138
LA CHRONIQUE DES ARTS
par l'Etat de leurs œuvres exposées aux
Salons.
**# M. GarMt, gouverneur de la Réunion,
vient de créer un prix de 500 francs qui per-
mettra, tous les ans, à celui d'entre les artis-
tes qui aura obtenu aux Salons le « prix de
Madagascar » de compléter son voyage par
l'étude de la colonie voisine.
*** Dans les premiers jours de ce mois
s'ouvrira au Palais-Royal, dans la grande
salle de l'ancienne Cour des Comptes (péris-
tyle de Chartres), une exposition de l'art de
la décoration théâtrale, organisée sous les
auspices de la Commission de l'Office inter-
national du théâtre, par M. Paul Ginisty.
Cette exposition comprendra des maquettes,
des décorset des dessins et projets originaux
des artistes décorateurs des plus importantes
scènes théâtrales des différents pays et per-
mettra d'étudier les tendances des écoles ac-
tuelles.
*** Un tableau de l'école provençale du
xve siècle, un Saint Paul, avait été volé
lundi dernier au musée de Lille. Le surlen-
demain, la police arrêta à Tourcoing un mal-
faiteur, Robert Eveloy, qui fut trouvé porteur
du tableau, et trois autres individus, qui tous
semblent faire partie d'une bande de cam-
brioleurs de musées.
Robert Eveloy avoua avoir enlevé le tableau
le lundi, entre midi et une heure, pendant le
repas des gardiens. Il devait le livrer à un
antiquaire de Gand pour la somme promise
de 2.000 francs.
#** Un riche Américain vient d'acheter les
chapiteaux et les colonnes do marbre qui fai-
saient partie de l'ancienne abbaye de Saint-
Michel-de-Guxa, des xn° et xin0 siècles, à
Prades. Il les fait enlever pour les emporter
en Amérique.
M. Emmanuel Brousse, député de l'arron-
dissement, a écrit à M. Léon Bérard, sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, pour lui
annoncer qu'il l'interpellerait, à ce sujet, dès
la rentrée des Chambres.
D'autre part, M. Sens, architecte des monu-
ments historiques, vient d'adresser au préfet
des Pyrénées-Orientales la lettre suivante :
« Je suis informé que M. Georges Gray-
Barnard, sculpteur américain, est à Prades
pour prendre livraison des arcatures et co-
lonnes des bains Saint-Michel, appartenant à
Mme de Saint-Jean et provenant de Saint-
Michel-de-Cuxa. Ces arcatures et colonnes
sont, comme vous le savez, en instance de
classement comme monument historique et
ne peuvent être enlevées que trois mois après
la signification au propriétaire de cette ins-
tance de classement. Il y a donc lieu de faire
télégraphiquement le nécessaire afin que le
sous-préfet et le maire de Prades fassent som-
mation à Mme de Saint-Jean de se conformer à
la loi. »
**# Les fouilles pratiquées près du village
de Valcabrère, au pied de la colline de Saint-
Bertrand-de-Gomminges, sur l'emplacement
de l'antique cité de Lugdunuin Convenarum,
viennent d'amener la découverte d'une statue
en marbre blanc, haute de 80 centimètres,
représentant une femme assise, Vénus ou
Cybèie. Le buste est vêtu d'une tunique fine-
ment plissée qui moule le corps, d'un galbe
parfait; les jambes sont drapées jusqu'à hau-
teur des genoux d'un manteau à larges plis
qui tombe des épaules et descend jusqu'à
terre en s'évasant. Le pied droit, qui est
chaussé, disparait à moitié sous le vêtement;
le pied gauche est brisé. La tête et les bras
n'ont pas été retrouvés.
**# On a ouvert dernièrement le testament
de M. Pierpont Morgan, daté du 4 janvier
dernier.
