ET DE LA CURIOSITÉ
il
symphonies de couleurs brillamment composées ;
M. Raymond Woog aime la légèreté et la souplesse
aériennes des fleurs; M. Laparra s'attarde aux
anecdotes, et M"" Térouanne a envoyé de très inté-
ressants portraits qui gagneraient peut-être s'ils
répudiaient les expressions de superficielle vigueur
qui leur sont chers.
Exposition d'onjETS d'art modernes
(Galerie Reitlinger)
Cette exposition prouverait une fois de plus, si
cela était nécessaire, à quel talent, à quelle habi-
leté atteignent de nos jours dans les objets usuels
la plupart de nos décorateurs. Est-il possible do
ciseler la nacre avec une plus belle maîtrise que
ne le fait M. Georges Bastard, de repousser ou
d'incruster des métaux mieux que M. Dunand, de
pétrir des pâtes de verre et de les fondre les
unes dans les autres comme M. Dammouse, de
tailler le bois comme M. Gaston Le Bourgeois, ou
de lamer le cuir avec une sobriété plus parfaite
que Mlle Louise Germain ? Il n'y a plus qu'à
attendre lo maître d'œuvre...
Exposition de sculptures de M. Stefan Erzia
L'art de M. Stefan Erzia est assez superficiel.
Il cherche à émouvoir par l'outrance des gestes et
des expressions, procédés chers à l'acteur au théâtre.
Mais le geste sur la scène est fugitif ; dans la
pierre il vise à l'éternité et, pour être fort, demande
à être simple. M. Stefan Erzia, qui atteint souvent
à d'heureuses trouvailles d'expression, ferait bien
d'y songer.
René Jean.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 1 janvier
Prix. — La commission du prix de Soussaye,
composée pour moitié do membres de l'Académie
française et, pour l'autre moitié, de membres de
la section de composition musicale de l'Académie
des Beaux-Arts, statue pour li première fois. Elle
attribue c3 prix, qui est destiné à récompenser
l'auteur d'un livret d'opéra en vers ou en prose
non encore représent;, à MM. Paul Milliet et Henri
Maréchal, pour leur drame lyrique on cinq actes
et neuf tableaux, en vers, intitulé : Autour d'une
tiare, tiré du livre d'Emile Gebhart portant ce
titre.
Candidatures. — La section de gravure présente
pour le siège vacant par suite de la mort de
M. Vernon (ordre alphabétique) : MM. Grégoire,
Patey, Peter, Pillet, et Yencesse. L'Académie ajoute
à ces noms celui de M. Henri Dubois.
Notice. — La dernière partie de la séance a été
consacrée à la lecture, faite par M. François Fla-
meng, d'une notice qu'en collaboration avec M.
Sulpis il a consacrée à la vie et aux travaux de
son père, M. Léopold Elameng.
Académie des Inscriptions
Séance du 3 janvier
Li Colonne de Néron à Mayence. — En 19J5,
dans le camp romain de Mayence, fut découverte
une colonne couverte de figures sculptées et sur-
montée d'une statue en bronze de Jupiter. Ce
monument, qui remontait au principat de Néron,
était brisé on deux mille morceaux ; on a pu, ce-
pendant, le reconstituer avec certitude. Il est orné
de vingt-huit images divines ; vingt-cinq ont déjà
pu être identifiées et l'incertitude subsistait jus-
qu'ici pour les trois autres. Diversement interpré-
tées, on y voyait, en dernier lieu, la personnifica-
tion d»s trois provinces gauloises de Belgique, de
Lyonnaise et d'Aquitaine. M. Salomon Reinach,
qui fait cet exposé, montre qu'il s'agit, en réalité,
de Gérés, de Vesta et de Vénus. Celle-ci y tient
une balance comme sur les deniers romains de la
famille Gordia.
