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LA CHRONIQUE DES ARTS
est difficile d'en préciser la destination : peut-être
faut-il y voir le mécanisme d'une horloge rudimen-
taire ou de quelque jouet mécanique analogue à
ceux dont les auteurs nous ont transmis la des-
cription .
En'dégageant complètement le mur de défense
élevé au premier siècle avant notre ère, on a pu
établir d'une manière exacte le périmètre de la
ville primitive.
Le sanctuaire d'Apollon avait donné tout ce qu'il
pouvait donner au cours des fouilles antérieures ;
on va s'appliquer maintenant à chercher dans ses
abords restés jusqu'ici inexplorés.
La région de la montagne sacrée où la mytho-
logie place la naissance d'Apollon et d'Artémis a
été minutieusement étudiée pour identifier topo-
graphiquement les divers épisodes de la fable de
Latone. On a pu constater, en outre, que la mon-
tagne, et en particulier le bois sacré, était couverte
d'un réseau de routes régulièrement tracées avec
des stations établies de place en place ; c'était le
trajet des processions rituelles en l'honneur des
divinités de Délos. Cette montagne jouait un rôle
considérable dans les cérémonies sacrées d'alors.
M. Fougères compare son importance à celle de
villes comme Lourdes ou Avila.
En s'aidant du secours des géologues, les archéo-
logues ont pu constater que l'Inopos, le torrent si
souvent cité dans la fable, avait parfaitement
existé en réalité. On a retrouvé les vestiges de
deux grands réservoirs disposés de façon à capter
les eaux dans la partie supérieure du torrent afin
do les distribuer clans les quartiers bas de l'antique
Délos.
M. Fougères donnera lecture de la suite de son
rapport au début de la prochaine séance.
Election. — Entre temps, la Compagnie s'est
formée en comité secret pour procéder à l'élection
d'un correspondant français : son choix s'est porté
sur le nom de M. de Charmasse, d'Autun, à qui
l'on doit de remarquables travaux sur l'archéo-
logie médiévale.
REVUE DES REVUES
La Gazette illustrée des Amateurs de jar-
dins (1). — La Société des Amateurs de jardins
s'est donné pour tâche de remettre en honneur le
style français longtemps abandonné et d'adapter
aux besoins de notre époque les formules de
Le Nôtre. Après l'exposition de Bagatelle, voici le
périodique de grand luxe sorti de l'Imprimerie
Nationale : on trouvera dans ce premier numéro
des études, illustrées de belles planches, du comte
de Fels sur Le Château de Saint-Hubert, de M. L.
Corpechot, sur le peintre Gaston La Touche ; de
M. J.-C.-M. Forestier sur Les Petits Jardins d'au-
jourd'hui... Les amateurs de beaux livres, comme
les amateurs dejardins, accueilleront avec plaisir la
publication nouvelle.
Archiv fiir Kunstwissenschaft (fasc. I et II).
— Cette nouvelle publication (2), dirigée par trois
(1) Paraissant chaque saison. Paris, Emile-Paul.
In-folio, 10 francs le numéro.
(2) Editée à Leipzig, chez E.-A. Sceurann; quatre
fascicules in-folio, de chacun 20 planches, par an :
36 marks.
historiens d'art allemands, MM. Detlev von Ha-
deln, Hermann Voss et Morton Bernath, se pro-
pose d'apporter chaque trimestre aux travailleurs
et aux amateurs une somme de documents d'art
inédits sous forme de grandes reproductions de
peintures, dessins ou sculptures conservés dans
des collections particulières on des endroits peu
accessibles, et s'étendant depuis la fin du Moyen
âge jusqu'à la fin du xviii* siècle. Chaque fasci-
cule comprend 20 planches en phototypie soigneu-
sement exécutées et accompagnées do quatre pages
de courtes mais substantielles notices rédigées par
les plumes les plus autorisées et donnant toutes
les indications documentaires désirables.
Ces deux premiers fascicules nous apportent des
œuvres intéressantes, entre autres de Hans Leu,
Cranach le Vieux, Hans Weiditz, Hans Baldung,
Wolf Huber, Hans Daucher, Riemensclmeidcr, et
autres sculpteurs allemands primitifs, de Rubans
et Van Dyck, du Titien, L. Carrache, J. del Sellaio,
Neroccio di Landi, Gaudenzio Ferrari, Fr. Cossa,
Lorenzo Costa, Montagna, Lorenzo Bernini, Mo-
roni, Tiepolo, d'un Primitif français des environs
de 1500, de Perronncau, de Nattier, de Goya, etc.
