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SUR UNE STATUE DE LA COLLECTION BARRACCO
Aussi les bouts du diadème tombent-ils dans la nuque. On trouve parmi les mon-
naies des Ptolémées maints exemples de cette coiffure que M. Furtwàngler a réunis1.
Presque tous varient un peu. C'est aussi le cas dans une série de bronzes qui sont assez
difficiles à dater sûrement et dont on trouve des exemplaires dans presque chaque grande
collection2. Cependant il existe une petite tête en marbre, qu'on est obligé de nommer
Isis, à cause delà fleur de lotus en bronze qu'elle porte sur le front, et qui a une coiffure
grecque, mais avec les mêmes boucles sur le front et sur l'oreille, un diadème dans les
cheveux, qui sont arrangés en deux couches au-dessus du front. Malheureusement, ni la
copie ni l'état de conservation ne sont bons3. Pourtant j'aimerais mieux attribuer cette
tête à la fin de l'art hellénistique qu'aux commencements de l'époque impériale. Nous
trouvons donc Isis représentée avec les boucles de la statue Barracco vers le commence-
ment de notre ère.
Mais l'analogie la plus frappante que je connaisse pour la statue Barracco, c'est une
terre cuite du musée de Berlin, citée déjà par M. Furtwàngler à l'occasion de la pierre
gravée4. C'est une femme nue, debout, les bras collés au corps. Une bande pend â tra-
vers la poitrine, des anneaux ornent les bras et la cheville droite, de longues boucles
tordues pendent sur les épaules et sur la poitrine ; vue de dos, on s'aperçoit que les cheveux
sont arrangés en étages, par devant les cheveux sont frisés en petites boucles. La tête
est parée d'une guirlande de lierre et de roses; elle porte un grand calathos peint comme
toute la figure. Cette terre cuite n'est nullement isolée : c'est un type d'Isis assez
vulgaire, qui se trouve parfois aussi employé pour Bast5; la coiffure varie. Pour fixer la
date de ces figurines il faut recourir à un exemplaire trouvé par Pétrie à Tanis6. D'après
les circonstances clans lesquelles elle a été trouvée, on ne la placera pas avant le premier
siècle de notre ère et pas beaucoup après l'empereur Hadrien. En tout cas, il me paraît
vraisemblable que toute cette classe de terres cuites appartient aux temps romains. On
aimerait bien savoir si les musées d'Alexandrie ou de Gizeh conservent des exemplaires
datés ; d'autre part, le style de ces figurines nous empêche de les fixer trop tard. Je
croirais volontiers que la plupart appartiennent au premier siècle de notre ère.
On a cru devoir attribuer ces figures au second et même au troisième siècle après
J.-C; je pense que cela s'est fait à cause des têtes de momies en plâtre, que M. Graf a
publiées en photographies. En effet ces têtes ressemblent beaucoup à nos terres cuites.
Nous y retrouvons même les différentes variantes de la coiffure aux boucles ; les nos 1027,
dont nous donnons ci-jointe une reproduction, et 110 se rapprochent peut-être le plus
1. L. c, p. 81 et suiv.
2. Par exemple, Berlin 7502, Isis-Fortuna, une Isis semblable a été publiée par L. Pignorius, Vetustissimœ
tabulée ceneœ, etc. Venise, 1605, t. 3. Cf. l'Isis en bronze du Louvre, Salle des bronses antiques, 512.
3. Arndt-Bruokmann, Einzeloerkauf. Rom, Kunsthandel 179,180. Voir aussi les monnaies avec la tête de
Libya ou d'Isis, Poole, Cat. of greek coins of tlie Ptolemies, pl. VI, 10; XVIII, 5, 7; XXI, 3; XXII, 6; et
surtout XXX, 7, tête de Cléopâtre. Les cbeveux sont arrangés en diverses couches, les boucles tombent dans la
nuque et sur le front. Toutes ces monnaies montrent le même diadème que la statue.
4. Berlin, 4357, v. pl. Il, fig. 1 et 2.
5. Berlin, 12424.
6. Flinders Pétrie, Tanis I, front, f. 11, p. 42. Cf. Pétrie, Photographs Turin, n" 445.
7. Nous devons le cliché à l'obligeance de la rédaction de YArchœologisclie Jahrbuch Ans., 1894, 179.
SUR UNE STATUE DE LA COLLECTION BARRACCO
Aussi les bouts du diadème tombent-ils dans la nuque. On trouve parmi les mon-
naies des Ptolémées maints exemples de cette coiffure que M. Furtwàngler a réunis1.
