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cru reconnaître Octavie, sous la forme de la Victoire, M. Bompois,
malgré ce qu’a d’ingénieux et de séduisant cette explication, se refuse
à l admettre. En effet, si, comme on l’a dit, les chiffres A. XL et A. XLI,
tracés au revers, dans le champ, indiquent l’âge de Marc-Antoine (i),
ces petites pièces d’argent doivent avoir été émises dans les années
711 et 712 de Rome (43 et 4a av. J.-C.). Marc-Antoine, d’après quel-
ques auteurs, au dire de Plutarque (2), mourut l’an 724 de Rome
(3o av. J.-G.), à l’âge de cinquante-trois ans. Sa naissance se placerait
donc en l’an 671 (83 av. J.-G.), et par conséquent il aurait eu quarante
ans en 7 1 r, année en laquelle, par ordre du sénat, L. Munatius Plan-
cus fonda la colonie romaine de Lugdunum (3). En cette même année,
Antoine obtint le gouvernement de la Gaule, mais dans le courant
de l’année suivante, 712, il fut obligé de quitter cette province. Or,
en 711 et 712, l’ambitieuse Fulvie, la femme de Marc-Antoine, vivait
encore, et ce ne fut que vers la fin de 714, par conséquent deux ans
après l’émission des quinaires de Lyon, que le triumvir épousa Oc-
tavie (4)- G’est faute d’avoir fait attention à ces dates que Duchalais
est tombé dans l’erreur relevée par M. Bompois. Mais je crois qu’on
peut aller plus loin, et j’ajouterai aux excellentes observations de
M. Bompois que ce n’est pas Octavie, la sœur d’Auguste, qu’on doit
reconnaître dans le buste ailé des quinaires de Lyon, mais bien Fulvie,
qui figure, avec les attributs de la Victoire, comme l’a fait observer
M. Waddington, sur une très-rare monnaie de bronze qu’il a publiée (5).
On doit convenir que le type des quinaires de Lyon a un caractère
iconographique très-prononcé. Maintenant restent le rare aureus de
(1) Cette opinion, émise avec quelque hésita-
tion par Eckhel (Dod. num., t. VI, p. 40), est
adoptée par Borghesi, Decad,. X, oss. 7; Œuvres
numism., t. I, p. 498. — C’est ainsi que le chiffre
111 sur les monnaies de Jules César a été expli-
qué aussi comme indiquant l’âge du dictateur. Bor-
ghesi, l. cit.; Œuvres numism., t. I, p. 493. Cf.
ce que dit à ce sujet le comte de Salis, Revue
arch., t. XIV, 1866, p. 17 et suiv.
(2) M. Anton., LXXXVII.
(3) Dio Cass., XLVI, 30; Senec., Epist., XCI.
(4) Appian., Bell, civ., V, 64; Dio Cass., XLVIII,
3; Plutarch., M. Anton., XXXI. Cf. Eckhel, Doct.
num., t. VI, p. 139; Borghesi, Decad. VIII, oss. 10;
Œuvres numism., t. I, p. 413, et Decad. XIII,
oss. 2; Œuvres numism., t. II, p. 90.
(3) Revue numism., 1833 pl. x, n° 5. La mon-
naie en question porte la légende cj)OYAOYI A-
NfiN, et M. Waddington (l. cit., p. 248) pense
que le nom de Fulvia, qui n’est mentionné par
aucun auteur, a été donné pendant quelque temps
à la ville d’Eumenia de Phrygie, en l’honneur de
Fulvie, femme de Marc-Antoine.—C’est M. Feuar-
dent qui a appelé mon attention sur cette monnaie
de Fulvia et m’a mis sur la voie pour trouver ce
précieux rapprochement.
cru reconnaître Octavie, sous la forme de la Victoire, M. Bompois,
malgré ce qu’a d’ingénieux et de séduisant cette explication, se refuse
à l admettre. En effet, si, comme on l’a dit, les chiffres A. XL et A. XLI,
tracés au revers, dans le champ, indiquent l’âge de Marc-Antoine (i),
ces petites pièces d’argent doivent avoir été émises dans les années
711 et 712 de Rome (43 et 4a av. J.-C.). Marc-Antoine, d’après quel-
ques auteurs, au dire de Plutarque (2), mourut l’an 724 de Rome
(3o av. J.-G.), à l’âge de cinquante-trois ans. Sa naissance se placerait
donc en l’an 671 (83 av. J.-G.), et par conséquent il aurait eu quarante
ans en 7 1 r, année en laquelle, par ordre du sénat, L. Munatius Plan-
cus fonda la colonie romaine de Lugdunum (3). En cette même année,
Antoine obtint le gouvernement de la Gaule, mais dans le courant
de l’année suivante, 712, il fut obligé de quitter cette province. Or,
en 711 et 712, l’ambitieuse Fulvie, la femme de Marc-Antoine, vivait
encore, et ce ne fut que vers la fin de 714, par conséquent deux ans
après l’émission des quinaires de Lyon, que le triumvir épousa Oc-
tavie (4)- G’est faute d’avoir fait attention à ces dates que Duchalais
est tombé dans l’erreur relevée par M. Bompois. Mais je crois qu’on
peut aller plus loin, et j’ajouterai aux excellentes observations de
M. Bompois que ce n’est pas Octavie, la sœur d’Auguste, qu’on doit
reconnaître dans le buste ailé des quinaires de Lyon, mais bien Fulvie,
qui figure, avec les attributs de la Victoire, comme l’a fait observer
M. Waddington, sur une très-rare monnaie de bronze qu’il a publiée (5).
On doit convenir que le type des quinaires de Lyon a un caractère
iconographique très-prononcé. Maintenant restent le rare aureus de
(1) Cette opinion, émise avec quelque hésita-
tion par Eckhel (Dod. num., t. VI, p. 40), est
adoptée par Borghesi, Decad,. X, oss. 7; Œuvres
numism., t. I, p. 498. — C’est ainsi que le chiffre
111 sur les monnaies de Jules César a été expli-
qué aussi comme indiquant l’âge du dictateur. Bor-
ghesi, l. cit.; Œuvres numism., t. I, p. 493. Cf.
ce que dit à ce sujet le comte de Salis, Revue
arch., t. XIV, 1866, p. 17 et suiv.
(2) M. Anton., LXXXVII.
(3) Dio Cass., XLVI, 30; Senec., Epist., XCI.
(4) Appian., Bell, civ., V, 64; Dio Cass., XLVIII,
3; Plutarch., M. Anton., XXXI. Cf. Eckhel, Doct.
num., t. VI, p. 139; Borghesi, Decad. VIII, oss. 10;
Œuvres numism., t. I, p. 413, et Decad. XIII,
oss. 2; Œuvres numism., t. II, p. 90.
(3) Revue numism., 1833 pl. x, n° 5. La mon-
naie en question porte la légende cj)OYAOYI A-
NfiN, et M. Waddington (l. cit., p. 248) pense
que le nom de Fulvia, qui n’est mentionné par
aucun auteur, a été donné pendant quelque temps
à la ville d’Eumenia de Phrygie, en l’honneur de
Fulvie, femme de Marc-Antoine.—C’est M. Feuar-
dent qui a appelé mon attention sur cette monnaie
de Fulvia et m’a mis sur la voie pour trouver ce
précieux rapprochement.