ET DE LA CURIOSITE 201
plus honorable, de M. Lefebvre d'après une fresque
florentine.
A la sculpture, silo Berger de M. Grener (élève
de Mercié) sent fort l'école, M. Gaumont, au con-
traire, promet de s'en libérer : un agréable torse,
un peu antique, et une jolio esquisse de bas-relief,
habilement distribué (Les Travaux et les Jours).
Inégal, M. Benneteau expose un buste do jeune
homme où l'on peut trouver do la force. Quant à
M. Damman, élève de Ghaplain, il montre dans ses
portraits et surtout dans la médaille qu'il intitule :
Jeunes filles à la fontaine, une mesure et une
grâce charmantes. Il faut retenir son nom.
Exposition de dessins de Renoir
(Galerie Vollard)
C'est une dos importantes et rares expositions
de dessins de M. Renoir ; ils datent d'époques diffé-
rentes, et tous se valent. On voit ici quel soutien
apportent chez M. Renoir au charme de la couleur,
le charme et la puissance du dessin. Danseuses,
baigneuses, femmes qui allaitent, tantôt il les évo-
que simplement par le plan, les blancs et les noirs,
tantôt il insiste sur le contour, emprisonne ferme-
ment le corps d'un trait noir ou d'une ombre dia-
phane. Impressionniste et réaliste tout ensemble,
M. Renoir n'invente pas, il observe. Il n'y a point
chez lui cette généralisation qu'on découvre chez un
Manet ou un Degas ; c'est parfois à Ingres qu'il
fait songer ; il conserve la grâce sans jamais
s'affadir ; il demeure instinctif où les autres appa-
raissent sans doute plus puissants, mais tendus
et volontaires.
Exposition G. Cariot
(Galerie Royale)
Rendons hommage à la violente sincérité de cet
artiste qui travaille sans maîtres et clans l'isole-
ment. Les Salons nous ont permis de remarquer
la vivacité de certains de ses tons. Quelle que soit
son expérience, il se cherche encore ; il a de la
délicatesse, et cependant son coloris est souvent
dur ; mais, par un souci de l'effet décoratif, par
la puissance du dessin et de la palette, il touche à
la personnalité.
Intérim.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 29 juin
Nécrologie. — Le président annonce à ses con-
frères la nouvelle perte que l'Académie vient de
faire en la personne de M. Aima Tadema, son
associé étranger depuis 1891.
Pria;. — Le prix Maxime David (400 fr.) est dé-
cerné à M"» Jacqueline pour ses deux miniatures
exposées au Salon des Artistes français (Études
de vieux et Portrait de M"' L. C. ).
Concours. — L Académie* donne comme sujet du
concours Roux (gravure), â décerner en 1913,
l'Œdipe d'Ingres, du musée du Louvre.
Séance du G juillet
Concours de Rome. — L'Académie a rendu son
jugement sur le concours pour le grand prix de
Rome (composition musicale).
Les concurrents en présence étaient classés
dans l'ordre suivant : MM. Delmas, élève do
M. Vidal: Delviucourt, élève de M. Widor, et
Mignan, élève de M. Vidal. La cantate imposée
avait pour titre Fulvia et pour auteur M. Paul
Gollin.
Après plusieurs tours de scrutin, l'Académie a
décidé que le premier grand prix ne serait pas
décerné. — Le premier second grand prix a été
attribué à M. Edouard-Charles-Octave Mignan,
né à Orléans lo 17 mars 1884, auquel revient en
plus, et de droit, le prix Clamageran-Hérold, de la
valeur de 1.800 francs.
