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La chronique des arts et de la curiosité — 1913

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Nr. 38 (20 Décembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19770#0311
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ET DE LA CURIOSITÉ

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terrogé par le service de la Sûreté, comme
tous les ouvriers qui avaient travaillé au
Louvre et qu'on eût déjà au service anthro-
pométrique (car il avait été condamné pour
agression et tentative de vol en 1908) ses
empreintes digitales — qui ont été reconnues,
depuis son arrestation, comme concordant
parfaitement avec celles laissées par le voleur
sur la glace du cadre, — il ne fut nullement
soupçonné.

La Joconde, heureusement, sauf, dit-on,
une légère écorchure sur la joue gauche et
une petite égratignure sur l'épaule gauche,
n'a nullement souffert de ces avatars.

Notre gouvernement, informé de l'heureux
événement par M. Barrère, notre ambassa-
deur à Rome, que le ministre italien des Af-
faires étrangères avait aussitôt prévenu, a
télégraphié au gouvernement italien ses plus
vifs remerciements. Sur le désir qui en avait
été exprimé par le sénateur Molmenti, l'his-
torien d'art bien connu, par des députés et
par M. G. Ricci, il a consenti à ce que la
Joconde fût exposée quelques jours dans la
ville où Léonard la peignit, puis à Rome.
L'exposition au musée des Offices a pris
fin hier soir vendredi après avoir attiré des
milliers de visiteurs, heureux de la remise
au jour du chef-d'œuvre de Léonard et
dont plusieurs ne cachaient pas leur émo-
tion : « J'ai vu », nous écrivait notre colla-
borateur M. Gustave Soulier, « des larmes
dans bien des yeux ».

Notre directeur des Musées nationaux, M.
Henry Marcel, et M. Leprieur, conservateur
du département des peintures, délégués par le
Gouvernement français pour reprendre pos-
session de la Joconde, sont partis hier pour
Rome. Le chef-d'œuvre rentrera à Paris
probablement d'ici quelques jours. L'Insti-
tut Léonard de Vinci a projeté de faire de
cette réception l'occasion d'une fête solen-
nelle.

Et maintenant que l'énigme qui angoissait
depuis plus vie deux ans tous les amis de l'art
a reçu une si heureuse et si miraculeuse so-
lution, deux réflexions s'imposent à l'esprit.

La première est la stupéfaction causée par
l'insouciance ou l'impéritie — incompréhen-
sible, en dépit de toutes les explications qu'on
a essayé de fournir — dont a fait preuve en
cette affaire le service de la Sûreté qui, mis
en présence d'un individu antérieurement
condamné, n'a pas su arriver à retrouver son
dossier anthropométrique et à l'arrêter dès
sa comparution devant le juge d'instruction.

La seconde constatation, plus consolante,
■est que le vol de la Joconde aura été pour nos
musées line utile leçon et la source d'heu-
reuses et importantes réformes qui sans cela
n'eussent peut-être jamais été réalisées. Espé-
rons que cette leçon ne sera pas perdue.

NOUVELLES

#** M. Léon Bérard n'ayant pas accepté
de conserver ses fonctions de sous-secrétaire
d'Etat des Beaux-Arts dans le nouveau ca-
binet Doumergue, a été remplacé dans ce poste
par M. Jacquier, député de la Haute-Savoie.

*** On annonce que M. Martin Le Roy,
possesseur d'une des plus belles collections
d'objets d'art du Moyen âge et de la Renais-
sance, a fait don au musée du Louvre d'un
choix de pièces d'orfèvrerie et de sculptures
particulièrement rares de cette collection.
Nous reviendrons sur ce don dès que nous en
connaîtrons les détails.

Mme d'Hauvilliers, récemment décédée, a
légué au musée du Louvre le portrait de
Mme Leuillion de Thorigny, sa mère, par
Dubufe père.

Mme la marquise de Guerry, de son côté, a
légué au musée de Cluny, entre autres cho-
ses, une pèlerine en dentelles du dix septième
siècle et des miniatures.

*** La Ville de Paris a acquis à l'exposi-
tion posthume du peintre Fernand Pelez
quatre toiles de l'artiste : Sans asile,Le Petit
marchand de violettes, Nid de misère, et Les
Saltimbanques.

*** A la dernière séance du Conseil mu-
nicipal de Paris, M. Galli a fait décider que
la Ville exposera chaque année au mois d'oc-
tobre, au Petit-Palais, les œuvres qu'elle a
acquises, et M. d'Andigné a fait accepter
l'offre de M. Ernest May, d'un portrait de
M"° Mars par Girodet-Trioson.

*** La Ville de Paris avait ouvert un grand
concours d'architecture doté de prix impor-
tants pour la reconstruction des abattoirs de
la Villette.

Le jury a décerné les récompenses suivan-
tes ■

1er prix (20.000 fr.) au projet n° 7 de MM.
Maliquet, Farcy et Courièges ; — 2e prix
(15.000 fr.) au projet n° 8 de MM. Coudert et
Boulfroy ; — 3e prix (10.000 fr.) au projet
n° 16 de MM. Godon et Fournier; — 4e prix
(5.000 fr.) au projet n° 20 de M. Maignot ; —
5° prix (5.000 fr.) au projet n°9 portant com-
me devise « Macellum » ; — 6e prix (5.000fr.)
au projet n° 5 de MM. Charavel et Japy.

*** Il y a quelque temps, le Comité de la
Société Nationale des Beaux-Arts nomma une
commission en vue de rechercher et de pro-
poser certaines réformes de nature à donner
plus d'éclat à ses expositions. Parmi les amé-
liorations soumises à cette commission, il
fut proposé d'accueillir dans le Salon de la
Nationale les artistes français ou étrangers
éminents désireux d'y entrer et de les ac-
cueillir sans les soumettre à l'examen d'un
jury et sans leur faire attendre plusieurs
années le privilège du sociétariat. Cette dis-
position devrait être appliquée non seulement
aux maîtres déjà consacrés, mais aux jeunes
artistes encore inconnus qui apporteraient
un ensemble d'oeuvres remarquables. Accep-
 
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