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La chronique des arts et de la curiosité — 1912

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Nr. 12 (23 Mars)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19769#0101
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ET DE LA

tôt moins rares (1) ; il grandit et s'exalte vers la lin
dans les salles (2) où des talents chers se rejoignent
selon la loi des affinités; la dernière d'entre elles
compose, à la gloire du néo-impressionnisme, un
dénouement triomphal (8). Quant au centre de
l'Exposition, de l'action, allions-nous dire, il appar-
tient à l'école « cubiste ».

On ne saurait se dérober à l'évidence du fait
acquis et contester que le principe de la déforma-
tion géométrique rencontre auprès des peintres et
des statuaires, jeunes ou anciens,une faveur gran-
dissante. Un mouvement aussi net, aussi décidé
suggère l'envie d'appliquer au présont les règles
suivies pour l'étude du passé et d'appeler au secours
du jugement les clartés de l'expérience. Qu'ap-
prend-elle, sinon qu'une variation dans l'esthéti-
que ou la technique no se produit jamais sans
cause, sans but, et que l'énigme de chaque créa-
tion est révélée par la manière dont elle se situe,
par ses origines et ses effets? Au regard de notre
art moderne, le meilleur enseignement desGenten-
nales de 1889 et do 1900 aura peut-être consisté à
établir que l'histoire ne fait pas plus de « bonds »
que la natuie; à distance, il est apparu que tout se
tient, tout se commande, tout s'enchaîne et tout
s'explique. La volonté de.se libérer des entraves,
de mettre un terme à l'abus, de régénérer un sol
épuisé ou une sève appauvrie ont dicté les reven-
dications et les initiatives, également opportunes
et pareillement honnies, des classiques, des ro-
mantiques, des naturalistes, des impressionnistes,
des symbolistes; à cette puissance de renouvelle-
ment l'école française doit le secret de sa force et
sa suprématie.

Le dernier Salon d'Automne a permis déjà de
constater (4) comment les « cubistes » entendent, à

(1) Une toile de M™" Mario Laurencin retient lon-
guement, tant sont heureux le rythme des attitudes,
l'ondoiement de l'arabesque. Mentionnons les des-
sins de Mm* Bardey, de M. Fauconnet; les aqua-
relles de MM. Bellan-Gilbert, Frank, Hazard, Ott,
Gay, Lehmann, van Maldere ; les céramiques de
MM. Narbonne, Massoul; les émaux de M. Jou-
haud; les sculptures de MM. Baffier, Quillivic,
Millon, Baudot, Miss Gurtts-Huxley.

(2) La salle 39 réunit auprès de M. Henri
Deziré, en pleine possession de son invention et de
son métier, MM. Roustan, Ghapuy, G. Rameau,
Renaudot, Marceau, Chariot, P. .Tamot, T. Kling-
sor, Tavernier, Zak, Burnside, Marcel Fournier.
La salle 40 donne pour voisins à M. Marquet, —
dont les deux paysages sont les plus lumineux, les
plus aérions du Salon, — ses camarades de l'atelier
Moreau : MM. Manguin, Gamoin, Rouault, Charles
Guérin puis MM. Lacoste, Lebasque, Dufresnoy,
Puy, Laprade, Gharmy, Bouche, et Ghenard-Huché.
La salle 41 bénéficie, avant tout, des envois de
M. Blanchet (Le Cerisier), de M. Alfred Pichon

L'Église sur la Falaise, La Villa en ruines), de
M. Gaboriaud, et de MM. Jaulmes, F. Jourdain,
Voguet, Alhazian, de Waroquier, Triquigneaux,
Ericson, Kousnetzoff et M"" E. Weise, J. Baudot.

(3) Elle porte le n° 43. Sous l'égide de M. Signac
se groupent M»"' Ghauchet-Guilleré, L. Gousturier,
Selmersheim-Desgrange, MM. A. Faure, Ramond,
F.-V. Valtat. D'une technique différente, relèvent
les tableaux tout proches de M. Luco et do M. Sé-
rusier.

