DU CABINET DES MEDAILLES.
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pourrait faire des remarques semblables au sujet des œuvres de la glyptique dans les
temps modernes. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rencontré soit un camée soit
même une intaille du Moyen-Age ou de la Renaissance signés, et cependant il est bien
des monuments appartenant à la première et surtout à la seconde de ces périodes qui
auraient mérité de l'être, tandis que, de ces époques nous connaissons des signatures
sur des objets appartenant à d'autres branches de l'art avec signatures, ne serait-ce que
le ciboire d'Alpais du Louvre b
Je citerai, entre autres, un grand et beau camée du Cabinet de France, représentant
notre François F'*, que j'ai attribué à Matteo del Nassaro-, le célèbre graveur de mon-
naies et de pierres fines, deux professions souvent réunies par le même artiste, eh
bien! ce camée qui, exceptionnellement, porte, gravé en creux, le nom du personnage
représenté, Fartiste n'a pas songé à le signer.
La plus ancienne signature que je connaisse sur une pierre gravée en Occident, dans
les temps modernes, date de l'époque de Louis XIII. J'ai eu la bonne fortune de rencon-
trer cette signature sur un saphir gravé selon moi en 1625 et où je reconnais Maurice
de Nassau. Cette signature, qui n'est indiquée que par des initiales, je l'ai attribuée au
sculpteur et médailleur Guillaume Dupréb Habitué à signer ses médailles afin de s'en
réserver la vente, Dupré, faisant une incursion sur le domaine des graveurs en pierres
fines, a gravé sur cette intaiile et, je le crois, sur d'autres, ses initiales suivies du sigle
de /bczY, G. D. F. En ce qui concerne les camées, il faut descendre plus bas pour
trouver des signatures. Je n'ai pas souvenir de camées signés antérieurs à ceux de
Jacques Guay et de son élève, la marquise de Pompadourh
Ceci me ramène à m'expliquer sur l'un des arguments allégués par les savants qui
ont contesté l'authenticité de notre camée et nié celle de sa signature. On a reproché
à cette signature d'être en creux; j'admets avec ces savants que la signature GJ2/C072 a
été gravée par une main moderne; mais, d'une part, ceci n'entame pas l'authenticité
du camée lui-même, et de l'autre, ce n'est pas parce qu'elle est en creux que je la
condamne avec eux; c'est parce qu'elle est mal gravée, maladroitement disposée, et
surtout parce que je ne connais pas encore une seule signature incontestable sur un
camée antique. Loin de croire qu'il ne faut accepter pour sincères sur les camées que
des signatures en relief, je tiens pour modernes celles de cette classe que l'on voit sur
plusieurs camées célèbres ; bien plus , ces signatures me rendraient suspects ces camées
eux-mêmes s'il fallait penser avec quelques auteurs qu'il est impossible d'en ajouter de
telles après coup. Le caractère essentiel de la signature, c'est la modestie, presque
1. M. de Laborde. Notice des emnnm, etc. dn mnsee dn
Lonure, n° 31.
2. Catalogue de 4 858, n° 325. CL Trdsor de nnnrismn-
ii^Me. Pns-reiie/s et ornements, pi. xvt, n° 3.
3. GniiinM?neDnp?'e, ymnenren pierres /Inos, par A.
Chabouillet, dans le Pniietin de in Rocie'ie de i'distoire de
i'nrt /rnnpnis, juillet, 4 875 ; et Nonrennm Documents dans
les Nonrettes Arcdires de t'nrt pTincnis, 4 880 , p. 4 82 à
489.
4. Catalogue de 4 858, camée de Louis XV, signé Gnny
/*. 7773, n° 350. Le Cenio de tnmnsi^ne, petit camée signé
Pompndonr p, n° 358, etc.
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pourrait faire des remarques semblables au sujet des œuvres de la glyptique dans les
temps modernes. Je ne me souviens pas d'avoir jamais rencontré soit un camée soit
même une intaille du Moyen-Age ou de la Renaissance signés, et cependant il est bien
des monuments appartenant à la première et surtout à la seconde de ces périodes qui
auraient mérité de l'être, tandis que, de ces époques nous connaissons des signatures
sur des objets appartenant à d'autres branches de l'art avec signatures, ne serait-ce que
le ciboire d'Alpais du Louvre b
Je citerai, entre autres, un grand et beau camée du Cabinet de France, représentant
notre François F'*, que j'ai attribué à Matteo del Nassaro-, le célèbre graveur de mon-
naies et de pierres fines, deux professions souvent réunies par le même artiste, eh
bien! ce camée qui, exceptionnellement, porte, gravé en creux, le nom du personnage
représenté, Fartiste n'a pas songé à le signer.
La plus ancienne signature que je connaisse sur une pierre gravée en Occident, dans
les temps modernes, date de l'époque de Louis XIII. J'ai eu la bonne fortune de rencon-
trer cette signature sur un saphir gravé selon moi en 1625 et où je reconnais Maurice
de Nassau. Cette signature, qui n'est indiquée que par des initiales, je l'ai attribuée au
sculpteur et médailleur Guillaume Dupréb Habitué à signer ses médailles afin de s'en
réserver la vente, Dupré, faisant une incursion sur le domaine des graveurs en pierres
fines, a gravé sur cette intaiile et, je le crois, sur d'autres, ses initiales suivies du sigle
de /bczY, G. D. F. En ce qui concerne les camées, il faut descendre plus bas pour
trouver des signatures. Je n'ai pas souvenir de camées signés antérieurs à ceux de
Jacques Guay et de son élève, la marquise de Pompadourh
Ceci me ramène à m'expliquer sur l'un des arguments allégués par les savants qui
ont contesté l'authenticité de notre camée et nié celle de sa signature. On a reproché
à cette signature d'être en creux; j'admets avec ces savants que la signature GJ2/C072 a
été gravée par une main moderne; mais, d'une part, ceci n'entame pas l'authenticité
du camée lui-même, et de l'autre, ce n'est pas parce qu'elle est en creux que je la
condamne avec eux; c'est parce qu'elle est mal gravée, maladroitement disposée, et
surtout parce que je ne connais pas encore une seule signature incontestable sur un
camée antique. Loin de croire qu'il ne faut accepter pour sincères sur les camées que
des signatures en relief, je tiens pour modernes celles de cette classe que l'on voit sur
plusieurs camées célèbres ; bien plus , ces signatures me rendraient suspects ces camées
eux-mêmes s'il fallait penser avec quelques auteurs qu'il est impossible d'en ajouter de
telles après coup. Le caractère essentiel de la signature, c'est la modestie, presque
1. M. de Laborde. Notice des emnnm, etc. dn mnsee dn
Lonure, n° 31.
2. Catalogue de 4 858, n° 325. CL Trdsor de nnnrismn-
ii^Me. Pns-reiie/s et ornements, pi. xvt, n° 3.
3. GniiinM?neDnp?'e, ymnenren pierres /Inos, par A.
Chabouillet, dans le Pniietin de in Rocie'ie de i'distoire de
i'nrt /rnnpnis, juillet, 4 875 ; et Nonrennm Documents dans
les Nonrettes Arcdires de t'nrt pTincnis, 4 880 , p. 4 82 à
489.
4. Catalogue de 4 858, camée de Louis XV, signé Gnny
/*. 7773, n° 350. Le Cenio de tnmnsi^ne, petit camée signé
Pompndonr p, n° 358, etc.