Nous nous empressons de signaler aux érudits
cette utile publication, destinée â devenir un pré-
cieux instrument do travail.
BIBLIOGRAPHIE
James Me Neil Whistler : Sa vie et son œuvre.
Traduit et adapté de l'ouvrage original de F. et
J. Pennbll. Paris, Hachette. Un vol. in-4° de
439 pages, avec 74 planches hors texte.
Whistler, né en Amérique, a fait son éducation
en France de 1855 à 1859. A ce moment, comme
pendant tout le xix* siècle, l'école française était
partagée en deux groupes principaux, de tendances
nettement différentes. Les uns, disciples de l'Aca-
démie, font leur éducation dans la ville de Rome,
où ils ne trouvent guère d'autres modèles que
Michel-Ange et Raphaël, maîtres qui vivaient au
début du xvi" siècle et chez qui la recherche du
dessin faisait passer au second plan les autres
parties de l'art de peindre. Les autres peintres
français qui ne quittaient pas Paris ne connais-
saient ni Michel-Ange ni Raphaël, que l'on ne peut
réellement comprendre et aimer en dehors de Rome.
A Paris, leurs maîtres ce sont les tableaux du
Louvre, les Vénitiens du xvie siècle, surtout les
grands peintres du xvir» siècle, Rubens, Rem-
brandt, Velazquez. Whistler fut leur élève. 11 imita
d'abord Rembrandt, mais il ne tarda pas à aban-
donner sa peinture trop sombre et trop chargée de
matière, pour aller vers l'art plus souple et plus
frais de Velazquez. Whistler donna la forme la
plus personnelle à son art pendant ses séjours à
Londres. Là, il abandonna ce qu'il y avait d'un peu
commun dans les réalistes français, obéissant à sa
nature d'aristocrate, il devint un des plus raffinés
des maîtres modernes. — C'est cette vie qui nous
est racontée dans ce. nouveau livre, avec une abon-
dance de précieux détails que seules pouvaient
connaître des personnes ayant vécu dans l'intimité
de Whistler. Ce livre éclaire singulièrement la
nature du talent de cet artiste qui tient une place
tout à fait à part dans l'art mondial du xix" siècle.
Marcel Rbymond.
LA CHRONIQUE DES ARTS
est difficile d'en préciser la destination : peut-être
faut-il y voir le mécanisme d'une horloge rudimen-
taire ou de quelque jouet mécanique analogue à
ceux dont les auteurs nous ont transmis la des-
cription .
En'dégageant complètement le mur de défense
élevé au premier siècle avant notre ère, on a pu
établir d'une manière exacte le périmètre de la
ville primitive.
Le sanctuaire d'Apollon avait donné tout ce qu'il
pouvait donner au cours des fouilles antérieures ;
on va s'appliquer maintenant à chercher dans ses
abords restés jusqu'ici inexplorés.
La région de la montagne sacrée où la mytho-
logie place la naissance d'Apollon et d'Artémis a
été minutieusement étudiée pour identifier topo-
graphiquement les divers épisodes de la fable de
Latone. On a pu constater, en outre, que la mon-
tagne, et en particulier le bois sacré, était couverte
d'un réseau de routes régulièrement tracées avec
des stations établies de place en place ; c'était le
trajet des processions rituelles en l'honneur des
divinités de Délos. Cette montagne jouait un rôle
considérable dans les cérémonies sacrées d'alors.
M. Fougères compare son importance à celle de
villes comme Lourdes ou Avila.
En s'aidant du secours des géologues, les archéo-
logues ont pu constater que l'Inopos, le torrent si
souvent cité dans la fable, avait parfaitement
existé en réalité. On a retrouvé les vestiges de
deux grands réservoirs disposés de façon à capter
les eaux dans la partie supérieure du torrent afin
do les distribuer clans les quartiers bas de l'antique
Délos.
M. Fougères donnera lecture de la suite de son
rapport au début de la prochaine séance.
Election. — Entre temps, la Compagnie s'est
formée en comité secret pour procéder à l'élection
d'un correspondant français : son choix s'est porté
sur le nom de M. de Charmasse, d'Autun, à qui
l'on doit de remarquables travaux sur l'archéo-
logie médiévale.