Presque tous varient un peu. C'est aussi le cas dans une série de bronzes qui sont assez
difficiles à dater sûrement et dont on trouve des exemplaires dans presque chaque grande
collection2. Cependant il existe une petite tête en marbre, qu'on est obligé de nommer
Isis, à cause delà fleur de lotus en bronze qu'elle porte sur le front, et qui a une coiffure
grecque, mais avec les mêmes boucles sur le front et sur l'oreille, un diadème dans les
cheveux, qui sont arrangés en deux couches au-dessus du front. Malheureusement, ni la
copie ni l'état de conservation ne sont bons3. Pourtant j'aimerais mieux attribuer cette
tête à la fin de l'art hellénistique qu'aux commencements de l'époque impériale. Nous
trouvons donc Isis représentée avec les boucles de la statue Barracco vers le commence-
ment de notre ère.
Mais l'analogie la plus frappante que je connaisse pour la statue Barracco, c'est une
terre cuite du musée de Berlin, citée déjà par M. Furtwàngler à l'occasion de la pierre
gravée4. C'est une femme nue, debout, les bras collés au corps. Une bande pend â tra-
vers la poitrine, des anneaux ornent les bras et la cheville droite, de longues boucles
tordues pendent sur les épaules et sur la poitrine ; vue de dos, on s'aperçoit que les cheveux
sont arrangés en étages, par devant les cheveux sont frisés en petites boucles. La tête
est parée d'une guirlande de lierre et de roses; elle porte un grand calathos peint comme
toute la figure. Cette terre cuite n'est nullement isolée : c'est un type d'Isis assez
vulgaire, qui se trouve parfois aussi employé pour Bast5; la coiffure varie. Pour fixer la
date de ces figurines il faut recourir à un exemplaire trouvé par Pétrie à Tanis6. D'après
les circonstances clans lesquelles elle a été trouvée, on ne la placera pas avant le premier
siècle de notre ère et pas beaucoup après l'empereur Hadrien. En tout cas, il me paraît
vraisemblable que toute cette classe de terres cuites appartient aux temps romains. On
aimerait bien savoir si les musées d'Alexandrie ou de Gizeh conservent des exemplaires
datés ; d'autre part, le style de ces figurines nous empêche de les fixer trop tard. Je
croirais volontiers que la plupart appartiennent au premier siècle de notre ère.
On a cru devoir attribuer ces figures au second et même au troisième siècle après
J.-C; je pense que cela s'est fait à cause des têtes de momies en plâtre, que M. Graf a
publiées en photographies. En effet ces têtes ressemblent beaucoup à nos terres cuites.
Nous y retrouvons même les différentes variantes de la coiffure aux boucles ; les nos 1027,
dont nous donnons ci-jointe une reproduction, et 110 se rapprochent peut-être le plus
1. L. c, p. 81 et suiv.
2. Par exemple, Berlin 7502, Isis-Fortuna, une Isis semblable a été publiée par L. Pignorius, Vetustissimœ
tabulée ceneœ, etc. Venise, 1605, t. 3. Cf. l'Isis en bronze du Louvre, Salle des bronses antiques, 512.
3. Arndt-Bruokmann, Einzeloerkauf. Rom, Kunsthandel 179,180. Voir aussi les monnaies avec la tête de
Libya ou d'Isis, Poole, Cat. of greek coins of tlie Ptolemies, pl. VI, 10; XVIII, 5, 7; XXI, 3; XXII, 6; et
surtout XXX, 7, tête de Cléopâtre. Les cbeveux sont arrangés en diverses couches, les boucles tombent dans la
nuque et sur le front. Toutes ces monnaies montrent le même diadème que la statue.
4. Berlin, 4357, v. pl. Il, fig. 1 et 2.
5. Berlin, 12424.
6. Flinders Pétrie, Tanis I, front, f. 11, p. 42. Cf. Pétrie, Photographs Turin, n" 445.
7. Nous devons le cliché à l'obligeance de la rédaction de YArchœologisclie Jahrbuch Ans., 1894, 179.