Pour s'en tenir à ce qui concerné ses col-
lections, le grand financier laisse à son fils
unique, John P. Morgan, toutes les œuvres
d'art qu'il avait réunies, en exprimant lo dé-
sir que ces collections soient ouvertes au pu-
blic. Voici les parties essentielles du passage
contenant ces dispositions:
« Je me suis grandement intéressé, depuis
plusieurs années, à réunir ma collection de
peinture, de miniatures, de porcelaines et au-
tres objets d'art. Mon désir et mon intention
étaient d'en disposer d'une manière utile, en
tout ou en partie, de façon à ce qu'elle puisse
profiter d'une manière permanente à l'ins-
truction et au plaisir du peuple américain.
Le manque de temps ne m'a pas permis de
réaliser ce projet.
« Dans le cas où je ne le réaliserai pas et
où je ne prendrai pas des dispositions de mon
vivant au sujet de ces collections, elles pas-
seront à mon fils John P. Morgan junior, ou
à son fils Julius Spencer, en vertu de l'article
précédent de ce testament dans lequel je dis-
pose de ma fortune. Si mon dit fils ou mon dit
petit fils héritent ainsi de ces collections, j'es-
père qu'ils pourront, de la manière qu'ils ju-
geront la meilleure, prendre des dispositions
permanentes comme ils jugeront convenable
pour mettre à exécution les intentions qui
m'étaient chères. Il me serait agréable que le
Memorial-Morgan, qui fait partie de la pro-
priété du Wadâwoth-Atheneum, à Hartford,
soit utilisé en partie à cet effet.»
Le Vernissage
DU
Salon de la Société des Artistes français
Telle qu'elle se trouve comprise et présentée à
la Société des Artistes français, la section de gra-
vure découvre les principes dont l'application régit
le Salon tout entier, et vous lui prêteriez volontiers
le sens d'un symbole. Ce qui est savoir-faire, re-
production et imitation d'autrui y prévaut, rangé
en belle place ; l'originalité et l'invention, tenues
pour secondaires, n'obtiennent accès que par dé-
rogation à la règle ou par surprise ; ou les traite
un peu à la manière des parents pauvres qui gê-
nent et que l'on dissimule. Une conception si
particulière est la résultante logique du mode de
fonctionnement et de recrutement des jurys. Cha-
que élu doit ménager une vaste clientèle, alors
LA CHRONIQUE DES ARTS
par l'Etat de leurs œuvres exposées aux
Salons.
**# M. GarMt, gouverneur de la Réunion,
vient de créer un prix de 500 francs qui per-
mettra, tous les ans, à celui d'entre les artis-
tes qui aura obtenu aux Salons le « prix de
Madagascar » de compléter son voyage par
l'étude de la colonie voisine.
*** Dans les premiers jours de ce mois
s'ouvrira au Palais-Royal, dans la grande
salle de l'ancienne Cour des Comptes (péris-
tyle de Chartres), une exposition de l'art de
la décoration théâtrale, organisée sous les
auspices de la Commission de l'Office inter-
national du théâtre, par M. Paul Ginisty.
Cette exposition comprendra des maquettes,
des décorset des dessins et projets originaux
des artistes décorateurs des plus importantes
scènes théâtrales des différents pays et per-
mettra d'étudier les tendances des écoles ac-
tuelles.
*** Un tableau de l'école provençale du
xve siècle, un Saint Paul, avait été volé
lundi dernier au musée de Lille. Le surlen-
demain, la police arrêta à Tourcoing un mal-
faiteur, Robert Eveloy, qui fut trouvé porteur
du tableau, et trois autres individus, qui tous
semblent faire partie d'une bande de cam-
brioleurs de musées.
Robert Eveloy avoua avoir enlevé le tableau
le lundi, entre midi et une heure, pendant le
repas des gardiens. Il devait le livrer à un
antiquaire de Gand pour la somme promise
de 2.000 francs.
#** Un riche Américain vient d'acheter les
chapiteaux et les colonnes do marbre qui fai-
saient partie de l'ancienne abbaye de Saint-
Michel-de-Guxa, des xn° et xin0 siècles, à
Prades. Il les fait enlever pour les emporter
en Amérique.
M. Emmanuel Brousse, député de l'arron-
dissement, a écrit à M. Léon Bérard, sous-
secrétaire d'Etat des Beaux-Arts, pour lui
annoncer qu'il l'interpellerait, à ce sujet, dès
la rentrée des Chambres.