Académie des Inscriptions
Séance du 28 juin
Le nimbe rectangulaire. — M. W. deGiûncisen,
membre ordinaire de l'Institut impérial de Saint-
Pétersbourg, donne lecture d'un travail très étudié
et d'une haute documentation sur « le soi-disant
nimbe rectangulaire ». La planchette rectangulaire
qu'on voit derrière la tête do certains personnages
dans l'art du haut Moyen âgo fut, dès la Renais-
sance, dit il, l'objet do savantes et curieuses dis-
cussions. Cependant, au ix° sièclo encore elle n'était
autre chose que le viventis insigne, l'insigne, la
marque que le personnage honoré était encore
vivant. C'est au xm" siècle seulement que la tabula
circa verticem, qui n'affectait pas encore la forme
circulaire de la couronne, la corona, devint le
nimbe carré. Rome fut considérée longtemps comme
le pays originaire de la tabula circa verticem.
Cependant les dernières fouilles d'Egypte ont
prouvé le contraire. C'est en Egypte, en effet, qu'on
trouve les deux formes caractéristiques du soi-disant
nimbe carré. Là on assiste en même temps à une
des plus étranges transformations iconographiques
du prototype.
M. de Grûnoisen met sous les yeux de l'Acadé-
mie une série de photographies ou de dessins de
monuments remontant à la plus haute antiquité
pharaonique qui viennent tous à l'appui de sa
thèse.
CHRONIQUE MUSICALE
Théâtre du Châtelet : Ballets russes (1) : Le
Dieu bleu, ballet en un acte de MM. J. Cocteau
et F. Madrazo, musique de M. Reynaldo Hahn ;
— Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique
en trois parties, livret de M. Fokine, musique
de M. Maurice Ravel.
M. Nijinsky, en une danse infiniment souple et
mystérieuse, que ne désavoueraient pas les As-
pàrâs royales du Cambodge, évoque à merveille
le raflinement et la grâce de la vieille, de l'éternelle
Asie. Pour la musique, il n'y faut point chercher
la luxuriante floraison des antiques épopées de
l'Inde : pourtant je n'hésite pas â considérer le
Dieu bleu comme l'une dos meilleures composi-
tions orchestrales de M. Reynaldo Hahn. J'ai le
(1) Supplément à l'article paru dans la Gazette
des Beaux-Arts (numéro du 1" juillet 1912).
plus honorable, de M. Lefebvre d'après une fresque
florentine.
A la sculpture, silo Berger de M. Grener (élève
de Mercié) sent fort l'école, M. Gaumont, au con-
traire, promet de s'en libérer : un agréable torse,
un peu antique, et une jolio esquisse de bas-relief,
habilement distribué (Les Travaux et les Jours).
Inégal, M. Benneteau expose un buste do jeune
homme où l'on peut trouver do la force. Quant à
M. Damman, élève de Ghaplain, il montre dans ses
portraits et surtout dans la médaille qu'il intitule :
Jeunes filles à la fontaine, une mesure et une
grâce charmantes. Il faut retenir son nom.
Exposition de dessins de Renoir
(Galerie Vollard)
C'est une dos importantes et rares expositions
de dessins de M. Renoir ; ils datent d'époques diffé-
rentes, et tous se valent. On voit ici quel soutien
apportent chez M. Renoir au charme de la couleur,
le charme et la puissance du dessin. Danseuses,
baigneuses, femmes qui allaitent, tantôt il les évo-
que simplement par le plan, les blancs et les noirs,
tantôt il insiste sur le contour, emprisonne ferme-
ment le corps d'un trait noir ou d'une ombre dia-
phane. Impressionniste et réaliste tout ensemble,
M. Renoir n'invente pas, il observe. Il n'y a point
chez lui cette généralisation qu'on découvre chez un
Manet ou un Degas ; c'est parfois à Ingres qu'il
fait songer ; il conserve la grâce sans jamais
s'affadir ; il demeure instinctif où les autres appa-
raissent sans doute plus puissants, mais tendus
et volontaires.
Exposition G. Cariot
(Galerie Royale)
Rendons hommage à la violente sincérité de cet
artiste qui travaille sans maîtres et clans l'isole-
ment. Les Salons nous ont permis de remarquer
la vivacité de certains de ses tons. Quelle que soit
son expérience, il se cherche encore ; il a de la
délicatesse, et cependant son coloris est souvent
dur ; mais, par un souci de l'effet décoratif, par
la puissance du dessin et de la palette, il touche à
la personnalité.
