ET DE LA CURIOSITÉ
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délicat et lia ; il aime les bleus, les gris, les blancs, •
et ses tableaux ont la légèreté du ciel de nos cli-
mats. Roslin n’a pas moins de mesure et de sa-
voir. Boucher est minutieux jusqu’à la séche-
resse. Greuze est fade; Fragonard pressé. Mais
les David sont volontaires comme des Moroni, et
la robe dorée dont le ptintre a vêtu Mme de Mon-
giraud illumine la salle entière. Enfin, voici le
sensible Prud’hon, si gourmand et si triste, qui
fait rêver la fragile Mmo Sligo.
Et c’est devant ce Prud’hon qu’on songe enfin
qu’une exp isition de portraits du xixe siècle serait
bientôt souhaitable, et qu’il serait temps peut-être
de remplacer l'annuelle exposition du xvme siècle
par une autre réunion, où il y aurait moins de
grâce, mais plus d’inquiétude, et dont Delacroix
et Ricard, Ingres et Chassériau seraient les émou-
vants introducteurs.
*
* *
M. Luce, à la galerie Bernheim a réuni ses der-
niers travaux. M. Luce aime d’un amour heureux
les couleurs claires et gaies; aussi nous semble-t-il
mieux servi par les rivières françaises que par les
ports hollandais, dont - un Baertsoen nous mon-
trera mieux que lui la brumeuse tristesse. M. Luce
goûte les lumières franches et le mystère ne le
sollicite pas. Où il triomphe, c’est dans les fami-
lières natures mortes : un bouquet trempé de so-
leil, et fait de fleurs qui ne sont point rares : giro-
flées et narcisses, anémones, mimosas.
*
* *
Les peintures de M. Kayser ont de la gaucherie,
mais ses dessins au bistre et à la sépia sont délicats,
fidèles et précieux. On songe, devant ces char-
mantes esquisses, à Saint-Aubin, à Hubert Robert,
à Fiagonard. Carnavalet devrait recueillir dès
maintenant la série de dessins qui décrit l'aucun
Hôtel-Dieu. Ces œuvres, sans aucun doule. seront
plus tard extrêmement jecherchées par les collec-
tionneurs. Elles sont d’un artiste pénétrant et
avec lequel, selon l’expression heureuse de M. Ro-
ger Marx, « la vérité historique prend des allures,
de confidence ».
A la galerie Devambez, M. Pcské expose des
fleurs et des paysages aux colorations violentes
dont l’effet décoratif est un peu brutal, mais per-
sonnel et amusant.
❖
* *
L’exposition des « Humoristes » n’est pas plus
mêlée que le Salon des Artistes français, et l’on y
trouve, parmi de basses et sottes images, les petits-
fils de Cochin, de Gavarni et de Juhannot. Il y a
là quelques artistes fins, délie its ou saugrenus,
dont les oeuvres seront précieusement recherchées
lorsqu’on ne pensera plus depuis longtemps aux
auteurs des « grandes machines » auxqmlles,
chaque année, on décerne une médaille d’honneur.
Les dessins de Caran d’Ache ont une beauté hé-
roïque et directe qui émeut souvent; M. Roubille
est aussi adroit que les Japonais; M. Garlèglea de
la grâce naïve et il dessine de la plus malicieuse
façon; M. Drésa est un poète et il fait qu’on ne
regrette plus la mort de Conder; M. Grandjouan
a Racé de l’inoubliable Isadora Duncan des visions
justes et vivantes; M. uapi iello est un harmoniste
^éclatant; MM. Poulhot, Willette, Louis Morin,
Florès, Delavv, sont tous ingénieux ou charmants.
Au premier étage, intéressante rétrospective, qui
va d’Isabey à Sem, et qui est l’histoire, au xixe siè-
cle, du portrait-charge.
*
* *
M. Gecil Aldin est un humoriste qui expose
seul. On connaît les albums de l’amusant dessina-
teur anglais, admirateur, sans doute, de Caldecoü.
Ses scènes de chasse se passent dans des paysages
souvent indiqués de façon délicieuse, et ses chiens
sont justement célèbres.
* *
M. Nadelman est peut être aussi un humoriste.
Ses singulières études à la plume semblent l’œuvre
d’un professeur d’écriture élève de Primatice. —
Les fleurs de MUs Louise Abbéma sont accompa-
gnées, chez Georges Petit, de portraits et de dé-
corations.
