Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 7.1912)

LES SALONS DE 1912

( P RE H 1ER ARTICLE)

Celui qui entreprend l’étude-
des Salons a parfois des vues
personnelles sur les destinées
de l’art, sur les dangers qui
menacent les artistes, sur les
directions qu’ils devraient abor-
der. En s’efforçant de faire pré-
valoir ses idées, il n’ignore pas
que des esprits aussi clair-
voyants, aussi convaincus, plus
autorisés que lui, n’ont pas
réussi à se faire entendre. Sans
renoncer à exprimer ses convic-
tions, il ne s’exagère pas, s’il est sage, l’efficacité de son geste. Il ar
sans doute, l’espoir d’agir sur les visiteurs des expositions, de peser
sur leurs admirations, de les diriger vers les œuvres qu’il aime; mais
il ne peut se dissimuler que les amateurs véritables n’admettent pas
volontiers qu’on les régente et que les moins éclairés sont aussi,
ordinairement, ceux qui se refusent le plus à être guidés. La joie,
enfin, de découvrir le mérite inconnu, de désigner au public le
débutant hésitant encore qui sera le maître de demain, cette joie est
rare et incertaine et elle s’accompagne de la crainte de laisser dans
l’ombre ou de passer sous un injuste silence ceux qui mériteraient
le plus les encouragements.

Le critique pourrait donc hésiter à accomplir une tâche en partie
vaine, mais il trouve, tout d’abord, sa récompense dans l’expression
même de sa pensée; il sait que son action, quelle qu’en soit la fai-
blesse, s’ajoute aux efforts accomplis avant lui ou autour de lui et

HOMME NU

CONDUISANT QUATRE CHEVAUX
DESSIN DE M. C I Z A L E T T I
POUR SON TABLEAU
(Société des Artistes indépendants.)

VII.

4e PÉRIODE.

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