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La chronique des arts et de la curiosité — 1914(1916)

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Nr. 11 (14 Mars 1914)
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ET DE LA CURIOSITÉ

83

PETITES EXPOSITIONS

Neuvième Salon de la Société des Artistes

DÉCORATEURS

(Pavillon de Marsan)

Les efforts de ces bons artistes, qui luttent
contre l’esprit routinier des ébénistes et fabricants
français et dont on peut chaque année apprécier le
talent au Pavillon do Marsan ou au Salon d’Au-
tomne, sont cette fois particulièrement intéres-
sants. Cette exposition, en effet, ne contient guère
d’œuvre insignifiante et elle témoigne d'une di-
rection commune. Lors de l'exposition des Muni-
cboisen 1910 on opposa la discipline et la coordi-
nation de leurs tendances décoratives aux diver-
gences des nôtres : aujourd’hui nous croyons bien
assister à la formation d'un style. Les souvenirs
que nous pouvions évoquer lors du Salon d'Au-
tomne (1) reviennent moins précis et moins fré-
quents à la pensée ; les éléments sont assimilés.

Nous remarquons d'abord le goût de la belle
matière, fut-elle d'une humble origine. Plus de
déguisements, plus de placages, plus de truqua-
ges : MM. Decœur, Lenoble, Lachenal, aiment le
grès en son honnête simplicité ; M. Majorelle
l’acajou ciré tout uni ; M. Rivaud cisèle ses bijoux
dans l'argent; M. Décorchemont nous fait admirer
les transparences laiteuses de ses superbes pâtes
de verre ; Mme Le Meilleur taille ses robes dans
la toile la plus ordinaire et les orne de ficelles ;
M11* Ledru sculpte la corne.

Ce goût de la belle matière conduit bientôt les
artistes à celui de la somptuosité. Il semble que
l’éclat des œuvres de M. MaDzana-Pissarro res-
plendisse encore dans ces salles ; l’or, l’argent,
les métaux étincellent partout, sur les étoffes, ten-
tures de M. Follot, les coussins de M. Coudyser
et de M11” Myrtille, sur les vases de M. Dunand,
sur sa pendule en forme de caducée, sur les para-
vents gouaches, si beaux de ton, de M11* Lalique,
sur les cuirs de M11* de Félice ou de M. Clément
Mère. Ce goût de la somptuosité les conduit alors
à celui de la polychromie. Le coloris est encore
très ardent, mais peut-être moins exalté qu’au
dernier Salon d’Automne, à moins que l’habitude
n’émousse notre regard. Si les reliures sur par-
chemin de M. Mare, les faïences de M. Dhomme,
les verreries de MM. Luce et Marinot s’ornent de
bouquets aux teintes vives, certains, comme M.
Prévôt dans ses boîtes, affectionnent des tonalités
plus sourdes, et le violet sombre semble en faveur.
Les meubles — si l’on peut juger par les exem-
plaires produits — sout moins fréquemment laqués
de couleurs vives ; M. Tauzin expose une salie à
manger gris foncé, dont les murs sont décorés au
pochoir de baies rouges et vertes ; MM. Sue et
Palyart, un salon de repos aux nuances étouf-
fées ; M. Clément Mère, dos petits meubles joliment
colorés ; mais, en général, les ébénistes préfèrent
la clarté moins artificielle des bois naturels, non
pas qu’ils méprisent les bois rares, le loupe
d’orme, le paddouk, l’espénille, le bouleau d’Amé-
rique, l’acajou, les bois de rose ou de violette et
le houx.

Ce goût de la somptuosité, de la matière rare ne
va pas parfois sans une certaine lourdeur, — le
luxe n'aime-t-il pas souvent les accumulations, la

(1) Gazette des Beaux-Arts, 1913, t. II, p. 508.

surcharge? — Les formes, parfois graciles comme
dans les meubles do M. Cl. Mère, sont ailleurs so-
lides : les pieds de la table de la salle à manger dus
à M. Groult sont renflés en bulbe, cannelés, et s'ap-
puient sur un large sabot; les fauteuils de M. Fol-
lot comme les chaises de M. A. Mare sont de pro-
portions un peu courtes; les orfèvreries de M. Jen-
sen, d’une pesanteur qui a sa puissance.

Cependant les formes gardent une certaine sim-
plicité; elles n’offrent plus ces courbes et ces ren-
flements du « modem style » contemporain de 1900.
Nous retrouvons là les mêmes tendances que dans
la peinture actuelle, que dans les panneaux expo-
sés ici par MM. Waldraff, de Waroquier, dnns les
fresques de M. Marret ou dans les gravures de
M. Kern, le même désir de simplification décora-
tive. La nature n’est plus imitée avec son exubé-
rante richesse, elle est volontairement schémati-
sée. Les animaux de MM. Le Bourgeois, Bigot,
Sandoz, Billère, les fleurs qui ornent les tissus
imprimés de M. Thomas, sont réduits à leurs
lignes, à leurs plans les plus significatifs. C’est
pourquoi nous arrivons comme insensiblement au
décor géométrique : de même que, dans les vases
corinthiens, on trouvait à côté des animaux sim-
plifiés d’origine orientale des combinaisons harmo-
nieuses de lignes, nous observons ici sur les céra-
miques de M. Lachenal les imbrications chères à
ces potiers grecs.

Cette exposition est donc fertile en enseigne-
ments. Espérons qu’elle nous promet un renouveau
de notre art décoratif ; espérons que les fabricants et
le public sauront éditer et acheter de telles œuvres.

Exposition d’Art décoratif
(Galerie Manzi)

Nous retrouvons là MM. Dunand, Décorche-
mont, Marinot, Rumèbe, Rivaud, M11*L. Germain;
nous revoyons les céramiques de M. Methey, que
nous avons étudiées lors de son exposition parti-
culière, les pâtes de verre de M. Dammouse. A
côté, ce sont des terres cuites ou des bronzes de
M. Desbois, entre autres quelques masques fémi-
nins très délicatement modelés. Des dessins de
M. J. Bernard qui, dans leur originalité, rappellent
à la fois les fresques pompéiennes et les croquis
de M. Rodin, des portraits au crayon d'une admi-
rable acuité par Toulouse-Lautrec. Si nous igno-
rons pourquoi les Mères et les Enfants de Carrière,
les Cathédrales de Rouen par Monet, les admirables
pastels de M. Degas, figurent dans cette exposition
d’art décoratif, nous comprenons mieux la pré-
sence de ces Puvis, du grand carton pour Boston,
de la Fantaisie qui tient Pégase en laisse, de ces
Roussel qui semblent déjà classiques, de ce grand
panneau où M. Vuillard représente quelques
figures dans un salon au fond bleuté, de cette salle
à manger rouge de M. Bonnard, de ces Manzana-
Pissarro, de ces projets de tapisserie de M. Henri
Martin, de ces Bouleaux de M. Déziré, des chaudes
natures mortes de M"'* Gallier-Boissière ot des
grands bois si habilement taillés par M. Schmied.

« Les Intimistes »

(Galerie Hessèle)

Ils peignent do vieux intérieurs et des scènes
familières. Si quelques œuvres ressemblent à des
projets de tapissiers-antiquaires, d’autres ont une
valeur pittoresque et picturale. Nous signalerons
la Convalescente de M. E. Rouault, les peintures
do M. Caputo, exécutées franchement, mais non
 
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