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composition, se tient debout dans une pose tranquille, et semble ca-
cher quelque chose sous son péplus. Je reconnais dans ces deux jeu-
nes lilles les nymphes Ida et Adrastée (i), qui avaient reçu de Rhéa
l’ordre d’emporter l'enfant nouveau-né pour le soustraire à la voracité
de son père. L’objet qu’Adrastée cache dans les plis de son péplus,
n’est autre chose que le petit Jupiter qui va être confié par les deux
nymphes à la chèvre Amalthée.
Au revers, sont représentés trois personnages, savoir: un vieillard
drapé, une femme enveloppée dans son péplus, et la Victoire (2).
Revenons maintenant à Cronos. Nous avons dit que ses pieds étaient
à peine indiqués. On pourrait attribuer ce défaut à la négligence de
l’artiste, car les pieds des quatre figures de cette composition sont
assez mal dessinés. Quoi qu’il en soit, on 11e peut s’empêcher de
songer à la statue de Saturne placée dans l’Ærarium, à Rome, statue
qui avait les jambes liées par un fil de laine; l’on ne détachait ce fil de
laine qu’à la fête des Saturnales, au moment où les fers des esclaves
tombaient pour leur donner une liberté passagère (3). De là le pro-
verbe : Deos laneos pedes habere. Ajoutons que Lucien (4) fait dire à
Saturne, qu’il avait cédé l’empire à son (ils, parce qu’il était vieux et
podagre, ce qui l’empêchait de marcher.
Quant aux cheveux et à la barbe de couleur rouge, on pourrait
croire aussi que c’est un accident de la cuisson ou un oubli de la part
du peintre. Mais il faut faire attention au caractère de Saturne, dieu
sanguinaire, qui exige des victimes humaines, et dont la statue d’ai-
rain est rougie par les flammes. Les prêtres de Saturne, au dire
de Tertullien (5), étaient vêtus de costumes rouges ; des hommes roux
(suppôt), que l’on nommait Typhoniens (Tuçwvioi), étaient immolés en
Egypte, à Osiris (6). La couleur rouge convient donc essentiellement
(1) Apollod., I, 1, 6. — On donne aussi d’au-
tres noms aux nymphes qui eurent soin du nou-
veau-né.
(2) Catal. de vente de la collection du baron Ro-
ger, 1842, n0 119.
(3) Macrob., Saturn., I, 8.
(4) Saturnalia, t. III, p. 389, ed. Hemsterhuis.
(3) De Pallio, 4. Cum latioris purpuræ ambitio,
et ruboris galatici superjectio Saturnum commen-
dat.— Cf. Tertullian., de Testimonio animæ, 2.
(6) Diodor. Sicul., I, 88. — Plutarch., de Isid.
etOsirid., t. VII, p.496, ed. Reiske. — Il semble
que, chez les anciens, on ait confondu Saturne avec
Typhon. Voy. Ch. Lenormant, Nouv. galer. myth..
composition, se tient debout dans une pose tranquille, et semble ca-
cher quelque chose sous son péplus. Je reconnais dans ces deux jeu-
nes lilles les nymphes Ida et Adrastée (i), qui avaient reçu de Rhéa
l’ordre d’emporter l'enfant nouveau-né pour le soustraire à la voracité
de son père. L’objet qu’Adrastée cache dans les plis de son péplus,
n’est autre chose que le petit Jupiter qui va être confié par les deux
nymphes à la chèvre Amalthée.
Au revers, sont représentés trois personnages, savoir: un vieillard
drapé, une femme enveloppée dans son péplus, et la Victoire (2).
Revenons maintenant à Cronos. Nous avons dit que ses pieds étaient
à peine indiqués. On pourrait attribuer ce défaut à la négligence de
l’artiste, car les pieds des quatre figures de cette composition sont
assez mal dessinés. Quoi qu’il en soit, on 11e peut s’empêcher de
songer à la statue de Saturne placée dans l’Ærarium, à Rome, statue
qui avait les jambes liées par un fil de laine; l’on ne détachait ce fil de
laine qu’à la fête des Saturnales, au moment où les fers des esclaves
tombaient pour leur donner une liberté passagère (3). De là le pro-
verbe : Deos laneos pedes habere. Ajoutons que Lucien (4) fait dire à
Saturne, qu’il avait cédé l’empire à son (ils, parce qu’il était vieux et
podagre, ce qui l’empêchait de marcher.
Quant aux cheveux et à la barbe de couleur rouge, on pourrait
croire aussi que c’est un accident de la cuisson ou un oubli de la part
du peintre. Mais il faut faire attention au caractère de Saturne, dieu
sanguinaire, qui exige des victimes humaines, et dont la statue d’ai-
rain est rougie par les flammes. Les prêtres de Saturne, au dire
de Tertullien (5), étaient vêtus de costumes rouges ; des hommes roux
(suppôt), que l’on nommait Typhoniens (Tuçwvioi), étaient immolés en
Egypte, à Osiris (6). La couleur rouge convient donc essentiellement
(1) Apollod., I, 1, 6. — On donne aussi d’au-
tres noms aux nymphes qui eurent soin du nou-
veau-né.
(2) Catal. de vente de la collection du baron Ro-
ger, 1842, n0 119.
(3) Macrob., Saturn., I, 8.
(4) Saturnalia, t. III, p. 389, ed. Hemsterhuis.
(3) De Pallio, 4. Cum latioris purpuræ ambitio,
et ruboris galatici superjectio Saturnum commen-
dat.— Cf. Tertullian., de Testimonio animæ, 2.
(6) Diodor. Sicul., I, 88. — Plutarch., de Isid.
etOsirid., t. VII, p.496, ed. Reiske. — Il semble
que, chez les anciens, on ait confondu Saturne avec
Typhon. Voy. Ch. Lenormant, Nouv. galer. myth..