LE PORTRAIT DE LOUIS II D ANJOU, ROI DE SICILE
A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
(PLANCHE 20.)
J'imagine que la mention de citée plus haut, provenait du ton poussiéreux
mis par le temps sur les couleurs de l'aquarelle. Toutefois la peinture en avait été
respectée par le malencontreux qui avait cru devoir agrandir la pièce à sa guise. La
ligure était heureusement indemne et témoignait de l'effort sérieux d'un artiste, qui
n'avait pas attendu Jean Fouquet pour se montrer un maître de premier ordre.
A quoi bon chercher un nom pour en signer cette page remarquable ? Le plus souvent
ces identifications hasardées entre un tableau et un peintre ne servent qu'à égarer
ceux qui en veulent écrire après. L'aquarelle de M. Miller est assurément une œuvre
française, le travail de l'un de ces K gens de mestier D, tout aussi bien occupés à
colorier des armoiries, à barbouiller des murs de chapelles, qu'à composer eux-mêmes
des figures, comme on les rencontre très nombreux dans les comptes royaux. Je ne
nommerai ni Colart de Laon, ni personne, parce que tout autre eût « pu besogner de
son art en mesme guise et manière M. Si l'on s'ingéniait à chercher dans le portrait de
Louis d'Anjou l'influence d'une école, ce serait celle de Bourgogne ou des Flandres que
j'y penserais trouver, un peu de la manière des van Eyck, dans laquelle la face humaine
revêt ce cachet de simplicité majestueuse et digne, de froideur un peu morne dont
notre personnage porte l'empreinte.
La lettre placée au verso est postérieure à la peinture, puisqu'on y nomme le foy
et que cette épithète ne fut donnée couramment à ce prince qu'après sa mort.
C'est là, suivant nous, une note d'inventaire mise par des experts, sans doute sur la
foi d'une inscription plus ancienne; cependant nous n'avons découvert aucune mention
de ce portrait dans les papiers du roi René. Quant à Gaignières, souvent plus affirmatif
et plus précis , il ne nous dit pas où était Ù3 à l'époque où il le fit copier.
Une signature, mise à la suite de la note ci-dessus, et appartenant à un collectionneur
célèbre, J. Ballesdens, nous permettra d'en dire plus long tout à l'heure.
Il n'y a donc plus guère lieu de tenir compte des vitraux du Mans ni de la singulière
figure du roi Louis II qu'ils nous représentent. Ces sortes de travaux se traitaient de
4. Voir la GazeGa arc7nioîo(yàyMa, année 1886, pp. 64-67.
A LA BIBLIOTHÈQUE NATIONALE
(PLANCHE 20.)
J'imagine que la mention de citée plus haut, provenait du ton poussiéreux
mis par le temps sur les couleurs de l'aquarelle. Toutefois la peinture en avait été
respectée par le malencontreux qui avait cru devoir agrandir la pièce à sa guise. La
ligure était heureusement indemne et témoignait de l'effort sérieux d'un artiste, qui
n'avait pas attendu Jean Fouquet pour se montrer un maître de premier ordre.
A quoi bon chercher un nom pour en signer cette page remarquable ? Le plus souvent
ces identifications hasardées entre un tableau et un peintre ne servent qu'à égarer
ceux qui en veulent écrire après. L'aquarelle de M. Miller est assurément une œuvre
française, le travail de l'un de ces K gens de mestier D, tout aussi bien occupés à
colorier des armoiries, à barbouiller des murs de chapelles, qu'à composer eux-mêmes
des figures, comme on les rencontre très nombreux dans les comptes royaux. Je ne
nommerai ni Colart de Laon, ni personne, parce que tout autre eût « pu besogner de
son art en mesme guise et manière M. Si l'on s'ingéniait à chercher dans le portrait de
Louis d'Anjou l'influence d'une école, ce serait celle de Bourgogne ou des Flandres que
j'y penserais trouver, un peu de la manière des van Eyck, dans laquelle la face humaine
revêt ce cachet de simplicité majestueuse et digne, de froideur un peu morne dont
notre personnage porte l'empreinte.
La lettre placée au verso est postérieure à la peinture, puisqu'on y nomme le foy
et que cette épithète ne fut donnée couramment à ce prince qu'après sa mort.
C'est là, suivant nous, une note d'inventaire mise par des experts, sans doute sur la
foi d'une inscription plus ancienne; cependant nous n'avons découvert aucune mention
de ce portrait dans les papiers du roi René. Quant à Gaignières, souvent plus affirmatif
et plus précis , il ne nous dit pas où était Ù3 à l'époque où il le fit copier.
Une signature, mise à la suite de la note ci-dessus, et appartenant à un collectionneur
célèbre, J. Ballesdens, nous permettra d'en dire plus long tout à l'heure.
Il n'y a donc plus guère lieu de tenir compte des vitraux du Mans ni de la singulière
figure du roi Louis II qu'ils nous représentent. Ces sortes de travaux se traitaient de
4. Voir la GazeGa arc7nioîo(yàyMa, année 1886, pp. 64-67.