Intérim.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 29 juin
Nécrologie. — Le président annonce à ses con-
frères la nouvelle perte que l'Académie vient de
faire en la personne de M. Aima Tadema, son
associé étranger depuis 1891.
Pria;. — Le prix Maxime David (400 fr.) est dé-
cerné à M"» Jacqueline pour ses deux miniatures
exposées au Salon des Artistes français (Études
de vieux et Portrait de M"' L. C. ).
Concours. — L Académie* donne comme sujet du
concours Roux (gravure), â décerner en 1913,
l'Œdipe d'Ingres, du musée du Louvre.
Séance du G juillet
Concours de Rome. — L'Académie a rendu son
jugement sur le concours pour le grand prix de
Rome (composition musicale).
Les concurrents en présence étaient classés
dans l'ordre suivant : MM. Delmas, élève do
M. Vidal: Delviucourt, élève de M. Widor, et
Mignan, élève de M. Vidal. La cantate imposée
avait pour titre Fulvia et pour auteur M. Paul
Gollin.
Après plusieurs tours de scrutin, l'Académie a
décidé que le premier grand prix ne serait pas
décerné. — Le premier second grand prix a été
attribué à M. Edouard-Charles-Octave Mignan,
né à Orléans lo 17 mars 1884, auquel revient en
plus, et de droit, le prix Clamageran-Hérold, de la
valeur de 1.800 francs.
Académie des Inscriptions
Séance du 28 juin
Le nimbe rectangulaire. — M. W. deGiûncisen,
membre ordinaire de l'Institut impérial de Saint-
Pétersbourg, donne lecture d'un travail très étudié
et d'une haute documentation sur « le soi-disant
nimbe rectangulaire ». La planchette rectangulaire
qu'on voit derrière la tête do certains personnages
dans l'art du haut Moyen âgo fut, dès la Renais-
sance, dit il, l'objet do savantes et curieuses dis-
cussions. Cependant, au ix° sièclo encore elle n'était
autre chose que le viventis insigne, l'insigne, la
marque que le personnage honoré était encore
vivant. C'est au xm" siècle seulement que la tabula
circa verticem, qui n'affectait pas encore la forme
circulaire de la couronne, la corona, devint le
nimbe carré. Rome fut considérée longtemps comme
le pays originaire de la tabula circa verticem.
Cependant les dernières fouilles d'Egypte ont
prouvé le contraire. C'est en Egypte, en effet, qu'on
trouve les deux formes caractéristiques du soi-disant
nimbe carré. Là on assiste en même temps à une
des plus étranges transformations iconographiques
du prototype.
M. de Grûnoisen met sous les yeux de l'Acadé-
mie une série de photographies ou de dessins de
monuments remontant à la plus haute antiquité
pharaonique qui viennent tous à l'appui de sa
thèse.
CHRONIQUE MUSICALE
Théâtre du Châtelet : Ballets russes (1) : Le
Dieu bleu, ballet en un acte de MM. J. Cocteau
et F. Madrazo, musique de M. Reynaldo Hahn ;
— Daphnis et Chloé, symphonie chorégraphique
en trois parties, livret de M. Fokine, musique
de M. Maurice Ravel.
M. Nijinsky, en une danse infiniment souple et
mystérieuse, que ne désavoueraient pas les As-
pàrâs royales du Cambodge, évoque à merveille
le raflinement et la grâce de la vieille, de l'éternelle
Asie. Pour la musique, il n'y faut point chercher
la luxuriante floraison des antiques épopées de
l'Inde : pourtant je n'hésite pas â considérer le
Dieu bleu comme l'une dos meilleures composi-
tions orchestrales de M. Reynaldo Hahn. J'ai le
(1) Supplément à l'article paru dans la Gazette
des Beaux-Arts (numéro du 1" juillet 1912).