(4} Cf. Chronique des Arts, 1911, p. 344.

CURIOSITÉ 91

leur tour, protester, réagir et opposer au vague des
évanescences et aux généralisations trop sommai-
res de la synthèse des précisions d'une rigueur
mathématique. Cette subordination de l'art à la
science se produit, remarquez-le, à l'instant même
où l'Etat bannit de ses écoles la « méthode Guil-
laume » comme trop abstraite et contraire à l'épa-
nouissement de l'instinct et do l'imagination. Les
« cubistes » remettent en honneur la doctrine réprou-
vée et, au risque de paraître prendre le moyen
pour la Un, la préparation pour le résultat, ils en
poursuivent l'application jusqu'à des conséquences
extrêmes, imprévues de son instigateur. Nulle
tentative ne fut plus désintéressée : elle ne promet
ni profit, ni gloire ; plus sérieuse : l'élaboration de
chaque ouvrage exige la patience d'un long effort ;
plus absorbante aussi. Cet art, où le souci de la
technique prédomino, où l'idée n'a que peu de part,
est avant tout intellectuel; l'esprit s'y trouve plus
intéressé que la sensibilité ; tout y procède du
calcul, de la volonté et du raisonnement ; lo tableau
se présente à nous sous les espèces d'un problème
ou d'un rébus qu'une attention soutenue n'arrive
pas toujours à résoudre ou à déchiffrer; et pour-
tant l'espoir vient que tant de peine n'aura pas été
perdue et que l'initiative, logique dans son prin-
cipe, se justifiera par ses conséquences plus
encore que par ses premiers exemples.

Pour découvrir, sous la rigidité do l'effort, l'in-
térêt qui s'attache à la définition des plans et des
volumes dans telle Vue de port de M. Metzinger,
ou bien au désir de s'élever au style dont témoi-
gne la grande allégorie de Paris par M. Delaunay,
il faut le délai d'un examen prolongé; mais nous
percevons sans re.tard en quoi la conception tech-
nique des « cubistes » se relie au néo impression-
nisme et quelles acquisitions présagent leurs re-
cherches, de même souche que celles d'unPuvis de
Ghavannes ou d'un Paul Gauguin, d'un Bourdello,
d'un Maillol ou d'un Rodin. Les ouvrages moins
dogmatiques, moins tendus, de M. de La Fresnaye
et de M. de Segonzac aident ces vérités à se for-
muler dans notre esprit ; ils relèvent du « cubisme »
et déjà s'en émancipent; d'autres peintres encore,
MM. Lhote, Tribout, Deslignères, Tobeen, ont
accepté ou convoité d'ajouter aux attraits de la
couleur et do la belle matière le bénéfice d'une
construction solide, établie selon un principe
géométrique naguère méconnu et dont une foi
intransigeante restaure le prestige.

C'est surtout dans l'académie (1), la nature
morte (2) et le paysage (3) que s'accusent, plus ou
moins lointainement, ces préoccupations nouvelles ;
sans doute elles marquent un aboutissement éphé-
mère, mais il ferait bon récapituler dans ce Salon,
réunir et classer les diverses interprétations offertes
de la campagne, du corps humain et de ces pauvres

(1) MM. Albert Moreau, Berchèro, Marmot,
Carrera, Benda, Hayden, Deluc, Kern, Exter,
Dusouchet, Chabaud, Montassiez MMM do Jong,
Flourens, Olga Bing, Degen, Finch, Jeanne Aubry,
Agutte, Bally, Valadon.

(2) MM. Raugeot,Bacqué,Bentz, Biette, Ilugonnet,
Martin, Werner, Bechet, Urbain, Fornerod, M'"" G.
Boissière, Graf, Alice Hesse, Kopp, Mary Georges.

(3) MM. Jaspar, Person, Bal, Volot, Bauche,
Parent, Harrison, Séveau, Oberteuffer, Tobeen,
Vlamynck, Juste, Jolly, Gadène, Renefer, Lami-
rand, Luthmer, Gvs, Lafont, Besnus, Gminska,
M"" Boyd.
 
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