ET DE LA CURIOSITÉ
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-entièrement constituée de chefs-d’œuvre de la Re-
naissance italienne et française.
Au nombre des pièces les plus remarquables
de la première école il faut citer un délicieux
tondo figurant L’Enfant Jésus accompagné du
petit saint Jean-Baptiste, chef-d’œuvre de Desi-
derio da Settignano ; les statuettes des deux petits
pages qui accostaient le mausolée du général de
la République Emo, conservé dans une église vé-
nitienne ; des tableaux précieux de Ghirlandajo,
■de Luini, de Mainardi ; des sculptures décoratives
lombardes ; des meubles italiens ; des céramiques
rares, en particulier le plus beau plat do Faënza
qu’on connaisse, et qui appartint jadis à la collec-
tion Beurdeley.
Parmi les œuvres françaises, la collection donnée
au Louvre contient le plus beau choix de meubles
qu’aient exécutés les ateliers de Gaillon, de la
Loire et de Lyon au seizième siècle, et notamment
l’admirable armoire de Hugues Sambin, qui figura
à l’Exposition de 1900. Les séries d’objets d’artne
sont pas moins riches en pièces précieuses. Ce sont
■des émaux limousins, des ivoires français du qua-
torzième siècle, des sculptures de la Renaissance
■française, etc.
La Gazette des Beaux-Arts parlera prochaine-
ment en détail de cette magnifique donation.
PETITES EXPOSITIONS
GnOUPE DE PEINTRES ET SCDI.PTEÜRS
(Galerie Levesque)
Plusieurs de ces œuvres avaient déjà paru en
■d’autres expositions ; nous avions déjà vu ces per-
sonnages couchés de M. Luc-Albert Moreau.
M. Beaufrère a peint une nature morte solide, et
une crique bretonne d’un joli sentiment décoratif.
Le paysage de M. Flandrin palpite d’une chaude
atmosphère d’été. M. Mainssieux exécute des paysa-
ges très verts sur un fond do collines bleues. M. de
Waroquier, du japonisme passe, si l’on peut dire,
au « voluminisme » et se rapproche de M. Mar-
chand, par exemple, qui est ici son voisin.
M-« Marval dispose toujours ses personnages en
de gracieuses attitudes. Nous citerons encore les
œuvres de ces excellents peintres que sont MM. Gué-
rin et Dufresne et des bons sculpteurs que sont
MM. Abbat, Halou, Despiau, Bernard et J.
Poupelet.
Les « Peintres de la. neige »
(Galerie Reitlinger)
M. Gharreton rend le scintillement multicolore
•et les reflets clairs de la neige ; M. G. Pierre
en aime l’éclat un peu voilé ; M. Glarence
■Gagnon dit les soleils sur les montagnes cana-
diennes ; M. Lebourg peint les brumes claires
qui montent de la neige amollie ; M. Lachman
représente les larges coulées de cette matière
légère ; M. Ozenfant compose d’extraordinaires
poèmes : après avoir décrit la mélancolie qui plane
sur le Volga gelé, il trouve dans la neige de Perm
•de vrais motifs de féerie, cependant que les aqua-
fortistes Calleboul, Baertsoen, Witsen disent la
tristesse des ciels noirs ou des dégels aux Pays-
Bas.
Exposition Georges Berges
(Galerie Allard)
M. Bergès est doué d’une étonnante facilité ;
<m sent qu’il se plaît à « enlever » un paysage. Il
aime la lumière ardente qui s’étouffe dans les
épaisseurs parfumées des jardins espagnols ; il
accumule les fleurs, les palmes, les fruits ; il ne se
donne pas la peine de choisir ni d’élaguer, il peint
toute cette abondante végétation. Aussi dans sa
Fontaine arabe ou ses Arceaux d'ifs, tend-il à
atteindre la richesse décorative. Il y parvient dans
ses Vapagallos : quelle somptueuse tapisserie l’on
tisserait en copiant ce carton ! Ces oiseaux tout
rouges éclatent dans le feuillage vert surchargé
d’oranges, tandis qu’en dessous on aperçoit une
allée d’eau qui s’allonge sous la fraîcheur de ses
jets. Cet amour de la vie grasse et épanouie anime
les personnages de M. Bergès, ces cigarrières, ces
danseuses, ces femmes assises aux portes de mai-
sons louches ; il se dégage de toutes ces toiles une
sensualité chaude et âcre. Ces tableaux sont exé-
cutés avec une matière riche qui n’empêche pas
M. Bergès de colorer, par exemple, des murs de
reflets légers et d’ombres transparentes.
