SUR UN M1SS0RIUM
DE LA COLLECTtON DE M. EUG. PtOT
(PLANCHE 2i.)
Il a déjà été question, dans ce recueil, des vases d'argent, de table, connus sous le nom
de M. Adrien de Longpérier, avec cette discrète exactitude, jalouse de ne rien
donner au hasard, qui caractérise ses écrits, y est revenu à trois reprises différentes*.
Le mot 7?2?'sso?h%??2 est souvent rappelé dans le savant inventaire de l'argenterie trouvée
dans les Gaules, publié ici même par MM. H. Thédenat et Héron de Villefosse; qu'il me
soit permis d'y revenir à mon tour à propos d'un de ces disques d'argent, resté inédit,
qui vient d'entrer dans ma collection et que j'ai désiré présenter aux lecteurs de la
Nous chercherons à préciser d'avantage la nature et la destina-
tion de ces sortes de monuments, splendeur du des anciens, dont l'usage
s'est prolongé chez nous pendant la première partie du Moyen-Age ; la diversité des
noms sous lesquels ils ont été désignés; les représentations dont ils étaient ornés.
I.
Le nom de ??Hsso7U/?27%, adopté par les écrivains français des vi" et vin" siècles, et
que nous ne faisons nulle difficulté de conserver, n'est pas celui sous lequel ces pièces
d'argenterie étaient connues chez les Romains. Pétrone, dans sa description du festin
de Trimalchion, et Pline le Naturaliste, à plusieurs reprises, se servent du mot rcjoosf-
qui caractérise mieux leur usage. L'étymologie, l'origine du mot wissorRTTW,
adopté beaucoup plus tard, paraissait douteuse à Isidore de Séville, un contemporain.
(Z disait-il, hc7uhwGu7?U7?2,
Nous avons rencontré, dans l'Anthologie grecque, trois épigrammes, que l'on retrou-
vera plus loin, relatives à nos missorium : lune se sert du mot 7%2'%soWo72,, les deux
autres emploient le mot oGsc?os. Un seul cas, peut-être unique, de l'emploi de ce mot,
que l'on ne retrouve ni dans Hésechius , ni dans Suidas, vocabulistes contemporains, ne
suffit pas pour en faire un mot grec. Il est plus naturel de penser que l'écrivain byzantin
qui s'en est servi, par uh C'7q/?mt, comme on dit en Ilalie, ou par affectation
d'étrangeté, l'aura emprunté à un dialecte de l'Asie et que sous cette forme nous avons
très-probablement le nom d'origine de ces tables de métal précieux que les Grecs avaient
empruntées au luxe des Perses. Leur usage se retrouve encore aujourd'hui chez les musul-
mans, avec cette différence qu'elles ne sont plus d'argent massif, le Coran en prohibe
l'emploi pour les usages de la table, mais le bronze est couvert de légendes religieuses
gravées et damasquinées.
I. CrtseGe , vol. V, p. 43, et voL VUt, p. 7 et 78.
DE LA COLLECTtON DE M. EUG. PtOT
(PLANCHE 2i.)
Il a déjà été question, dans ce recueil, des vases d'argent, de table, connus sous le nom
de M. Adrien de Longpérier, avec cette discrète exactitude, jalouse de ne rien
donner au hasard, qui caractérise ses écrits, y est revenu à trois reprises différentes*.
Le mot 7?2?'sso?h%??2 est souvent rappelé dans le savant inventaire de l'argenterie trouvée
dans les Gaules, publié ici même par MM. H. Thédenat et Héron de Villefosse; qu'il me
soit permis d'y revenir à mon tour à propos d'un de ces disques d'argent, resté inédit,
qui vient d'entrer dans ma collection et que j'ai désiré présenter aux lecteurs de la
Nous chercherons à préciser d'avantage la nature et la destina-
tion de ces sortes de monuments, splendeur du des anciens, dont l'usage
s'est prolongé chez nous pendant la première partie du Moyen-Age ; la diversité des
noms sous lesquels ils ont été désignés; les représentations dont ils étaient ornés.
I.
Le nom de ??Hsso7U/?27%, adopté par les écrivains français des vi" et vin" siècles, et
que nous ne faisons nulle difficulté de conserver, n'est pas celui sous lequel ces pièces
d'argenterie étaient connues chez les Romains. Pétrone, dans sa description du festin
de Trimalchion, et Pline le Naturaliste, à plusieurs reprises, se servent du mot rcjoosf-
qui caractérise mieux leur usage. L'étymologie, l'origine du mot wissorRTTW,
adopté beaucoup plus tard, paraissait douteuse à Isidore de Séville, un contemporain.
(Z disait-il, hc7uhwGu7?U7?2,
Nous avons rencontré, dans l'Anthologie grecque, trois épigrammes, que l'on retrou-
vera plus loin, relatives à nos missorium : lune se sert du mot 7%2'%soWo72,, les deux
autres emploient le mot oGsc?os. Un seul cas, peut-être unique, de l'emploi de ce mot,
que l'on ne retrouve ni dans Hésechius , ni dans Suidas, vocabulistes contemporains, ne
suffit pas pour en faire un mot grec. Il est plus naturel de penser que l'écrivain byzantin
qui s'en est servi, par uh C'7q/?mt, comme on dit en Ilalie, ou par affectation
d'étrangeté, l'aura emprunté à un dialecte de l'Asie et que sous cette forme nous avons
très-probablement le nom d'origine de ces tables de métal précieux que les Grecs avaient
empruntées au luxe des Perses. Leur usage se retrouve encore aujourd'hui chez les musul-
mans, avec cette différence qu'elles ne sont plus d'argent massif, le Coran en prohibe
l'emploi pour les usages de la table, mais le bronze est couvert de légendes religieuses
gravées et damasquinées.
I. CrtseGe , vol. V, p. 43, et voL VUt, p. 7 et 78.