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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 5-6
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Bouchot, Henri: Charles VIII et Anne de Bretagne: portraits peints inconnus a la Bibliothèque Nationale
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0125

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CHARLES VIII ET ANNE DE BRETAGNE

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particulier, si enthousiaste qu’il put être de son roi, n’eût point obtenu facilement d’un
peintre en titre d’office un original sur nature, d’après le prince. Les poses étaient rares;
pour retenir un instant le roi de France immobile, les yeux fixés devant soi, il fallait
expliquer l’usage qu’on voulait faire de l’effigie. Dans toutes les mentions de comptes
concernant les portraits de Charles VIH ou d’Anne de Bretagne, nous n’en rencontrons
guère qu’une où le d'après nature soit constaté; la voici dans toute sa simplicité :
« Item le roy et la royne en deux tableaux auprès du vif, et mademoiselle de Tarente
en ung autre tableau auprès du vif1. » Et c’est Jean Bourdiclion, peintre et valet de
chambre du roi, qui les a faits, entre 1490 et 1491, c’est-à-dire deux ans après le mariage
du jeune roi de France avec l’héritière de Bretagne.

M. Leroux de Lincy croyait reconnaître les portraits ainsi indiqués, dans les panneaux
de M. de Bonneval2 et du général de Lagrange. C’est possible, mais je ne le crois pas.
Ayant à faire trois tableaux, le peintre n’eût point manqué de les fournir de dimensions
égales ; or, ceux que nous venons de dire sont justement inégaux; ils le sont plus encore
par la manière de procéder, peut-être aussi surtout par les dates très différentes : celui
du roi, rapproché de 1498, celui de la reine, au contraire, antérieur à 1488.

En ce moment, je démolis sans rien reconstruire, car je n’oserais jamais donner
Bourdiclion comme l’auteur des figures du manuscrit latin 1190. Nous savons aujour-
d’hui qu’il a peint en majeure partie les Heures d’Anne de Bretagne3, nous avons donc
un point de comparaison. Néanmoins, le miniaturiste opérant en grand n’est plus lui-
même; son œuvre, élargie, paraît tout autre; on ne le reconnaît plus. Bourdiclion,
mettant une figure d’Anne en pied devant trois saintes, est un illustrateur, un enlumi-
neur, il est dans son élément et évolue à l’aise. Construisant un visage plus en grand, il
devient brutal à force d’analyser.

Sans le nommer, je crois en lui, à cause de cette note impitoyable rencontrée dans
nos deux portraits. J’irais même plus loin, pourquoi n’aurait-il pas relié le volume avec
une tapisserie brodée par la reine elle-même? Car il faisait de la reliure, le pauvre arti-
san prêt à tout. En 1491, il s’emploie « à couvrir une paire de vigilles de mort, appar-
« tenant audit seigneur (Charles VIII), de satin noir et satin tanné au seur de 1III liv. X s.
« l’aune4 ». Et la reine s’était mise à la broderie au petit point, suivant ce que nous
apprennent ses inventaires.

L’usage du livre, orné de peintures sur bois, n’était point non plus une curiosité sans
précédent. « Les tableaux fermans en fasson d’ung livre » sont courants dans les
comptes. Les uns renferment des images de piété, les autres des portraits ou même
des manuels graphiques d’astrologie. Notre petit manuscrit rentrait donc dans une caté-

1. Archives de l’Art français, IV, p. 1-23. Il y avait un
portrait du roi et de MUe de Charente, Charlotte d’Aragon,
dans les collections de la reine Marie, gouvernante des
Pays-Bas.

2. Gaignières avait aussi ce portrait qui doit être celui

de Versailles.

3. Nouvelles Archives de l'Arl français, IIe vol., p. I -l |.
— L. Delisle, Cabinet des Manuscrits, 111, 347.

4. Arch. de l’Art français, IV, p. 15.
 
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