Exposition Braquaval
(Galerie Chaîne et Simonson)
M. Braquaval étudie en de nombreuses toiles les
nuages qui courent sur la baie de la Somme ; cer-
taines rappellent un peu par leur tonalité gris
perle celles de Boudin; d’autres, comme sa Place
d'Abbeville ou son Quai de Saint-Valéry, sont plus
accentuées. M. Braquaval, malgré quelques séche-
resses, a rendu avec bonheur les transparences
mouillées de ce ciel toujours humide.
Exposition G. Agutte (M™ M. Sembat)
A la grande frise que M”8 Agutte exécuta sur
fibro-ciment, et dont la composition est dispersée
et l’exécution un peu sèche, nous préférons ses
aquarelles gouachées d’Italie et d’Allemagne, ses
paysages, comme Le Pont de Bonnières aux claires
tonalités, et surtout ses natures mortes, bouquets
d’ancolies, d’églantines ou de graines de fusain,
que nous avons déjà signalées lors des Salons.
Exposition DiuSsa
(Galerie Druet)
M. Drésa possède un aimable talent; il a su
profiter du goût contemporain pour le xvni' siè-
cle, l’Orient et les ballets russes; ses amusantes
aquarelles sont autant d’un homme d’esprit que
d’un artiste. S’il ne serre pas les formes de très
près, il indique toujours avec vivacité le mouve-
ment et compose avec grâce. Aussi a-t-il dessiné
de jolies illustrations, gravées avec un métier tout
analogue à celui de M. Georges Bruyer.
Exposition Van IIouten
(Galerie Blot)
M. van IIouten est doué d’un tempérament de
peintre. Il empâte largement ses toiles, pose ses
touches grassement, et de cette sorte de « maçon-
nerie » se dégagent do vivantes effigies de ma-
telots ou de turcos. Cette technique confère à
ses paysages, avec quelque lourdeur, un très vif
éclat. Sa Gare au toit vermillon, aux personnages
outremer, à la marquise verte est d'une couleur
très gaie; ses Grenadiers et ses Cyprès rappellent
un peu par leur manièreles œuvres de Van Gogh.
Exposition J.-E. Laboureur
(Galerie Groult)
M. Laboureur, dans ses bois, ne cherche pas
les demi-teintes ni les jeux de lumière ; il se con-
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-entièrement constituée de chefs-d’œuvre de la Re-
naissance italienne et française.
Au nombre des pièces les plus remarquables
de la première école il faut citer un délicieux
tondo figurant L’Enfant Jésus accompagné du
petit saint Jean-Baptiste, chef-d’œuvre de Desi-
derio da Settignano ; les statuettes des deux petits
pages qui accostaient le mausolée du général de
la République Emo, conservé dans une église vé-
nitienne ; des tableaux précieux de Ghirlandajo,
■de Luini, de Mainardi ; des sculptures décoratives
lombardes ; des meubles italiens ; des céramiques
rares, en particulier le plus beau plat do Faënza
qu’on connaisse, et qui appartint jadis à la collec-
tion Beurdeley.
Parmi les œuvres françaises, la collection donnée
au Louvre contient le plus beau choix de meubles
qu’aient exécutés les ateliers de Gaillon, de la
Loire et de Lyon au seizième siècle, et notamment
l’admirable armoire de Hugues Sambin, qui figura
à l’Exposition de 1900. Les séries d’objets d’artne
sont pas moins riches en pièces précieuses. Ce sont
■des émaux limousins, des ivoires français du qua-
torzième siècle, des sculptures de la Renaissance
■française, etc.
La Gazette des Beaux-Arts parlera prochaine-
ment en détail de cette magnifique donation.
PETITES EXPOSITIONS
GnOUPE DE PEINTRES ET SCDI.PTEÜRS
(Galerie Levesque)
Plusieurs de ces œuvres avaient déjà paru en
■d’autres expositions ; nous avions déjà vu ces per-
sonnages couchés de M. Luc-Albert Moreau.
M. Beaufrère a peint une nature morte solide, et
une crique bretonne d’un joli sentiment décoratif.
Le paysage de M. Flandrin palpite d’une chaude
atmosphère d’été. M. Mainssieux exécute des paysa-
ges très verts sur un fond do collines bleues. M. de
Waroquier, du japonisme passe, si l’on peut dire,
au « voluminisme » et se rapproche de M. Mar-
chand, par exemple, qui est ici son voisin.
M-« Marval dispose toujours ses personnages en
de gracieuses attitudes. Nous citerons encore les
œuvres de ces excellents peintres que sont MM. Gué-
rin et Dufresne et des bons sculpteurs que sont
MM. Abbat, Halou, Despiau, Bernard et J.
