et elles s'expliquent non seulement par la matière très tendre,
dans laquelle ces statues ont été sculptées, mais aussi parce que nous avons ici des chefs-
d'œuvre de la main cle grands artistes; par exemple la femme du Sheikh-el-beled, où
les seins sont arrondis par le bas2. C'est aussi le cas pour une belle statuette en bois du
musée de Berlin qui paraît être du Moyen-Empire3.

D'autre part, une statue en granit, aussi soigneusement exécutée que l'est la mère
de Ramessou II au Vatican'1, a le sein presque plat encore, et la célèbre Amnardis même
ne fait guère que développer entièrement la forme purement égyptienne des seins, inter-
sectés seulement en bas. Même sous le règne des Ptolémées on ne s'est pas éloigné en
beaucoup de cas de cette tradition, ainsi que le prouvent les statues féminines en granit
du Vatican, dont l'une représente Arsinoë5.

Mais la manière dont le sein de notre statue est formé est toute différente. Les
mamelles jaillissent pour ainsi dire du corps et ne s'en détachent plus seulement en bas,
mais aussi en haut, de sorte qu'elles sont presque hémisphéroïdales. Cela rappelle
beaucoup la forme grecque. Le plus ancien exemple que je connaisse de cette forme en
Égypte, c'est la statue de la dame Takoushit de la collection Demetrio, que M. Maspero
a rangée un peu avant la XXVIe dynastie6. Les mamelons saillants que nous y
remarquons, — l'art égyptien les a accentués de tout temps ainsi que les tetons des
hommes, — ne manquaient point non plus chez la statue Barracco, comme on peut voir
même sur le moulage : ils ont été écornés. Comme exemples des basses époques je ne

une des femmes n'en a pas, tandis que toutes les autres analogues en ont : ce sera une erreur de publication
ou un lapsus de l'artiste égyptien.

1. Erman, JEgypten, p. 551-553; L., D., III, 100; Notice de Gizeh, n° 34. Au Musée de Berlin, dont le
catalogue indique les statues en granit peintes, j'ai pris des notes exactes : n" 2229, tête de la reine Hatsepsout,
h. 82 cm., malgré les restaurations il est certain que les yeux étaient blancs, la pupille noire, la coufiéh rayée
en bleu et jaune, il y a aussi du bleu sur la bande qui tient la barbe. Parmi les bronzes il y en a un certain
nombre qui ont des couronnes, des ornements en couleur, etc., incrustés; un bon exemple n° 8671, cf. aussi
Lepsius, Annali, 1837, p. 174. Pour les statues en granit, voir Cat. Marseille, n° 3 (XVIIIe dynastie) et 6; E. de
Rougé, Notice des Monuments, n° 104.

2. Maspero, Archéologie égyptienne, p. 210.

3. N° 9536.

4. Mon. d. Ist. II, 40.

5. A7° 14 du Musée Grégorien. Voici l'inscription du pilastre que j'ai copiée à Rome et confrontée avec une
copre de M. Wiedemann : jf ^ Jffc)^ ~S l^l^^X^W^H IIS lll

6. Gazette arch., III, pl. 33, 34.
 
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