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La chronique des arts et de la curiosité — 1909

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Nr. 34 (6 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19766#0283
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ET DE LA CURIOSITÉ

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à la taille de microscopiques insectes. Notons
aussi l’uniformité du lait de chaux dont sont en-
duits les murs. Certes, nous le préférons au mar-
bre clinquant employé dans les escaliers, mais
c’est un fond bien ingrat pour les objets d'art que
ce blanc éclatant, surtout quand on les enferme
dans des vitrines à montants de bois noir;
sans doute un peu de bleu pâle ou de vert
pâle en atténue de-ci de-là la crudité; toutefois
ces notes assourdies sont rares, et il nous semble
que cette monotone et éblouissante blancheur nuit
beaucoup à l’harmonie de l’effet général et de la
mise en valeur des ouvrages exposés.

L'installation des collections est la part de la
direction du musée et sir Cecil Smith, le nouveau
directeur général, ainsi que les directeui’S des neuf
départements divers y ont donné tous leurs soins.
L’œuvre qu’ils ont entreprise n’est pas terminée
encore et l’on compte que deux ou trois ans seront
nécessaires pour la parachever ; mais dès main-
tenant, grâce à eux, la richesse du musée appa-
raît pleinement et l’on demeure émerveillé, non
seulement de la quantité d’œuvres accumulées en
cinquante ans, mais surtout de la qualité de ces
œuvres et du goût et de l’intelligence qui ont pré-
sidé à leur acquisition. Certaines des salles au-
jourd’hui terminées, celles des sculptures italiennes,
■celle du mobi'ier gothique, celles des tapisseries et
•des tapis orientaux, sont trèsheureumentaménagées
■et, si l’on tient compte des difficultés particulières
que suscitent la blancheur des murs et la lour-
deur des vitrines traditionnnelles, leur installation
dénote chez ceux qui l’ont dirigée un juste sen-
timent des nécessités d’un musée moderne.

Toutefois, en Angleterre même, des critiques se
sont fait entendre. Dans un établissement aussi
important, rien ne p ruvait être laissé au hasard
et un plan d’ensemble était indispensable pour la
classification du musée ; la classification adoptée
a été la traditionnelle classification par matières.
Depuis quelques années, les musées européens y
avaient renoncé ; notre musée parisien des Arts
décoratifs, celui de Munich, et le Kaiser Friedrich
Muséum de Berlin ont cherché à grouper les objets
par époques ; ils ont estimé que l’intelligence d’un
moment historique devait être donnée aux visiteurs
et que les œuvres d’art nées ensemble gagnaient
singulièrement à être rapprochées les unes des
autres; qu’une atmosphère pouvait ainsi être créée,
et que des salles où la vie d’autrefois était discrè-
tement reconstituée perdaient leur aspect de « sé-
pulcres de l’art » et prenaient un air de réalité
bien fait pour intéresser l'esprit et charmer l’œil.
Au South Kensington, on n’a pas cru pouvoir
admettre ces nouveautés : un ordre strictement
logique a été suivi, et tous les ouvrages de même
matière ont été réunis dans les mêmes salles.
Beaucoup d'Anglais, et non des moindres, ont es-
timé que cette logique impitoyable donnait au
musée une singulière froideur, qu’on éprouvait
quelque ennui dans ces longues galeries où les
tissus succèdent aux tissus, les céramiques aux
céramiques, le tout mis bout à bout chronologi-
quement; que cet excès de raison amenait parfois
des bizarreries, comme la division entre de< locaux
différents de la sculpture en bois et de la sculpture
en pierre d’une même époque, et nous reconnaissons
nous-même n’avoir pas retrouvé certaines de nos
fortes impressions d'autrefois : quel enseignement
se dégageait des incomparables collections orien-

tales du musée quand toutes les séries s’en trou
vaient réunies dans l’Indian Muséum, et qu’on a
peine à reconstituer cet art si varié et si un à la
fois, aujourd’hui qu’il en faut chercher les lambeaux
épars dans tous les coins de l'immense édifice !

Mais la direction a répondu déjà que son musée
était avant tout un musée d’enseignement technique
et qu’elle n’avait eu qu’à chercher l’utilité profes-
sionnelle des artisans et des étudiants ; d’ailleurs
il était impossible peut-être, dans un aussi vaste
local et avec des collections aussi formidablement
riches, de ne pas s’en tenir à la classification la
plus simple et la plus logique, et toute fantaisie
eût donné sans doute une inextricable confusion.
Quoi qu’il en soit, rendons justice à l’immense
effort donné par nos voisins et amis et félicitons-les
d’un succès que n’amoindrissent pas certaines
réserves.

Raymond Kœchlin.

CORRESPONDANCE D’ITALIE

l’exposition INTERNATIONALE DE VENISE

Les expositions périodiques dont M. Fradeletto
est l’initiateur attribuent, depuis 1895, à Venise un
rôle pareil à celui que tient, dans le Nord, la capi-
tale de la Bavière pour la diffusion de l’art inter-
national. Ce sont des manifestations ordonnées'
avec goût, avec logiqup, selon un plan dont se
rapproche, à certains égards, notre Salon d’Automn’e1
et qui fournissent, en se répétant tous les deux ans,
une synthèse approximative de l’état des écoles.
11 faut se réjouir de ces confrontations ; elles ne
sont jamais sans seconder la clairvoyance des juge-
ments. Du même coup se trouve justifiée cette belle
appellation de Portus artium que Venise n’a pas
cessé de mériter aujourd’hui.

Parmi les massifs odorants et les feuillages om-
breux du Jardin public, des pavillons s'espacent.
La Belgique et la Hongrie ont construit des édifices
nouveaux en style flamand et magyar modernisé ;
deux autres pavillons se trouvent occupés par
la Bavière et la Grande-Bretage. Dans le bâtiment
principal, des salles internationales alternent avec
les salles italiennes où prédomine la contribution
d’Alberto Pasini, de Pelliza da Volpedo et de MM.
Ettore Tito, Sartorio, Innocenti et Guglielmo
Ciardi. Une tradition d hospitalité généreuse a ré-
servé l’hommage d’emplacements distincts à MM.
Zorn, Krœyer, Franz Stuck et Albert Besnard; on
pressent le haut intérêt et les contrastes qu’offrent
les quatre ensembles ainsi constitués. Depuis l’ex-
position récapitulative tenue chez Georges Petit en
1906, c’est le plus significatif groupement réalisé
par le peintre français; l'originalité profonde de
son œuvre s’accuse avec autorité, parmi la pro-
duction étrangère ; d’autre part, des parallèles
faciles établissent quelle communauté de savoir et
quelle abondance d’invention apparentent M. Bes-
nard à ces maîlres du passé dont Venise évoque à
tout instant la gloire.
 
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