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La chronique des arts et de la curiosité — 1909

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Nr. 16 (17 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19766#0136
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12G

LA CHRONIQUE DES ARTS

*** Le musée de Dijon vient de recevoir
de MM. Joliet deux œuvres remarquables.
L’une, don de M. Gaston Joliet, est une pein-
ture sur bois, de l’école espagnole du xve siè-
cle, représentant saint Cosme et saint Da-
mien.

Le don de M. Albert Joliet, conservateur
du musée de Dijon, consiste dans une Pielct,
récemment découverte à Dijon dans la cour
d’une maison de la rue de la Préfecture, ma-
gnifique morceau de sculpture de l’école
bourguignonne du xvie siècle, plein de finesse
et d’élégance.

Le Vernissage du Salon
de la Société Nationale des Beaux-Arts

La faite des années et la formation incessante
de groupements nouveaux a dépouillé le Salon de
la Société Nationale des Beaux-Arts de ses carac-
tères originels et distinctifs. Il a perdu le sens des
libertés pour la défense desquelles il s’était insti-
tué. Sa physionomie elle-même s’est modifiée avec
le temps. Non pas que l’on y ait renoncé au prin-
cipe libéral des expositions particulières: cette fois
le regret exalte le souvenir cïu maître artisan et ima-
gier que fut Alexandre Charpentier ; un ensemble
de dessins enseigne comment, chez Dagnan-Bouve-
ret, le rêve mélancolique d’Iiébert pare de ten-
dresse la sincérité savante d’un émule de Bastien-
Lepage ; on apprend par quoi le génie d’un Wal-
ter Crâne mérite de pré valoir, comment encoreun ar-
chitecte philosophe, M.François Garas,a conçul’am-
bition « d’unir le songe des grandes choses à la
paix d’une vie obscure ». Ceci dit, à la différence
d’autrefois, dans ce Salon devenu tout aussi officiel
que l’autre, les vastes « machines» abondent. Nous
sommes loin des esquisses d’atelier et des mor-
ceaux d’amateurs si vivement incriminés naguère.
Ce ne sont que peintures de proportions monumen-
tales qu’attendent, avec une impatience inégale,
j’imagine, des édifices parisiens, suburbains, pro-
vinciaux; elles sont signées de noms prévus, im-
prévus et divers: il y en a de M. Bixens, de Mu
Rossct-Granger, de M. Bertaux, de M. Dubufe et
de sa fille Mme Dubufe-Wehrlé. M. Boutet de Mon-
vel montre les maquettes composées en l'honneur
de Jeanne d’Arc pour la basilique de Domrémy ;
à M. François Thévenot est échue la commande
du plafond de la préfecture de Limoges ; un pre-
mier panneau doM. A. Besnard, La Plastique, offre
l’avant-goût de sa décoration pour la coupole du
Petit-Palais; la Faculté de Droit s’honorera de prê-
ter asile aux trois diptyques de René Ménard :
L'Age d'cr, Le Rêve antique, et La Vie pastorale •
M. Auburtin aüégorise, en style chavannesque, l’es-
sor de la pensée radieuse. L’inspiration se déride
avec M. Aman Jean, peintre verlainien de l’attitude
lasse et des grâces du nonchaloir ; le badinage de
M. La Touche ricane non sans subtilité perverse ;
en ce qui le concerne, la conduite à bonne tin d’une
entreprise n’est jamais pour inquiéter; le problème
consiste dans la juste appropriation du but aux
moyens ; orner les murs d’un foyer de théâtre,
d’un lieu de fête ou de plaisir, voilà bien la tâche
à laquelle il sied de le convier. Le malheur est la

fréquence du conflit entre les aptitudes foncières et
l’emploi qui en est proposé ; tel a voulu cotvrir
une paroi qui s’est dépensé à mauvais escient;
tels’estrestreintà des tableaux que vous voyez, à son
insu, faire œuvre utile de décorateur ; c’est le cas
de M. Lagarde, de M. Rupert Bunny, de M. Pierre
Bracquemond ; tantôt le malentendu persis'e ; d’au-
tres fois il suffit d’un heureux hasard pour rame-
ner le talent à l’observation de sa loi naturelle :
ainsi M. Muenier s’est reconquis {La Mouche) et
certaine esquisse de M. Gervex {Le Couronnement
du tsar), suggère l’illusion qu’il pourra quelque
jour renouer avec son passi et avec ce tableau
des Communiantes à la Trinité où s’avérait, chez
le disciple de Manet, une intelligence des ensei-
gnements de son maître raisonnée et lucide.
Pour M. Roll, grandi à la même école, le succès
est plus net, plus décidé : de longtemps il n’avait
célébré d’un pinceau aussi souple l’allégresse de
la chair radieuse sous le soleil limpide, ni juxta-
posé avec un tel bonheur la nacre des épidermes,
le poudroiement de l’onde et l’éclat rutilant de la
flore empourprée.

M. Roll est-il seul à s’être dépassé de la sorte ?
Non point. On reconnaît chez M. Lebourg, chez
M. Lepère et M.Guiguet le signe d’exigences envers
soi-même, toujours en éveil, qui les entraînent de
vive forcé à aller de l’avant. La crainte d’une for-
mule qui marque un terme à l’effort trouble
et limite notre plaisir à la rencontre de tel artiste
aimé, peut-être trop récemment applaudi à la So-
ciété Nouvelle : M. Lucien Simon, M. Dauchez,
M. Prinet, M. Claus, M. Ultmann ]oar exemple. Nous
voulons que la sensibilité se renouvelle avec les
spectacles dont elle immobilise la fugitive vision ;
à cet égard, la contribution de M. Le Sidaner
est eapitale, exemplaire; M. Charles Cottet,
qui se révèle peintre de nu, semble du même
coup passé maître dans la pratique de l’eau-forte ;.
et l’on goûtera, dans le panneau qui assemble les
ouvrages de Henri et de Marie Duhem, l’unité
harmonieuse qui naît d’une dévotion à la Flandre
natale également attendrie et fervente.

Au demeurant, ce Salon, fermé à l’inconnu, où le
plaisir de la découverte se trouve interdit, ne
saurait procurer que des joies avares, toutes en
nuances. Si les destins y furent propices à tel
artiste d’Amérique (M. Frieseke, M. Morrice,
M. Barlow), à tel peintre de mœurs (M. Jeanniot,
M. Ilochard, M. Martel, M. Jean Veber) ou à tel
portraitiste (M. Cappiello, M. Garo-Delvaille), nous
ne leur devrons que l’exaltation d’une sympathie
déjà ancienne. Les novateurs sont traités ici un peu
à la façon de parias dont on rougit et que l’on
cache ; vous reconnaîtrez bien çà et là MlloBoznanska
et Mme Bermond, M. Charles Guérin et M. Lebas-
que, M. Frelaut et M. Francis Jourdain ; mais ils
sont gens de petite importance égarés parmi cette
nouvelle « école des snobs » qui s’offre à la satire
d’un Forain. Deux exemples préciseront à souhait
l’état prédominant des esprits : rien de plus discord
que l’entour donné au Magnificat de M. Maurice-
Denis, œuvre précieuse à raison des acquisitions
d’ordre technique dont elle porte témoignage et qui
conquiert par la répartition de la lumière,, par le jeu
du clair-obscur, par la qualité de la matière, par
l’harmonie grave des tons riches et profonds;,
d’autre part, c’est en dehors des salles, dans une
pénombre défavorable et ignominieuse qu’ont été
relégués, en dépit de la raison, les envois de
 
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