ET DE LA CURIOSITE
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il faut mettre à part quelques notes sincères,
comme celles de MM. Hugues de Beaumont, Marras
Avy et Labrouche, de M11» Paule Adour, et signaler
une vue du Cabinet du Roi brossée avec verve par
M. H. de Nolhac et d'intéressants paysages par
M. Paul de Castro.
Société des Artistes graveurs au burin
(Galerie de la Boêtie)
On peut reprocher à cette Société de n'admettre
guère que la gravure de reproduction et de sembler
traiter avec quelque dédain la gravure originale.
Le talent du plus grand nombre de ses membres
est d'ailleurs familier aux lecteurs de la Gazette.
Qu'il suf fise de citer ici les noms de MM. Gora-
bœuf, Delzers, Sulpis, Penat et Serres.
Exposition Louis Valtat
(Galerie Druet)
M. Valtat sait être un admirable décorateur. Il
aime les couleurs rutilantes qui chantent les unes
auprès des autres, vibrent aux mêmes lumières,
s'animent des mêmes tressaillements, et il proclame
cette ivresse dans trois grands panneaux qui re-
présentent, les uns, les êtres de la mer : poissons,
algues et coquillages, l'autre la féerie des fleurs
épanouies. Conçus dans une harmonie éclatante,
très proche de celle que nous aimons dans certai-
nes œuvres persanes, on en imaginerait volontiers
le dessin et les couleurs au service du jeu souple
des laines les reproduisant en tapis moelleux et
doux.
Disciple par sa technique des maîtres impres-
sionnistes, se souvenant parfois des simplifications
cézannienne-, M. Valtat ferait passer aisément
sur ses paysages un souffle romantique et leur fe-
rait exprimer des sentiments hautains et altiers.
Par ailleurs, il se montre, dans ses figures, plus
préoccupé des accords subtils de l'atmosphère que
dos traits caractéristiques de ses modèles : le dé-
corateur qui est en lui ne perd jamais l'occasion de
réclamer ses droits.
Exposition A.-J. Marcel-Clément
(Galerie Georges Petit)
M. Marcel-Clément n'aime pas les propos
bruyants. Il parle doucement. Sans éclat, dans un
langage délicat, il narre la beauté des sites qui lui
plurent. Il répudie les audaces coloriées, mais, sur
les fonds gris, beige ou bleu verdâtre de ses poè-
mes où claironne parfois la note stridente d'un
rouge qui lui est cher, il célèbre le mirage des
ciels, la mer agrémentée du reflet des voiles qu'elle
porte, et surtout, Paris, la ville aux aspects mul-
tiformes, à l'heure où les lumières ponctuent le soir
de feux follets.
Exposition de A. Lunois
(Galerie Allard)
Les notes de voyage que M. Lunois a rapportées
de Byzance, do Stamboul, de Scutari et de Brousse
sont plus que de simples documents ethnogra-
phiques. Traitées avec facilité et abondance, dans
une couleur agréable et sans rien d'inattendu, la
sensibilité qu'elles dégagent, éprise de pittoresque,
ordonne ses récits selon les règles admises et
scrupuleusement observées. Par ailleurs, quelques
eaux-fortes et surtout deux lithographies aux
modelés souples et nerveux, proclament combien
la réputation de M. Lunois graveur est justifiée et
méritée (1).
Exposition William S. Horton
(Galerie Georges Petit)
Proche parent de Monet et de Guillaumin, M»
William S. Horton admire surtout les paysages
que le givre ou la neige parent de leurs blancheurs,
mais il ne répugne pas aux jours lumineux où le
soleil fait vibrer sur les plages mondaines les cou-
leurs claires des vêtements féminins. De ces as-
pects divers, comme aussi de la solitude gaie d'un
bras de rivière que cachent à demi des frondaisons
tombantes, il exprime la beauté avec quelque uni-
formité peut-être dans ses enthousiasmes, mais
avec une si fraîche et si calme franchise qu'on
est tout de suite conquis.
Exposition Henri Le Riche
(Galerie G. Manoury)
Les oeuvres de M. Henri Le Riche sont de celles
qui plaisent à la foule ennemie des essors volon-
taires et des expressions originales. Sa peinture
agréable, d'une couleur délicate et plaisante, em-
ploie pour s'exprimer une langue dont tous les
éléments sont loin d'appartenir en propre à l'ar-
tiste qui en unit les mots.
