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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4. Pér. 7.1912

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Nr.1
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Castagnary, Jules-Antoine: Fragments d'un livre sur Courbet, 3
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https://doi.org/10.11588/diglit.24884#0025

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FRAGMENTS D’UN LIVRE SUR COURBET

(troisième article1)

:s paysannes de Courbet soulevèrent la
même répulsion que ses paysans. Per-
sonne ne voulut voir le charme poé-
tique des Cribleuses \ on taxa la Fileuse

de

Marguerite d’auberge ». Les Bai-

gneuses surtout surexcitèrent les cer-
velles et firent marcher les plumes.
On était accoutumé aux nymphes
mythologiques, aux personnages de
convention; voir tout à coup, sur
l'herbe drue, une matrone robuste,
cela fit pousser les hauts cris. On accusa l’artiste de rechercher la
trivialité par goût. Seulement, comme la terreur du socialisme était
passée, qu’on n’entrevoyait plus de spectre rouge à l’horizon, qu’en
résumé les pastorales du peintre étaient fort inoffensives, on eut
quelque égard pour sa folie, et on remplaça l’injure par le rire.

Un seul homme en ces temps orageux, M. Alfred Bruvas, riche
armateur de Montpellier, osa tendre une main protectrice au peintre
universellement hué. Il revenait de Rome où il avait commencé des
études comparatives sur la peinture. Traversant l’exposition de
1853, il s’arrêta frappé devant le tableau des Baigneuses : « Voici
l’art libre, s’écria-t-il, cette toile m’appartient. » Non seulement il
acheta les Baigneuses, la Fileuse endormie, T Homme à la pipe, mais
il signa avec l’artiste un pacte d’amitié, honorable également pour
les deux parties, que Courbet a symbolisé à Montpellier même dans
le charmant tableau de la Rencontre, exécuté d’une main si spiri-
tuelle et si fi ère.

1. V. Gazette des Beaux-Arts, 1911, t. I, p. 5 ett. Il, p. 488.
 
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