Jean-Louis Vaudoyer.
Académie des Beaux-Arts
Séance du Ier mai
Candidatures. — Sur la proposition de la sec-
tion d’architecture, l’Académie a classé comme
suit les candidats au fauteuil de membre titulaire
de cette section vacant par suite du décès de
M. Alfred Normand : en première ligne, M. Laloux ;
en seconde ligne, M. Deglane; en troisième ligne,
M. Paulin; en quatrième ligne, M. Marcel Lam-
bert.
Legs. — L’Académie a ensuite accepté provisoi-
rement le legs que MUa de Badolia a fait à sa
section d’architecture d’une somme de 100.000
francs, dont le revenu devra être attribué aux
jeunes architectes qui, ayant concouru une ou
plusieurs fois pour le grand prix de Rome, n’au-
ront obtenu que le second prix et se trouveront
hors d’état de concourir de nouveau par suite de la
limite d’âge.
Concours de Rome. — Ont été admis à monter
en loge pour prendre part au concours définitif du
grand prix de Rome de sculpture: M. Lejeune,
élevé de MM. Thomas et Injalhert ; Mlla Rozet,
élève de M. Marqueste ; MM. Ronsard, élève de
MM. Thomas et Iujalbert ; Bitter, élève de M.
Goutan ; Bennetcau, élève de M. Mercié ; Sarra-
bezolles, élève de M. Mercié; Raybaud, élève de
MM. Thomas et Injalbert ; Moulin, élève de M.
Mercié; M1’8 Heuvelmans, élève de MM. Marqueste
et Hannaux ; M. Menant, élève de MM. Barrias,
Goutan et Gonvers.
Académie des Inscriptions
Séance du 30 avril
Dcccs. — Le président fait part à l’Académie de
la mort d’un de ses correspondants, M. Wbitley
Slokes, de Londres, et lit une notice très docu-
mentée sur la vie et les travaux de ce savant cel-
{isant.
Prix. — L’Académie décerne sur le prix Bodm,
destiné à récompenser les meilleurs travaux sur
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délicat et lia ; il aime les bleus, les gris, les blancs, •
et ses tableaux ont la légèreté du ciel de nos cli-
mats. Roslin n’a pas moins de mesure et de sa-
voir. Boucher est minutieux jusqu’à la séche-
resse. Greuze est fade; Fragonard pressé. Mais
les David sont volontaires comme des Moroni, et
la robe dorée dont le ptintre a vêtu Mme de Mon-
giraud illumine la salle entière. Enfin, voici le
sensible Prud’hon, si gourmand et si triste, qui
fait rêver la fragile Mmo Sligo.
Et c’est devant ce Prud’hon qu’on songe enfin
qu’une exp isition de portraits du xixe siècle serait
bientôt souhaitable, et qu’il serait temps peut-être
de remplacer l'annuelle exposition du xvme siècle
par une autre réunion, où il y aurait moins de
grâce, mais plus d’inquiétude, et dont Delacroix
et Ricard, Ingres et Chassériau seraient les émou-
vants introducteurs.
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M. Luce, à la galerie Bernheim a réuni ses der-
niers travaux. M. Luce aime d’un amour heureux
les couleurs claires et gaies; aussi nous semble-t-il
mieux servi par les rivières françaises que par les
ports hollandais, dont - un Baertsoen nous mon-
trera mieux que lui la brumeuse tristesse. M. Luce
goûte les lumières franches et le mystère ne le
sollicite pas. Où il triomphe, c’est dans les fami-
lières natures mortes : un bouquet trempé de so-
leil, et fait de fleurs qui ne sont point rares : giro-
flées et narcisses, anémones, mimosas.
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Les peintures de M. Kayser ont de la gaucherie,
mais ses dessins au bistre et à la sépia sont délicats,
fidèles et précieux. On songe, devant ces char-
mantes esquisses, à Saint-Aubin, à Hubert Robert,
à Fiagonard. Carnavalet devrait recueillir dès
maintenant la série de dessins qui décrit l'aucun
Hôtel-Dieu. Ces œuvres, sans aucun doule. seront
plus tard extrêmement jecherchées par les collec-
tionneurs. Elles sont d’un artiste pénétrant et
avec lequel, selon l’expression heureuse de M. Ro-
ger Marx, « la vérité historique prend des allures,
de confidence ».