REVUE DES REVUES
La Gazette illustrée des Amateurs de jar-
dins (1). — La Société des Amateurs de jardins
s'est donné pour tâche de remettre en honneur le
style français longtemps abandonné et d'adapter
aux besoins de notre époque les formules de
Le Nôtre. Après l'exposition de Bagatelle, voici le
périodique de grand luxe sorti de l'Imprimerie
Nationale : on trouvera dans ce premier numéro
des études, illustrées de belles planches, du comte
de Fels sur Le Château de Saint-Hubert, de M. L.
Corpechot, sur le peintre Gaston La Touche ; de
M. J.-C.-M. Forestier sur Les Petits Jardins d'au-
jourd'hui... Les amateurs de beaux livres, comme
les amateurs dejardins, accueilleront avec plaisir la
publication nouvelle.
Archiv fiir Kunstwissenschaft (fasc. I et II).
— Cette nouvelle publication (2), dirigée par trois
(1) Paraissant chaque saison. Paris, Emile-Paul.
In-folio, 10 francs le numéro.
(2) Editée à Leipzig, chez E.-A. Sceurann; quatre
fascicules in-folio, de chacun 20 planches, par an :
36 marks.
historiens d'art allemands, MM. Detlev von Ha-
deln, Hermann Voss et Morton Bernath, se pro-
pose d'apporter chaque trimestre aux travailleurs
et aux amateurs une somme de documents d'art
inédits sous forme de grandes reproductions de
peintures, dessins ou sculptures conservés dans
des collections particulières on des endroits peu
accessibles, et s'étendant depuis la fin du Moyen
âge jusqu'à la fin du xviii* siècle. Chaque fasci-
cule comprend 20 planches en phototypie soigneu-
sement exécutées et accompagnées do quatre pages
de courtes mais substantielles notices rédigées par
les plumes les plus autorisées et donnant toutes
les indications documentaires désirables.
Ces deux premiers fascicules nous apportent des
œuvres intéressantes, entre autres de Hans Leu,
Cranach le Vieux, Hans Weiditz, Hans Baldung,
Wolf Huber, Hans Daucher, Riemensclmeidcr, et
autres sculpteurs allemands primitifs, de Rubans
et Van Dyck, du Titien, L. Carrache, J. del Sellaio,
Neroccio di Landi, Gaudenzio Ferrari, Fr. Cossa,
Lorenzo Costa, Montagna, Lorenzo Bernini, Mo-
roni, Tiepolo, d'un Primitif français des environs
de 1500, de Perronncau, de Nattier, de Goya, etc.
Nous nous empressons de signaler aux érudits
cette utile publication, destinée â devenir un pré-
cieux instrument do travail.
BIBLIOGRAPHIE
James Me Neil Whistler : Sa vie et son œuvre.
Traduit et adapté de l'ouvrage original de F. et
J. Pennbll. Paris, Hachette. Un vol. in-4° de
439 pages, avec 74 planches hors texte.
Whistler, né en Amérique, a fait son éducation
en France de 1855 à 1859. A ce moment, comme
pendant tout le xix* siècle, l'école française était
partagée en deux groupes principaux, de tendances
nettement différentes. Les uns, disciples de l'Aca-
démie, font leur éducation dans la ville de Rome,
où ils ne trouvent guère d'autres modèles que
Michel-Ange et Raphaël, maîtres qui vivaient au
début du xvi" siècle et chez qui la recherche du
dessin faisait passer au second plan les autres
parties de l'art de peindre. Les autres peintres
français qui ne quittaient pas Paris ne connais-
saient ni Michel-Ange ni Raphaël, que l'on ne peut
réellement comprendre et aimer en dehors de Rome.
A Paris, leurs maîtres ce sont les tableaux du
Louvre, les Vénitiens du xvie siècle, surtout les
grands peintres du xvir» siècle, Rubens, Rem-
brandt, Velazquez. Whistler fut leur élève. 11 imita
d'abord Rembrandt, mais il ne tarda pas à aban-
donner sa peinture trop sombre et trop chargée de
matière, pour aller vers l'art plus souple et plus
frais de Velazquez. Whistler donna la forme la
plus personnelle à son art pendant ses séjours à
Londres. Là, il abandonna ce qu'il y avait d'un peu
commun dans les réalistes français, obéissant à sa
nature d'aristocrate, il devint un des plus raffinés
des maîtres modernes. — C'est cette vie qui nous
est racontée dans ce. nouveau livre, avec une abon-
dance de précieux détails que seules pouvaient
connaître des personnes ayant vécu dans l'intimité
de Whistler. Ce livre éclaire singulièrement la
nature du talent de cet artiste qui tient une place
tout à fait à part dans l'art mondial du xix" siècle.
Marcel Rbymond.