Société Française de Numismatique
Séance du 4 janvier
Communication est faite par M. Béranger de
deux jelons normands inédits semblant appartenir
à l'époque d'Henri V et d'Henri VI d'Angleterre ;
— par M. Dieudonné, do deux écus d'or de
Louis XII, cantonnés du hérisson, et frappés à
Bourges ; — par M. Bordeaux, d'un cachet du
district de Bouen ayant servi au bureau du Do-
maine chargé de la liquidation des biens des émi-
grés .
Le comte de Castellane a appelé l'attention sur
un guenare frappé à Toulouse avant 1389 et sur
un carolus do Charles VIII de type bizarre.
M. Ad. Blanchet lit une noie sur divers graveurs
du xvne siècle.
J.-B. Perronneau en Russie
Dans la luxueuse monographie que MM. Léandre
Vaillat et Paul Ratouis de Limay ont récemment
consacrée à la vie et à l'œuvre du grand pastelliste
J.-B. Perronneau et où ils se sont efforcés d'cclair-
cir les mille points obscurs de sa biographie, je
relève les indications suivantes empruntées à des
témoignages contemporains (1).
« Nous venons d'apprendre », écrit l'abbé do
Fontenay, à la dato du 10 janvier 1785, dans les
A/fiches, annonces et avis divers du Journal
général de France, « que M. Perronneau, peintre
de portraits très distingué, était mort cet automne
en Hollande.
« Il a exercé son talent presque par toute l'Eu-
rope et son instabilité fut une des singularités de
sa vie. Rien n'a pu le fixer dans le même endroit,
quel jue avantage qui s'y présentât. L'Italie, l'Es-
pagne, l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie, la
Pologne, Hambourg, la Hollande et toutes les
villes principales de la France conservent des
prouves du séjour qu'il y a fait. »
Et l'abbé ajoute ingénument : « Un goût si
marqué pour changer sans cesse de domicile n'a
point empêché que M. Perronneau n'ait été bon
mari, père tendre et fidèle ami. »
Quelques jours après, le24janvier, les Mémoires
secrets de Bachaumont continués par Pidansat
(1) L. Vaillat et P. Ratouis do Limay, J.-B. Per-
ronneau, Paris, Gittler, p. 60.
il
symphonies de couleurs brillamment composées ;
M. Raymond Woog aime la légèreté et la souplesse
aériennes des fleurs; M. Laparra s'attarde aux
anecdotes, et M"" Térouanne a envoyé de très inté-
ressants portraits qui gagneraient peut-être s'ils
répudiaient les expressions de superficielle vigueur
qui leur sont chers.
Exposition d'onjETS d'art modernes
(Galerie Reitlinger)
Cette exposition prouverait une fois de plus, si
cela était nécessaire, à quel talent, à quelle habi-
leté atteignent de nos jours dans les objets usuels
la plupart de nos décorateurs. Est-il possible do
ciseler la nacre avec une plus belle maîtrise que
ne le fait M. Georges Bastard, de repousser ou
d'incruster des métaux mieux que M. Dunand, de
pétrir des pâtes de verre et de les fondre les
unes dans les autres comme M. Dammouse, de
tailler le bois comme M. Gaston Le Bourgeois, ou
de lamer le cuir avec une sobriété plus parfaite
que Mlle Louise Germain ? Il n'y a plus qu'à
attendre lo maître d'œuvre...
Exposition de sculptures de M. Stefan Erzia
L'art de M. Stefan Erzia est assez superficiel.
Il cherche à émouvoir par l'outrance des gestes et
des expressions, procédés chers à l'acteur au théâtre.
Mais le geste sur la scène est fugitif ; dans la
pierre il vise à l'éternité et, pour être fort, demande
à être simple. M. Stefan Erzia, qui atteint souvent
à d'heureuses trouvailles d'expression, ferait bien
d'y songer.
René Jean.
Académie des Beaux-Arts
Séance du 1 janvier
Prix. — La commission du prix de Soussaye,
composée pour moitié do membres de l'Académie
française et, pour l'autre moitié, de membres de
la section de composition musicale de l'Académie
des Beaux-Arts, statue pour li première fois. Elle
attribue c3 prix, qui est destiné à récompenser
l'auteur d'un livret d'opéra en vers ou en prose
non encore représent;, à MM. Paul Milliet et Henri
Maréchal, pour leur drame lyrique on cinq actes
et neuf tableaux, en vers, intitulé : Autour d'une
tiare, tiré du livre d'Emile Gebhart portant ce
titre.