A la galerie Devambez, M. Pcské expose des
fleurs et des paysages aux colorations violentes
dont l’effet décoratif est un peu brutal, mais per-
sonnel et amusant.
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L’exposition des « Humoristes » n’est pas plus
mêlée que le Salon des Artistes français, et l’on y
trouve, parmi de basses et sottes images, les petits-
fils de Cochin, de Gavarni et de Juhannot. Il y a
là quelques artistes fins, délie its ou saugrenus,
dont les oeuvres seront précieusement recherchées
lorsqu’on ne pensera plus depuis longtemps aux
auteurs des « grandes machines » auxqmlles,
chaque année, on décerne une médaille d’honneur.
Les dessins de Caran d’Ache ont une beauté hé-
roïque et directe qui émeut souvent; M. Roubille
est aussi adroit que les Japonais; M. Garlèglea de
la grâce naïve et il dessine de la plus malicieuse
façon; M. Drésa est un poète et il fait qu’on ne
regrette plus la mort de Conder; M. Grandjouan
a Racé de l’inoubliable Isadora Duncan des visions
justes et vivantes; M. uapi iello est un harmoniste
^éclatant; MM. Poulhot, Willette, Louis Morin,
Florès, Delavv, sont tous ingénieux ou charmants.
Au premier étage, intéressante rétrospective, qui
va d’Isabey à Sem, et qui est l’histoire, au xixe siè-
cle, du portrait-charge.
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M. Gecil Aldin est un humoriste qui expose
seul. On connaît les albums de l’amusant dessina-
teur anglais, admirateur, sans doute, de Caldecoü.
Ses scènes de chasse se passent dans des paysages
souvent indiqués de façon délicieuse, et ses chiens
sont justement célèbres.
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M. Nadelman est peut être aussi un humoriste.
Ses singulières études à la plume semblent l’œuvre
d’un professeur d’écriture élève de Primatice. —
Les fleurs de MUs Louise Abbéma sont accompa-
gnées, chez Georges Petit, de portraits et de dé-
corations.
Jean-Louis Vaudoyer.
Académie des Beaux-Arts
Séance du Ier mai
Candidatures. — Sur la proposition de la sec-
tion d’architecture, l’Académie a classé comme
suit les candidats au fauteuil de membre titulaire
de cette section vacant par suite du décès de
M. Alfred Normand : en première ligne, M. Laloux ;
en seconde ligne, M. Deglane; en troisième ligne,
M. Paulin; en quatrième ligne, M. Marcel Lam-
bert.
Legs. — L’Académie a ensuite accepté provisoi-
rement le legs que MUa de Badolia a fait à sa
section d’architecture d’une somme de 100.000
francs, dont le revenu devra être attribué aux
jeunes architectes qui, ayant concouru une ou
plusieurs fois pour le grand prix de Rome, n’au-
ront obtenu que le second prix et se trouveront
hors d’état de concourir de nouveau par suite de la
limite d’âge.
Concours de Rome. — Ont été admis à monter
en loge pour prendre part au concours définitif du
grand prix de Rome de sculpture: M. Lejeune,
élevé de MM. Thomas et Injalhert ; Mlla Rozet,
élève de M. Marqueste ; MM. Ronsard, élève de
MM. Thomas et Iujalbert ; Bitter, élève de M.
Goutan ; Bennetcau, élève de M. Mercié ; Sarra-
bezolles, élève de M. Mercié; Raybaud, élève de
MM. Thomas et Injalbert ; Moulin, élève de M.
Mercié; M1’8 Heuvelmans, élève de MM. Marqueste
et Hannaux ; M. Menant, élève de MM. Barrias,
Goutan et Gonvers.
Académie des Inscriptions
Séance du 30 avril
Dcccs. — Le président fait part à l’Académie de
la mort d’un de ses correspondants, M. Wbitley
Slokes, de Londres, et lit une notice très docu-
mentée sur la vie et les travaux de ce savant cel-
{isant.
Prix. — L’Académie décerne sur le prix Bodm,
destiné à récompenser les meilleurs travaux sur