Exposition Guibal-Roland
(Galerie Devambez)
M. Guibal-Roland laisse deviner qu'il pour-
rait aller au delà de ses aspirations présentes,
mais il borne ses efforts à de menues anecdotes
où il prend prétexte do déshabillés féminins pour
narrer des faits divers sans esprit et sans portée.
Exposition Gilbert Galland
(Galerie Georges Petit)
Une aimable préface à cette exposition nous
informe que M. Gilbert Galland « retourne à
Turner » et que, dès la disparition de notre grand
Harpignies, il prendra la tête de la petite pha-
lange des aquarellistes ! Gomment, après cela, dire
que les œuvres de cet artiste, un peu objectives
peut-être, oli'rent d'agréables et vigoureuses notes
de couleurs, comment oser suivre M. Gilbert
Galland à travers les coins pittoresques de Mar-
seille et de l'Espagne? Pour ma part, j'y renonce
complètement.
Exposition Jean-Paul Dubray
(Galerie Boutet de Monveiy
A la suite de Carrière, M. J.-P. Dubray situe
ses personnages sur des fonds brumeux et noc-
turnes. Se souvenant par ailleurs des gueux de
Steinlen, il va vers la misère, quelles qu'en soient
les manifestations, lassitude, rancœurs, déchéance
ou tristesse, vers toutes les rides dont une vie
inclémente peut creuser la figure humaine.
Exposition Heniu Coulon
(Galerie Haussman)
Le nom de M. Henri Coulon est, comme cha-
cun sait, porté par l'un des maîtres les plus juste-
ment célèbres du barreau parisien. Que n'ai-je le
talent de l'honorable homonyme du peintre Henri
Coulon ! Je tenterais aussitôt de plaider les circons-
tances atténuantes en faveur de cette exposition.
René Jean.
(1) La Gazette dus Beaux-Arts, dans son numéro
de ce mois, a consacré, par la plume de M. Ray-
mond Escholier, une étude à cet artiste.
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il faut mettre à part quelques notes sincères,
comme celles de MM. Hugues de Beaumont, Marras
Avy et Labrouche, de M11» Paule Adour, et signaler
une vue du Cabinet du Roi brossée avec verve par
M. H. de Nolhac et d'intéressants paysages par
M. Paul de Castro.
Société des Artistes graveurs au burin
(Galerie de la Boêtie)
On peut reprocher à cette Société de n'admettre
guère que la gravure de reproduction et de sembler
traiter avec quelque dédain la gravure originale.
Le talent du plus grand nombre de ses membres
est d'ailleurs familier aux lecteurs de la Gazette.
Qu'il suf fise de citer ici les noms de MM. Gora-
bœuf, Delzers, Sulpis, Penat et Serres.
Exposition Louis Valtat
(Galerie Druet)
M. Valtat sait être un admirable décorateur. Il
aime les couleurs rutilantes qui chantent les unes
auprès des autres, vibrent aux mêmes lumières,
s'animent des mêmes tressaillements, et il proclame
cette ivresse dans trois grands panneaux qui re-
présentent, les uns, les êtres de la mer : poissons,
algues et coquillages, l'autre la féerie des fleurs
épanouies. Conçus dans une harmonie éclatante,
très proche de celle que nous aimons dans certai-
nes œuvres persanes, on en imaginerait volontiers
le dessin et les couleurs au service du jeu souple
des laines les reproduisant en tapis moelleux et
doux.
Disciple par sa technique des maîtres impres-
sionnistes, se souvenant parfois des simplifications
cézannienne-, M. Valtat ferait passer aisément
sur ses paysages un souffle romantique et leur fe-
rait exprimer des sentiments hautains et altiers.
Par ailleurs, il se montre, dans ses figures, plus
préoccupé des accords subtils de l'atmosphère que
dos traits caractéristiques de ses modèles : le dé-
corateur qui est en lui ne perd jamais l'occasion de
réclamer ses droits.