Poupelet.
Les « Peintres de la. neige »
(Galerie Reitlinger)
M. Gharreton rend le scintillement multicolore
•et les reflets clairs de la neige ; M. G. Pierre
en aime l’éclat un peu voilé ; M. Glarence
■Gagnon dit les soleils sur les montagnes cana-
diennes ; M. Lebourg peint les brumes claires
qui montent de la neige amollie ; M. Lachman
représente les larges coulées de cette matière
légère ; M. Ozenfant compose d’extraordinaires
poèmes : après avoir décrit la mélancolie qui plane
sur le Volga gelé, il trouve dans la neige de Perm
•de vrais motifs de féerie, cependant que les aqua-
fortistes Calleboul, Baertsoen, Witsen disent la
tristesse des ciels noirs ou des dégels aux Pays-
Bas.
Exposition Georges Berges
(Galerie Allard)
M. Bergès est doué d’une étonnante facilité ;
<m sent qu’il se plaît à « enlever » un paysage. Il
aime la lumière ardente qui s’étouffe dans les
épaisseurs parfumées des jardins espagnols ; il
accumule les fleurs, les palmes, les fruits ; il ne se
donne pas la peine de choisir ni d’élaguer, il peint
toute cette abondante végétation. Aussi dans sa
Fontaine arabe ou ses Arceaux d'ifs, tend-il à
atteindre la richesse décorative. Il y parvient dans
ses Vapagallos : quelle somptueuse tapisserie l’on
tisserait en copiant ce carton ! Ces oiseaux tout
rouges éclatent dans le feuillage vert surchargé
d’oranges, tandis qu’en dessous on aperçoit une
allée d’eau qui s’allonge sous la fraîcheur de ses
jets. Cet amour de la vie grasse et épanouie anime
les personnages de M. Bergès, ces cigarrières, ces
danseuses, ces femmes assises aux portes de mai-
sons louches ; il se dégage de toutes ces toiles une
sensualité chaude et âcre. Ces tableaux sont exé-
cutés avec une matière riche qui n’empêche pas
M. Bergès de colorer, par exemple, des murs de
reflets légers et d’ombres transparentes.
Exposition Braquaval
(Galerie Chaîne et Simonson)
M. Braquaval étudie en de nombreuses toiles les
nuages qui courent sur la baie de la Somme ; cer-
taines rappellent un peu par leur tonalité gris
perle celles de Boudin; d’autres, comme sa Place
d'Abbeville ou son Quai de Saint-Valéry, sont plus
accentuées. M. Braquaval, malgré quelques séche-
resses, a rendu avec bonheur les transparences
mouillées de ce ciel toujours humide.
Exposition G. Agutte (M™ M. Sembat)
A la grande frise que M”8 Agutte exécuta sur
fibro-ciment, et dont la composition est dispersée
et l’exécution un peu sèche, nous préférons ses
aquarelles gouachées d’Italie et d’Allemagne, ses
paysages, comme Le Pont de Bonnières aux claires
tonalités, et surtout ses natures mortes, bouquets
d’ancolies, d’églantines ou de graines de fusain,
que nous avons déjà signalées lors des Salons.
Exposition DiuSsa
(Galerie Druet)
M. Drésa possède un aimable talent; il a su
profiter du goût contemporain pour le xvni' siè-
cle, l’Orient et les ballets russes; ses amusantes
aquarelles sont autant d’un homme d’esprit que
d’un artiste. S’il ne serre pas les formes de très
près, il indique toujours avec vivacité le mouve-
ment et compose avec grâce. Aussi a-t-il dessiné
de jolies illustrations, gravées avec un métier tout
analogue à celui de M. Georges Bruyer.
Exposition Van IIouten
(Galerie Blot)
M. van IIouten est doué d’un tempérament de
peintre. Il empâte largement ses toiles, pose ses
touches grassement, et de cette sorte de « maçon-
nerie » se dégagent do vivantes effigies de ma-
telots ou de turcos. Cette technique confère à
ses paysages, avec quelque lourdeur, un très vif
éclat. Sa Gare au toit vermillon, aux personnages
outremer, à la marquise verte est d'une couleur
très gaie; ses Grenadiers et ses Cyprès rappellent
un peu par leur manièreles œuvres de Van Gogh.
Exposition J.-E. Laboureur
(Galerie Groult)
M. Laboureur, dans ses bois, ne cherche pas
les demi-teintes ni les jeux de lumière ; il se con-