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La chronique des arts et de la curiosité — 1913

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Nr. 16 (19 Avril)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19770#0132
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LA CHRONIQUE DES ARTS

*** La Société artistique de ia gravure sur
bois vient de se décider à créer, sous ce titre :
« Collections d'estampes gravées sur bois >,
une suite d'albums où figureront des œuvres
des meilleurs artistes contemporains. Dans
ces albums, chaque graveur établira, à ses
frais, une planche, soit originale, soit d'après
des dessins inédits de maîtres anciens ou de
maîtres modernes. Les planches, réunies par
séries, constitueront des albums exclusive-
ment gravés sur bois. La Société espère,
par ce genre de travaux, aider au meilleur
développement de l'art typographique, main-
tenir et perfectionner les belles traditions de
la gravure-sur bois.

#** M. Gaston Carré reprendra son cours
pratique, mixte public et gratuit de dessin,
peinture, aquarelle en plein air, le dimanche
4 mai prochain. Les auditeurs qui désireront
le suivre devront se trouver à 9 heures du
matin au kiosque à musique dans le parc de
Montsouris. Ce cours aura lieu tous les di-
manches matin. Le professeur étudiera
l'harmonie du paysage dans la composition
décorative.

*** Des fouilles viennent d'être entreprises
au pied de la colline que domine aujourd'hui
Saint-Bertrand-de-Comminges, sur l'empla-
cement de la cité gallo-romaine appelée Lug-
dunum Convenarum. Les sondages partiels
effectués par certains savants archéologues
ont permis de déterminer les limites de la
vieille cité, sinon d'en établir le plan. Toute-
fois, plusieurs dépôts importants ont déjà été
repérés. Une nécropole a été découverte : un
certain nombre de sarcophages en marbre,
dont plusieurs contenaient quelques objets
funéraires; divers fragments d'une mosaïque
blanche avec ornements noirs, parmi les-
quels on a distingué des croix, marquent
l'origine chrétienne de la cité que les Bar-
bares détruisirent à la fin du vi» siècle. Outre
ces vestiges, une habitation antique, dans
laquelle on a recueilli des poteries rouges,
des poids de tisserand et un petit moulin fa-
milial, a été fouillée. Il y aurait lieu sans
doute de procéder à l'exploration méthodique
de la ville ensevelie.

Le Vernissage du Salon
de la Société Nationale des Beaux-Arts

Dos Salons de printemps, d'été et d'automne qui
jalonnent le cours do l'année, on ne saurait at-
tendre que des éléments de connaissance fragmen-
taires sur l'état des arts dans notre pays. La
somme même de ces expositions ne totalise pas
la production de l'école. L'instant n'est pas de
tenter un départ entre des ouvrages innombrables,
épars on mille endroits, ni de distinguer lesquels
d'entre eux semblent appelés à survivre devant
l'histoire. Le problème, avenue d'Antin, se résume
à ceci : en l'absence des novateurs, généralement
proscrits (sauf à la section de sculpture), quelle est
l'attitude des artistes anciens dans ce Salon que
des esprits modérés taxent de « relativement réac-

tionnaire » et qui présente souvent l'aspect d'une-
exposition rétrospective ou d'un musée de province ?

Parmi ces aînés, tous ont-ils conservé la « divine
jeunesse du cœur qui entretient le feu de l'inspi-
ration « ? Leurs œuvres d'à présent s'accordent-elles
avec les travaux qui illustrèrent leurs débuts 1 Se
sont-ils recueillis toujours davantage en eux-mê-
mes, et de cette scrutation approfondie ont-ils-
dégagé, comme Poussin, comme Rembrandt, comme
Carrière, un art da plus en plus personnel et libre?
Ou bien, trop faibles pour résister aux sugges-
tionsdu dehors, ont-ils écouté le conseil des voix
étrangères? A rapprocher, d'une part, le Pardon
(188?) et le Bénitier, de l'autre les Communiantes
(1877, musée de Dijon) et le Portrait en blanc, on
prend conscience de l'évolution suivie dans l'inter-
prétation des mêmes sujets, des mêmes effets par
M. Dagnan-Bouveret et M. Henri Gervex. Les ta-
bleaux de 1913 n'offrent plus qu'un écho affaibli
des beautés qui nous furent chères; les points
d'attache et la filiation s'y reconnaissent à peine.
M. Lhormitle et M. Roll se montrent plus consé-
quents avec eux-mêmes, plus fidèles à leur passé,
à leurs initiateurs — J. F. Millet et Edouard Manet
— dans les deux ouvrages où ils se récapitulent.
« Sous ce qui recommence, il y a ce qui continue »,
dit M. Paul Claudel. Le moindre portrait que trace
M. Albert Besnard bénéficie des accents d'une
vérité particularisée qui attribue à chaque modèle
des allures distinctes. La pose, le port do tête,
l'expression se différencient selon le tempérament.
Ces effigies n'ont pas à redouter'qu'on vienne à
les réunir ; loin de se répéter, elles offrent la
diversité de la vie. Et pourtant, sous la définition
des caractéristiques individuelles, les mêmes qua-
lités s'attestent : le don de l'analyse rapide, une
familiarité qui n'exclut pas la noblesse, puis l'ex-
traordinaire pouvoir d'allier, dans une synthèse
originale, ces recherches d'intellectualité et do
pittoresque physionomique où a toujours tendu
en France l'art du portrait.

A sa façon, M. François Guiguet est un classique;
le « dessin est la probité de son art » ; sa techni-
que fait songer à ces Primitifs dont il a un peu
l'âme : un contour nerveux et ferme ; une matière
mince et précieuse ; des tons clairs, légers, nacrés
et qui laissent présager l'admirable peintre delà
chair que M. François Guiguet saura être quelque
jour. Maintenant voyez les images souriantes et
juvéniles que l'artiste a groupées à l'entour d'un
portrait de femme en robe décolletée ; des fillettes
y sont surprises en des attitudes particulières de
rêverie ou de nonchaloir; leurs visages montrent
la gravité que l'enfance conserve quand la pensée
vogue à l'aventure; il n'y a rien iei d'apprêté, ni de
tendu ; la précision est pour M. François Guiguet
un langage naturel ; loin d'en contrarier l'effusion,
elle seconde et traduit une sensibilité que l'on de-
vine riche et profonde. Les uns croient aux néces-
sités de l'évidence et nous présentent des énigmes
résolues ; d'autres réclament l'amitié du spectateur
et même sa collaboration : il faut que notre sym-
pathie aille à leur rencontre. M™ Olga de Boz-
nanska ne vise ni au textuel ni à l'immédiat ;
ses peintures ne se destinent pas à l'examen rapide
du visiteur distrait ; quelque délai est nécessaire
pour en subir le charme et en pénétrer le se-
cret ; le modèle se présente loin de la lu-
mière brutale du plein jour; il s'estompe au
travers d'une buée impalpable — et c'est déjà
une invite au recueillement : le regard attentif
 
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