LES ARCHITECTES DU CHATEAU DE FONTAINEBLEAU
(DEUXŒME ARTTCLE)
S'il fallait ajouter foi à certaine anecdote rapportée dans leJoMv?z%7 de
M"'° de Villedieu \ la construction et la décoration de la Grotte des Pins auraient été
achevées avant l'année 1537. En effet, d'après cette anecdote, le roi Jacques V d'Ecosse,
qui séjourna cette année-là à Fontainebleau, se serait caché dans un endroit secret de
cette Grotte pour contempler, à son aise et avant le mariage, les charmes de la hile de
François F**, la princesse Madeleine, à laquelle il devait s'unir. Ce serait un joli
chapitre à ajouter aux D<v?%6S de Brantôme, si le chapitre était vraisemblable.
Si cette histoire s'accorde assez bien avec ce que nous savons des mœurs de la cour du
roi-chevalier, il ne faut pas oublier non plus que la Grotte des Pins n'a jamais été une
salle de bain ; cela se conçoit, puisque le premier étage de la galerie d'Ulysse, à l'extré-
mité de laquelle elle se trouvait, n'a jamais fait partie des appartements proprement
dits; quant au rez-de-chaussée, il était habité par des gens de service. On sait, d'ailleurs,
que les bains, richement décorés de peintures et de stucs, furent établis sous la Galerie
de François F'*. Mais ce sont là des considérations accessoires qui ne subiraient pas à
trancher la question. Ce qui doit la résoudre complètement, c'est l'examen de la Grotte
des Pins elle-même. L'état déplorable dans lequel elle se trouve aujourd'hui permet
cependant de reconnaître, parmi les stucs de la voûte, différents emblèmes parmi
lesquels figurent des croissants, lesquels croissants ne peuvent être antérieurs à 1547.
C'est donc dans une bâtisse en construction, terminée seulement sous Henri II, qu'en
1537, une princesse est venue étaler complaisamment ses charmes.
II y a dans la F7e <7% Æosso, par Vasari, un texte sur lequel on a passé trop légère-
ment. Après nous avoir dit que le Rosso <( nell'architettura fu eccelentissimo e straor-
dinario' Vasari nous parle d'une salle appelée le " padiglione " que le Rosso
décora de stucs et de peintures h Ce pavillon a fort embarrassé les annotateurs de
Vasari, etM. Milanesi admet, dans sa dernière édition, qu'il s'agit là delà chambre de
1. M"*" de Villedieu, Journal awmwvM?, éd. de Paris,
1741. in-12^, p. 398-399.
2. Vila /lasso, éd. Miianesi, t. V, p. 156.
3. page 169 : a Fece poi un' attra sala, chiamata
il padiglione, perchée sopra il primo piano delle stanze
di sopra, che viene a essere l'ultima sopra tulte l'altre
e in forma di padiglione; la quale stanza condusse dal
piano del pavimento lino agli arcibanchi, con vari e bclli
ornamenti di stucchi, e ligure tutte tonde, spartite con
egual distanza, con putti, festoni e varie sorti d'animali;
e negli spartimenti de'piani, una figura a fresco a sedere,
in si gran numéro, che in essi si veggiono ligurati tutti
gli Dei e Dee degli antichi e gentili : e nel line, sopra le
linestre, è un fregio tutto ornato di stucchi e richissimo ,
ma senza pitture. "
(DEUXŒME ARTTCLE)
S'il fallait ajouter foi à certaine anecdote rapportée dans leJoMv?z%7 de
M"'° de Villedieu \ la construction et la décoration de la Grotte des Pins auraient été
achevées avant l'année 1537. En effet, d'après cette anecdote, le roi Jacques V d'Ecosse,
qui séjourna cette année-là à Fontainebleau, se serait caché dans un endroit secret de
cette Grotte pour contempler, à son aise et avant le mariage, les charmes de la hile de
François F**, la princesse Madeleine, à laquelle il devait s'unir. Ce serait un joli
chapitre à ajouter aux D<v?%6S de Brantôme, si le chapitre était vraisemblable.
Si cette histoire s'accorde assez bien avec ce que nous savons des mœurs de la cour du
roi-chevalier, il ne faut pas oublier non plus que la Grotte des Pins n'a jamais été une
salle de bain ; cela se conçoit, puisque le premier étage de la galerie d'Ulysse, à l'extré-
mité de laquelle elle se trouvait, n'a jamais fait partie des appartements proprement
dits; quant au rez-de-chaussée, il était habité par des gens de service. On sait, d'ailleurs,
que les bains, richement décorés de peintures et de stucs, furent établis sous la Galerie
de François F'*. Mais ce sont là des considérations accessoires qui ne subiraient pas à
trancher la question. Ce qui doit la résoudre complètement, c'est l'examen de la Grotte
des Pins elle-même. L'état déplorable dans lequel elle se trouve aujourd'hui permet
cependant de reconnaître, parmi les stucs de la voûte, différents emblèmes parmi
lesquels figurent des croissants, lesquels croissants ne peuvent être antérieurs à 1547.
C'est donc dans une bâtisse en construction, terminée seulement sous Henri II, qu'en
1537, une princesse est venue étaler complaisamment ses charmes.
II y a dans la F7e <7% Æosso, par Vasari, un texte sur lequel on a passé trop légère-
ment. Après nous avoir dit que le Rosso <( nell'architettura fu eccelentissimo e straor-
dinario' Vasari nous parle d'une salle appelée le " padiglione " que le Rosso
décora de stucs et de peintures h Ce pavillon a fort embarrassé les annotateurs de
Vasari, etM. Milanesi admet, dans sa dernière édition, qu'il s'agit là delà chambre de
1. M"*" de Villedieu, Journal awmwvM?, éd. de Paris,
1741. in-12^, p. 398-399.
2. Vila /lasso, éd. Miianesi, t. V, p. 156.
3. page 169 : a Fece poi un' attra sala, chiamata
il padiglione, perchée sopra il primo piano delle stanze
di sopra, che viene a essere l'ultima sopra tulte l'altre
e in forma di padiglione; la quale stanza condusse dal
piano del pavimento lino agli arcibanchi, con vari e bclli
ornamenti di stucchi, e ligure tutte tonde, spartite con
egual distanza, con putti, festoni e varie sorti d'animali;
e negli spartimenti de'piani, una figura a fresco a sedere,
in si gran numéro, che in essi si veggiono ligurati tutti
gli Dei e Dee degli antichi e gentili : e nel line, sopra le
linestre, è un fregio tutto ornato di stucchi e richissimo ,
ma senza pitture. "