Exposition A.-J. Marcel-Clément
(Galerie Georges Petit)
M. Marcel-Clément n'aime pas les propos
bruyants. Il parle doucement. Sans éclat, dans un
langage délicat, il narre la beauté des sites qui lui
plurent. Il répudie les audaces coloriées, mais, sur
les fonds gris, beige ou bleu verdâtre de ses poè-
mes où claironne parfois la note stridente d'un
rouge qui lui est cher, il célèbre le mirage des
ciels, la mer agrémentée du reflet des voiles qu'elle
porte, et surtout, Paris, la ville aux aspects mul-
tiformes, à l'heure où les lumières ponctuent le soir
de feux follets.
Exposition de A. Lunois
(Galerie Allard)
Les notes de voyage que M. Lunois a rapportées
de Byzance, do Stamboul, de Scutari et de Brousse
sont plus que de simples documents ethnogra-
phiques. Traitées avec facilité et abondance, dans
une couleur agréable et sans rien d'inattendu, la
sensibilité qu'elles dégagent, éprise de pittoresque,
ordonne ses récits selon les règles admises et
scrupuleusement observées. Par ailleurs, quelques
eaux-fortes et surtout deux lithographies aux
modelés souples et nerveux, proclament combien
la réputation de M. Lunois graveur est justifiée et
méritée (1).
Exposition William S. Horton
(Galerie Georges Petit)
Proche parent de Monet et de Guillaumin, M»
William S. Horton admire surtout les paysages
que le givre ou la neige parent de leurs blancheurs,
mais il ne répugne pas aux jours lumineux où le
soleil fait vibrer sur les plages mondaines les cou-
leurs claires des vêtements féminins. De ces as-
pects divers, comme aussi de la solitude gaie d'un
bras de rivière que cachent à demi des frondaisons
tombantes, il exprime la beauté avec quelque uni-
formité peut-être dans ses enthousiasmes, mais
avec une si fraîche et si calme franchise qu'on
est tout de suite conquis.
Exposition Henri Le Riche
(Galerie G. Manoury)
Les oeuvres de M. Henri Le Riche sont de celles
qui plaisent à la foule ennemie des essors volon-
taires et des expressions originales. Sa peinture
agréable, d'une couleur délicate et plaisante, em-
ploie pour s'exprimer une langue dont tous les
éléments sont loin d'appartenir en propre à l'ar-
tiste qui en unit les mots.
Exposition Guibal-Roland
(Galerie Devambez)
M. Guibal-Roland laisse deviner qu'il pour-
rait aller au delà de ses aspirations présentes,
mais il borne ses efforts à de menues anecdotes
où il prend prétexte do déshabillés féminins pour
narrer des faits divers sans esprit et sans portée.
Exposition Gilbert Galland
(Galerie Georges Petit)
Une aimable préface à cette exposition nous
informe que M. Gilbert Galland « retourne à
Turner » et que, dès la disparition de notre grand
Harpignies, il prendra la tête de la petite pha-
lange des aquarellistes ! Gomment, après cela, dire
que les œuvres de cet artiste, un peu objectives
peut-être, oli'rent d'agréables et vigoureuses notes
de couleurs, comment oser suivre M. Gilbert
Galland à travers les coins pittoresques de Mar-
seille et de l'Espagne? Pour ma part, j'y renonce
complètement.
Exposition Jean-Paul Dubray
(Galerie Boutet de Monveiy
A la suite de Carrière, M. J.-P. Dubray situe
ses personnages sur des fonds brumeux et noc-
turnes. Se souvenant par ailleurs des gueux de
Steinlen, il va vers la misère, quelles qu'en soient
les manifestations, lassitude, rancœurs, déchéance
ou tristesse, vers toutes les rides dont une vie
inclémente peut creuser la figure humaine.
Exposition Heniu Coulon
(Galerie Haussman)
Le nom de M. Henri Coulon est, comme cha-
cun sait, porté par l'un des maîtres les plus juste-
ment célèbres du barreau parisien. Que n'ai-je le
talent de l'honorable homonyme du peintre Henri
Coulon ! Je tenterais aussitôt de plaider les circons-
tances atténuantes en faveur de cette exposition.
René Jean.
(1) La Gazette dus Beaux-Arts, dans son numéro
de ce mois, a consacré, par la plume de M. Ray-
mond Escholier, une étude à cet artiste.