D'autre part, M. Sens, architecte des monu-
ments historiques, vient d'adresser au préfet
des Pyrénées-Orientales la lettre suivante :
« Je suis informé que M. Georges Gray-
Barnard, sculpteur américain, est à Prades
pour prendre livraison des arcatures et co-
lonnes des bains Saint-Michel, appartenant à
Mme de Saint-Jean et provenant de Saint-
Michel-de-Cuxa. Ces arcatures et colonnes
sont, comme vous le savez, en instance de
classement comme monument historique et
ne peuvent être enlevées que trois mois après
la signification au propriétaire de cette ins-
tance de classement. Il y a donc lieu de faire
télégraphiquement le nécessaire afin que le
sous-préfet et le maire de Prades fassent som-
mation à Mme de Saint-Jean de se conformer à
la loi. »
**# Les fouilles pratiquées près du village
de Valcabrère, au pied de la colline de Saint-
Bertrand-de-Gomminges, sur l'emplacement
de l'antique cité de Lugdunuin Convenarum,
viennent d'amener la découverte d'une statue
en marbre blanc, haute de 80 centimètres,
représentant une femme assise, Vénus ou
Cybèie. Le buste est vêtu d'une tunique fine-
ment plissée qui moule le corps, d'un galbe
parfait; les jambes sont drapées jusqu'à hau-
teur des genoux d'un manteau à larges plis
qui tombe des épaules et descend jusqu'à
terre en s'évasant. Le pied droit, qui est
chaussé, disparait à moitié sous le vêtement;
le pied gauche est brisé. La tête et les bras
n'ont pas été retrouvés.
**# On a ouvert dernièrement le testament
de M. Pierpont Morgan, daté du 4 janvier
dernier.
Pour s'en tenir à ce qui concerné ses col-
lections, le grand financier laisse à son fils
unique, John P. Morgan, toutes les œuvres
d'art qu'il avait réunies, en exprimant lo dé-
sir que ces collections soient ouvertes au pu-
blic. Voici les parties essentielles du passage
contenant ces dispositions:
« Je me suis grandement intéressé, depuis
plusieurs années, à réunir ma collection de
peinture, de miniatures, de porcelaines et au-
tres objets d'art. Mon désir et mon intention
étaient d'en disposer d'une manière utile, en
tout ou en partie, de façon à ce qu'elle puisse
profiter d'une manière permanente à l'ins-
truction et au plaisir du peuple américain.
Le manque de temps ne m'a pas permis de
réaliser ce projet.
« Dans le cas où je ne le réaliserai pas et
où je ne prendrai pas des dispositions de mon
vivant au sujet de ces collections, elles pas-
seront à mon fils John P. Morgan junior, ou
à son fils Julius Spencer, en vertu de l'article
précédent de ce testament dans lequel je dis-
pose de ma fortune. Si mon dit fils ou mon dit
petit fils héritent ainsi de ces collections, j'es-
père qu'ils pourront, de la manière qu'ils ju-
geront la meilleure, prendre des dispositions
permanentes comme ils jugeront convenable
pour mettre à exécution les intentions qui
m'étaient chères. Il me serait agréable que le
Memorial-Morgan, qui fait partie de la pro-
priété du Wadâwoth-Atheneum, à Hartford,
soit utilisé en partie à cet effet.»
Le Vernissage
DU
Salon de la Société des Artistes français
Telle qu'elle se trouve comprise et présentée à
la Société des Artistes français, la section de gra-
vure découvre les principes dont l'application régit
le Salon tout entier, et vous lui prêteriez volontiers
le sens d'un symbole. Ce qui est savoir-faire, re-
production et imitation d'autrui y prévaut, rangé
en belle place ; l'originalité et l'invention, tenues
pour secondaires, n'obtiennent accès que par dé-
rogation à la règle ou par surprise ; ou les traite
un peu à la manière des parents pauvres qui gê-
nent et que l'on dissimule. Une conception si
particulière est la résultante logique du mode de
fonctionnement et de recrutement des jurys. Cha-
que élu doit ménager une vaste clientèle, alors