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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 1-2
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Müntz, Eugène: Fresques inédites du XIVe siècle a la chartreuse de Villeneuve (gard)
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0033

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FRESQUES INÉDITES DU XIVe SIÈCLE. 23

La partie inférieure du quatrième segment, en partant de la gauche, nous montre le
pape Innocent VI agenouillé devant la Vierge, qui est vêtue d’un manteau bleu et qui tient
sur ses genoux l’enfant Jésus. Le donateur est vêtu d’un long manteau rouge; il a les mains
gantées de blanc et jointes. La tête a disparu, et il est impossible, contrairement à ce
qu’a affirmé M. Brune, de découvrir la moindre trace de barbe1. A côté de lui est posée
la tiare à triple couronne.

Les figures de ce compartiment sont plus grandes que les autres de la même rangée.

Sur la voûte, les restes de plusieurs ligures d’anges (l’un vêtu de rouge), debout sui-
des nuages qui se détachent sur un fond bleu étoilé. Sur les nervures, des ornements,
les uns en forme de trèfles ou de quatrefeuilles, les autres stelliformes.

En dehors de la chapelle, dans l’arc doubleau mentionné précédemment, d’autres
ornements bien conservés, mais mal éclairés ; des anges à mi-corps dans des médaillons
ronds sur fond rouge, reliés entre eux par des rinceaux à feuilles d’acanthe, etc.

Une description ancienne, qui m’a été signalée par M. le chanoine Fuzet, nous fait
connaître l’inscription autrefois tracée à côté du pape, inscription postérieure à sa mort :

« Dans la Chartreuse, en la chapelle qui termine l’ancienne salle du Consistoire du
pape Innocent VI, aujourd’hui le réfectoire des Chartreux, au bas du portrait de ce pape,
peint à fresque, à genoux au devant de la sainte Vierge assise dans un siège à l’antique,
contre le mur, du côté de l’épître, en caractères du temps : « Beatissimus papa Innocentais
sextus primus fundator hujus domus, qui obiit anno dei mill° CCCLXI1, die vero XII
mensis septembris : cujus anima in pace requiescat. Amen.» (Bibliothèque d’Avignon.
Fonds Chambaud, n° XVII, fol. 94.)

En comparant les fresques de la chapelle Saint-Jean à celles de la salle du Consistoire,
les fresques de la chapelle Saint-Martial à celles de la chapelle Saint-Jean, enfin les
fresques de la Chartreuse de Villeneuve aux fresques de la chapelle Saint-Martial, on
constate une gradation des plus marquées, d’abord au point de vue du mérite intrin-
sèque, qui va décroissant; en second lieu, au point de vue du style qui, après avoir été
au début foncièrement italien, se mélange, dans le dernier en date de ces ouvrages, les
fresques de la Chartreuse, d’éléments français bien faciles à reconnaître.

Rapprochées des fresques du palais des Papes, celles de la Chartreuse se distinguent
par l’abandon de plus en plus marqué du grand style. Il y a un mélange de facilité et de
banalité dans la plupart des compositions, notamment dans la Mise au tombeau, et
dans d’autres scènes, jetées sur le mur d’un pinceau rapide, mais sans conviction et

I. « Un trou de scellement de solive a détruit presque
entièrement la tète, dont on ne voit plus qu’un commen-
cement de barbe grise, mais elle existait avant la Révolu-
tion et les auteurs qui ont décrit le couvent à cette époque
s’accordent à reconnaître dans ce pape le fondateur de la
Chartreuse, Innocent VI : ainsi l’abbé Poumille, dans Sa

première lettre au Mercure de France, datée de décembre
1743, écrit : « On y voit encore la chapelle au bout du
réfectoire des Chartreux et son vrai portrait, peint sur la
muraille à côté de l’autel, parfaitement bien conservé »
(E. Brune).
 
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