ETUDE SUR QUELQUES CAMÉES
DU CABINET DES MEDAILLES
En ce qui concerne les pierres gravées, les choses se passèrent ainsi dans l'antiquité
et dans les temps relativement modernes; elles se passent encore de même aujourd'hui.
Sur les gemmes, ainsi que sur les médailles et les monnaies, la modestie de la signature
est commandée, indépendamment des droits de bienséance, par les dimensions restreintes
de l'espace dont disposent les artistes. Les signatures que je viens de citer sur des camées
ou des intailles de temps relativement modernes, celles d'artistes encore plus voisins
de nous, ceux de la lin du xvnE siècle et du commencement du xix", celles de nos con-
temporains, sont en caractères menus et en creux, et h faut les chercher pour les aper-
cevoir. Les artistes de l'Asie ont suivi en cela les mêmes usages que ceux de l'Europe;
je n'ai jamais rencontré qu'un seul spécimen de l'art de la gravure en pierres fines
en Asie qui ait été exécuté dans les temps modernesb C'est un camée sur une belle
sardonyx, que j'ai pu acquérir, il y aura bientôt 20 ans, pour le Cabinet des Médailles
et que j'ai publié dans la de M. Louis Fould, en 1861 b Or,
ce rare et précieux objet d'art qui date du xvu° siècle est signé, mais dans les conditions
de réserve que je considère comme obligatoires. Le Grand Mogol y est représenté
coupant un lion en deux, comme on voit si souvent le Grand Roi sur les monuments
de la Perse, et on y lit deux inscriptions persanes gravées en creux et en caractères
microscopiques. La première, en haut, à gauche, nous donne les noms du souverain
de l'indoustan qui régna de 1627 à 1666. « Portrait du second Sahib-Kiran, Chàh-
Djiban, empereur victorieux. ^ La seconde, aussi à gauche, mais en bas, nous apprend
le nom de l'auteur : K Fait par Kan-Aten. »
Je ne puis prendre à partie tous les camées signés regardés comme antiques et dont
on a considéré les signatures comme telles. Cependant, il en est un, entre autres, que
je n'ai pas vu en nature, et dont je crois pouvoir parler avec assurance, n'étant pas
seul de mon avis à son sujet. C'est le camée connu depuis le xvE siècle sous le nom de
L Voyez thcseh'e année 1885, p. 396 à
40 ), et 1886, p. 16 à 24 et 139 à 160.
2. Je ne parle pas des nombreux cachets orientaux qui
ne portent que des noms propres ou des maximes : je
parle de camées ou d'intailles avec sujets.
3. V. p. 181. J'ai publié de nouveau ce monument avec
plus de développements dans la Hcw nrcim'o/oiyh/Mg,
N. S., t. XIX, p. 425.
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DU CABINET DES MEDAILLES
En ce qui concerne les pierres gravées, les choses se passèrent ainsi dans l'antiquité
et dans les temps relativement modernes; elles se passent encore de même aujourd'hui.
Sur les gemmes, ainsi que sur les médailles et les monnaies, la modestie de la signature
est commandée, indépendamment des droits de bienséance, par les dimensions restreintes
de l'espace dont disposent les artistes. Les signatures que je viens de citer sur des camées
ou des intailles de temps relativement modernes, celles d'artistes encore plus voisins
de nous, ceux de la lin du xvnE siècle et du commencement du xix", celles de nos con-
temporains, sont en caractères menus et en creux, et h faut les chercher pour les aper-
cevoir. Les artistes de l'Asie ont suivi en cela les mêmes usages que ceux de l'Europe;
je n'ai jamais rencontré qu'un seul spécimen de l'art de la gravure en pierres fines
en Asie qui ait été exécuté dans les temps modernesb C'est un camée sur une belle
sardonyx, que j'ai pu acquérir, il y aura bientôt 20 ans, pour le Cabinet des Médailles
et que j'ai publié dans la de M. Louis Fould, en 1861 b Or,
ce rare et précieux objet d'art qui date du xvu° siècle est signé, mais dans les conditions
de réserve que je considère comme obligatoires. Le Grand Mogol y est représenté
coupant un lion en deux, comme on voit si souvent le Grand Roi sur les monuments
de la Perse, et on y lit deux inscriptions persanes gravées en creux et en caractères
microscopiques. La première, en haut, à gauche, nous donne les noms du souverain
de l'indoustan qui régna de 1627 à 1666. « Portrait du second Sahib-Kiran, Chàh-
Djiban, empereur victorieux. ^ La seconde, aussi à gauche, mais en bas, nous apprend
le nom de l'auteur : K Fait par Kan-Aten. »
Je ne puis prendre à partie tous les camées signés regardés comme antiques et dont
on a considéré les signatures comme telles. Cependant, il en est un, entre autres, que
je n'ai pas vu en nature, et dont je crois pouvoir parler avec assurance, n'étant pas
seul de mon avis à son sujet. C'est le camée connu depuis le xvE siècle sous le nom de
L Voyez thcseh'e année 1885, p. 396 à
40 ), et 1886, p. 16 à 24 et 139 à 160.
2. Je ne parle pas des nombreux cachets orientaux qui
ne portent que des noms propres ou des maximes : je
parle de camées ou d'intailles avec sujets.
3. V. p. 181. J'ai publié de nouveau ce monument avec
plus de développements dans la Hcw nrcim'o/oiyh/Mg,
N. S., t. XIX, p. 425.
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