N° 1. — 1909.
BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)
2 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LI SAMEDI MATIN
Les abonnis à la Gazette des Peaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l’abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Gise. ... 10 fr. Etranger (Etats faisant partie de
Départements. 12 fr. l’Union postale). 15 fr.
T_io Numéro : O fr. 2 B
PROPOS DU JOUR
a Gazelle des Beaux-Arts vient d’ac-
complir sa cinquantième année.
Ce demi-siècle a été riche en évé-
_ nements et en polémiques inté-
ressant les arts, et au moment où il vient de
s’achever le lecteur nous permettra de jeter
un rapide coup d’œil sur ce passé. Des écrits
que les circonstances et les œuvres font
naître chaque année, chaque jour même, bien
peu survivraient, sons doute, s’ils étaient
livrés séparément à l’avenir. Mais leur en-
semble demeure quand il esta la fois, par sa
suite et son renouvellement, le reflet même de
la vie. Suivant l’exemple de ces grandes re-
vues de littérature qui trouvent dans chaque
■génération des continuateurs et qui semblent
par leur existence traditionnelle emprunter
•quelque chose de la stabilité des institutions,
la Gazette a essayé d’être, elle aussi, un recueil
où se trouve inscrite l’histoire des arts.
Les cinquante années qu’elle vient de par-
courir ont donné lieu à d’importantes études.
L’archéologie en Orient, en Grèce, en Afrique,
a fait des trouvailles qui ont enrichi et pré-
cisé notre connaissance de l’architecture et
de la sculpture antiques. En France une école
nouvelle de peinture s’est développée parmi
les scandales et les polémiques, jusqu’au jour
où elle a pris sa place dans la série, toujours
en transformation, des inventions artistiques.
Les arts d ornementation longtemps assoupis
se sont réveillés; des écoles se sont fondées:
des musées se sont ouverts. Enfin, trois expo-
sitions Universelles ont permis des études
d’ensemble, des comparaisons non seulement
entre des œuvres françaises rarement rap-
prochées, mais entre des ouvrages de toutes
les nations civilisées. Et si l’on observe que
ce n’est là, tracé à grands traits, qu’un tableau
tout à fait sommaire, on se rendra compte
des vastes sujets qui ont depuis cinquante
ans sollicité les historiens.
Maison oublierait quelque chose d’essentiel,
si l’on ne disait aussi que ce demi-siècle a vu
précisément la constitution de cette science
spéciale qui est l’histoire de l’art. Les écri-
vains ont apporté dans leurs recherches des
soucis nouveaux de rigueur et de méthode ;
ils ont eu recours à un appareil technique
permettant la minutie des recherches et assu-
rant la sûreté des conclusions. A ces ten-
dances, nous devons des catalogues, des réper-
toires comparés, des contributions de toutes
sortes qui forment une ample documentation.
Ces méthodes, employées avec mesure, n’ont
pas, heureusement, détourné les historiens
d’avoir du goût ; elles n’ont pas fait de l’his-
toire une fausse science où, à force desavoir,
on oublierait de comprendre et de sentir. Elles
ont, au contraire, aidé à mieux connaître les
œuvres et les artistes et, par suite, rendu
possible un plaisir plus subtil et plus pro-
fond. Elles ouvrent enfin, à l’époque où nous
sommes et. où la Gazelle commence un autre
demi-siècle, un nouveau champ d’expériences
et permettent aux chercheurs des générations
nouvelles de grands espoirs.
NOUVELLES
*** Le ministre de la Marine a fait remettre
ces jours derniers au musée du Louvre la
collection des sculptures de Puget, qui re-
viennent de Londres, où elles ont obtenu, à
l’exposition franco-britannique, un vif suc-
cès. Ce sont d’anciennes pièces décoratives
des proues et des poupes des « galères du
roi » que Pierre Puget avait exécutées pour
la flotte de Louis XIV, réorganisée par Col-
BUREAUX : 106, BOULEVARD SAINT-GERMAIN (6e)
2 Janvier.
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
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PROPOS DU JOUR
a Gazelle des Beaux-Arts vient d’ac-
complir sa cinquantième année.
Ce demi-siècle a été riche en évé-
_ nements et en polémiques inté-
ressant les arts, et au moment où il vient de
s’achever le lecteur nous permettra de jeter
un rapide coup d’œil sur ce passé. Des écrits
que les circonstances et les œuvres font
naître chaque année, chaque jour même, bien
peu survivraient, sons doute, s’ils étaient
livrés séparément à l’avenir. Mais leur en-
semble demeure quand il esta la fois, par sa
suite et son renouvellement, le reflet même de
la vie. Suivant l’exemple de ces grandes re-
vues de littérature qui trouvent dans chaque
■génération des continuateurs et qui semblent
par leur existence traditionnelle emprunter
•quelque chose de la stabilité des institutions,
la Gazette a essayé d’être, elle aussi, un recueil
où se trouve inscrite l’histoire des arts.
Les cinquante années qu’elle vient de par-
courir ont donné lieu à d’importantes études.
L’archéologie en Orient, en Grèce, en Afrique,
a fait des trouvailles qui ont enrichi et pré-
cisé notre connaissance de l’architecture et
de la sculpture antiques. En France une école
nouvelle de peinture s’est développée parmi
les scandales et les polémiques, jusqu’au jour
où elle a pris sa place dans la série, toujours
en transformation, des inventions artistiques.
Les arts d ornementation longtemps assoupis
se sont réveillés; des écoles se sont fondées:
des musées se sont ouverts. Enfin, trois expo-
sitions Universelles ont permis des études
d’ensemble, des comparaisons non seulement
entre des œuvres françaises rarement rap-
prochées, mais entre des ouvrages de toutes
les nations civilisées. Et si l’on observe que
ce n’est là, tracé à grands traits, qu’un tableau
tout à fait sommaire, on se rendra compte
des vastes sujets qui ont depuis cinquante
ans sollicité les historiens.
Maison oublierait quelque chose d’essentiel,
si l’on ne disait aussi que ce demi-siècle a vu
précisément la constitution de cette science
spéciale qui est l’histoire de l’art. Les écri-
vains ont apporté dans leurs recherches des
soucis nouveaux de rigueur et de méthode ;
ils ont eu recours à un appareil technique
permettant la minutie des recherches et assu-
rant la sûreté des conclusions. A ces ten-
dances, nous devons des catalogues, des réper-
toires comparés, des contributions de toutes
sortes qui forment une ample documentation.
Ces méthodes, employées avec mesure, n’ont
pas, heureusement, détourné les historiens
d’avoir du goût ; elles n’ont pas fait de l’his-
toire une fausse science où, à force desavoir,
on oublierait de comprendre et de sentir. Elles
ont, au contraire, aidé à mieux connaître les
œuvres et les artistes et, par suite, rendu
possible un plaisir plus subtil et plus pro-
fond. Elles ouvrent enfin, à l’époque où nous
sommes et. où la Gazelle commence un autre
demi-siècle, un nouveau champ d’expériences
et permettent aux chercheurs des générations
nouvelles de grands espoirs.
NOUVELLES
*** Le ministre de la Marine a fait remettre
ces jours derniers au musée du Louvre la
collection des sculptures de Puget, qui re-
viennent de Londres, où elles ont obtenu, à
l’exposition franco-britannique, un vif suc-
cès. Ce sont d’anciennes pièces décoratives
des proues et des poupes des « galères du
roi » que Pierre Puget avait exécutées pour
la flotte de Louis XIV, réorganisée par Col-