Candidatures. — La section de gravure présente
pour le siège vacant par suite de la mort de
M. Vernon (ordre alphabétique) : MM. Grégoire,
Patey, Peter, Pillet, et Yencesse. L'Académie ajoute
à ces noms celui de M. Henri Dubois.
Notice. — La dernière partie de la séance a été
consacrée à la lecture, faite par M. François Fla-
meng, d'une notice qu'en collaboration avec M.
Sulpis il a consacrée à la vie et aux travaux de
son père, M. Léopold Elameng.
Académie des Inscriptions
Séance du 3 janvier
Li Colonne de Néron à Mayence. — En 19J5,
dans le camp romain de Mayence, fut découverte
une colonne couverte de figures sculptées et sur-
montée d'une statue en bronze de Jupiter. Ce
monument, qui remontait au principat de Néron,
était brisé on deux mille morceaux ; on a pu, ce-
pendant, le reconstituer avec certitude. Il est orné
de vingt-huit images divines ; vingt-cinq ont déjà
pu être identifiées et l'incertitude subsistait jus-
qu'ici pour les trois autres. Diversement interpré-
tées, on y voyait, en dernier lieu, la personnifica-
tion d»s trois provinces gauloises de Belgique, de
Lyonnaise et d'Aquitaine. M. Salomon Reinach,
qui fait cet exposé, montre qu'il s'agit, en réalité,
de Gérés, de Vesta et de Vénus. Celle-ci y tient
une balance comme sur les deniers romains de la
famille Gordia.
Société Française de Numismatique
Séance du 4 janvier
Communication est faite par M. Béranger de
deux jelons normands inédits semblant appartenir
à l'époque d'Henri V et d'Henri VI d'Angleterre ;
— par M. Dieudonné, do deux écus d'or de
Louis XII, cantonnés du hérisson, et frappés à
Bourges ; — par M. Bordeaux, d'un cachet du
district de Bouen ayant servi au bureau du Do-
maine chargé de la liquidation des biens des émi-
grés .
Le comte de Castellane a appelé l'attention sur
un guenare frappé à Toulouse avant 1389 et sur
un carolus do Charles VIII de type bizarre.
M. Ad. Blanchet lit une noie sur divers graveurs
du xvne siècle.
J.-B. Perronneau en Russie
Dans la luxueuse monographie que MM. Léandre
Vaillat et Paul Ratouis de Limay ont récemment
consacrée à la vie et à l'œuvre du grand pastelliste
J.-B. Perronneau et où ils se sont efforcés d'cclair-
cir les mille points obscurs de sa biographie, je
relève les indications suivantes empruntées à des
témoignages contemporains (1).
« Nous venons d'apprendre », écrit l'abbé do
Fontenay, à la dato du 10 janvier 1785, dans les
A/fiches, annonces et avis divers du Journal
général de France, « que M. Perronneau, peintre
de portraits très distingué, était mort cet automne
en Hollande.
« Il a exercé son talent presque par toute l'Eu-
rope et son instabilité fut une des singularités de
sa vie. Rien n'a pu le fixer dans le même endroit,
quel jue avantage qui s'y présentât. L'Italie, l'Es-
pagne, l'Angleterre, l'Allemagne, la Russie, la
Pologne, Hambourg, la Hollande et toutes les
villes principales de la France conservent des
prouves du séjour qu'il y a fait. »
Et l'abbé ajoute ingénument : « Un goût si
marqué pour changer sans cesse de domicile n'a
point empêché que M. Perronneau n'ait été bon
mari, père tendre et fidèle ami. »
Quelques jours après, le24janvier, les Mémoires
secrets de Bachaumont continués par Pidansat
(1) L. Vaillat et P. Ratouis do Limay, J.-B. Per-
ronneau, Paris, Gittler, p. 60.