Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (4. Pér. 7.1912)

CORRESPONDANCE DE VIENNE

Pour les questions d’art et de goût
on a presque le droit de ne pas être à
Paris an courant de ce qui se passe à
l’étranger. N’est-ce pas la France qui,
depuis près d’un siècle et demi, occupe
la première place dans la peinture, la
sculpture? Non seulement elle a fourni
le ton et la direction au monde, mais elle
lui a encore donné les personnalités les
plus considérables qui se soient signa-
lées, durant cette période, dans le double
domaine que nous venons de mentionner.
Depuis Watteau et les autres grands
maîtres du xvine siècle jusqu’à nos jours,
en dépit de tous les mouvements soi-
disant anarchiques, en dépit de toutes
les révolutions d’art, la tradition du
métier ne s’est jamais trouvée inter-
rompue en France. Ce qui le démontre
clairement, c’est que les représentants les
plus audacieux et les plus extravagants
de la nouvelle école française eux-
mêmes font encore preuve d’autorité
et de culture quand on les compare à
leurs imitateurs de l’étranger.

Mais, si l’on doit, sans conteste,
reconnaître la longue suprématie de la
France, il n’en reste pas moins que, sur un terrain où chaque individualité doit
être appréciée en lui-même — et n’est-ce pas surtout le cas en matière d’art?
— on ne saurait se borner à des appréciations, à des discussions d’ordre général.
C’est qu’en effet l’individualité reste l’individualité; la comparaison entre des

BUSTE EN MARBRE DE E IMPERATRICE
ÉLISABETH D’AUTRICHE
PAR M m c T \Y A R D O W S K A - C O N R A T