DOI Heft:
Nr. 2
DOI Artikel:Soulier, Gustave: L' exposition d'ethnographie italienne à l'Exposition Universelle: correspondance de Rome
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CORRESPONDANCE DE ROME
L’EXPOSITION D’ETHNOGRAPHIE ITALIENNE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE
A l’encontre de bien d’autres Expositions, la partie scientifique de l’Exposi-
tion de Rome, — c’est-à-dire celle dont les résultats sont le plus
durables, — a été fort heureusement et méthodiquement conçue et
réalisée. Ce n’est pas, d’ailleurs, qu’elle fût rébarbative et se séparât des
« attractions »; elle parlait aux yeux et était elle-même une récréation de l’esprit.
Le même plan a été suivi pour les divisions diverses, en sorte que l’Exposition
ethnographique de la Place d’Armes complétait l’Exposition archéologique des
Thermes1, suivant la même méthode de classement. D’autre part, l’Exposition
rétrospective du Château Saint-Ange permettait de rapprocher les exemples
d’un art plus savant.
En Italie bien plus qu’ailleurs, dans le mouvement des arts et de la civilisation
générale, la part de la tradition est capitale. C’est à son évolution lente et inin-
terrompue que nous ne cessons d’assister : rien ne s’y est produit par à-coups et
révolutions, comme en France. Si l’on veut donc grouper les faits qui serviront
à établir l’histoire de l’art, il faut adopter d’abord l’ordre topographique, puis
l’ordre iconographique, la production artistique se nourrissant éternellement du
même répertoire, interprétant sans cesse des motifs identiques. La collaboration
obscure de la race et de l’époque a une importance dominante dans l’éclosion
des œuvres italiennes, et l’apport individuel des artistes, même les plus grands,
ne vient qu’ensuite. Ces artistes, en effet, ne se proposent pas de créer, mais de
transmettre des habitudes d’inspiration et de formes, qu’ils modifient insensible-
ment.
La confrontation des œuvres plus conscientes avec les œuvres anonymes ou
les abondants ouvrages de souche populaire est donc extrêmement féconde, et
l’Exposition ethnographique et topographique de la Place d’Armes nous donnait
les moyens de l’opérer déjà largement. L’Exposition comprenait, en effet, essentiel-
lement un pavillon central, réunissant les diverses séries de productions popu-
laires, classées par régions, et les documents qui nous permettent d’étudier les
sources d’inspiration, l’état d’esprit, la culture et les mœurs du peuple, ses
L V. Gazette des Beaux-Arts, livraison précédente, p. 74.
CORRESPONDANCE DE ROME
L’EXPOSITION D’ETHNOGRAPHIE ITALIENNE A L’EXPOSITION UNIVERSELLE
A l’encontre de bien d’autres Expositions, la partie scientifique de l’Exposi-
tion de Rome, — c’est-à-dire celle dont les résultats sont le plus
durables, — a été fort heureusement et méthodiquement conçue et
réalisée. Ce n’est pas, d’ailleurs, qu’elle fût rébarbative et se séparât des
« attractions »; elle parlait aux yeux et était elle-même une récréation de l’esprit.
Le même plan a été suivi pour les divisions diverses, en sorte que l’Exposition
ethnographique de la Place d’Armes complétait l’Exposition archéologique des
Thermes1, suivant la même méthode de classement. D’autre part, l’Exposition
rétrospective du Château Saint-Ange permettait de rapprocher les exemples
d’un art plus savant.
En Italie bien plus qu’ailleurs, dans le mouvement des arts et de la civilisation
générale, la part de la tradition est capitale. C’est à son évolution lente et inin-
terrompue que nous ne cessons d’assister : rien ne s’y est produit par à-coups et
révolutions, comme en France. Si l’on veut donc grouper les faits qui serviront
à établir l’histoire de l’art, il faut adopter d’abord l’ordre topographique, puis
l’ordre iconographique, la production artistique se nourrissant éternellement du
même répertoire, interprétant sans cesse des motifs identiques. La collaboration
obscure de la race et de l’époque a une importance dominante dans l’éclosion
des œuvres italiennes, et l’apport individuel des artistes, même les plus grands,
ne vient qu’ensuite. Ces artistes, en effet, ne se proposent pas de créer, mais de
transmettre des habitudes d’inspiration et de formes, qu’ils modifient insensible-
ment.
La confrontation des œuvres plus conscientes avec les œuvres anonymes ou
les abondants ouvrages de souche populaire est donc extrêmement féconde, et
l’Exposition ethnographique et topographique de la Place d’Armes nous donnait
les moyens de l’opérer déjà largement. L’Exposition comprenait, en effet, essentiel-
lement un pavillon central, réunissant les diverses séries de productions popu-
laires, classées par régions, et les documents qui nous permettent d’étudier les
sources d’inspiration, l’état d’esprit, la culture et les mœurs du peuple, ses
L V. Gazette des Beaux-Arts, livraison précédente, p. 74.