Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 7.1912)

« ALLELUIA », ILLUSTRATION DE AV. BLAKE POUR « MILTON »

WILLIAM BLAKE

(1757-1827)

L’art mystique florissait autrefois à l’abri du cloître. Des âmes
pieuses figuraient benoîtement les visions envoyées par le
Très-Haut. Et c’étaient blanches Annonciations, Madones
diaphanes et parées. Crucifixions sublimes où le saint sang coulait
comme une liqueur merveilleuse. Aux parois des cellules et dans les
antiphonaires se lisait la foi naïve des cœurs simples. Puis, les lys
symboliques ornèrent les manuels de piété, et sur cet art épuisé on
jeta un suaire décent. La mode était alors de dresser des apothéoses
à l’homme glorieux et souverain. Cependant, un prophète parais-
sait dans une ville du Nord, et méditait de rendre aux choses du
Ciel un prestige convenable. Ses yeux étaient blessés de voir la
raison et la matière déifiées; il les signala pour funestes et dange-
reuses. Mais l’orgueil dictait ses actes, et l’inquiétude était en lui.
Sa voix ne fut point écoutée. Ce prophète s’appelait William Blake ;
il se disait aussi prince de l’Esprit. Les mystères divins dont il avait
connaissance étaient inédits. Pour les faire entendre au monde,

VII.

4e PÉRIODE.

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