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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

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Nr. 11-12
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Duplessis, Georges: Reliure italienne du XVe siècle: en argent niellé
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https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0326

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296 RELIURE ITALIENNE DU XVe SIÈCLE

nos lecteurs, mais il nous sera permis de les recommander tout spécialement à
l’attention des artistes et des érudits. Ce sont vraisemblablement les plus grands nielles
qui existent et ce ne sont pas les moins beaux. Les compositions sont disposées avec
art et la bordure qui encadre les sujets du nouveau testament est d’un goût excellent et
d’une juste proportion.

A qui attribuer le dessin et l’exécution de ces plaques niellées? Il n’y a pas lieu de
voir dans ces ouvrages précieux l’œuvre d’un artiste primesautier ; celui qui a gravé ces
nielles est bien maître de son outil; il exprime aisément ce qu’il veut dire, il connaît à
fond son métier. Ce ne peut être ni Maso Finiguerra qui imprimait à tous ses ouvrages
un sentiment profondément ému analogue à celui que l’on retrouve dans les fresques
de Beato Angelico, ni un de ses élèves immédiats qui, absorbés par la pensée qu’ils
entendaient exprimer, montrèrent toujours dans le maniement de l’outil une certaine
timidité. Ces planches accusent au contraire un art dans son complet épanouissement,
débarrassé de tous les tâtonnements et de toutes les entraves du début. Parmi les
orfèvres connus auxquels on attribue, un peu témérairement peut-être, un certain
nombre de nielles, quel est celui que nous pourrions nommer? On ne connaît ni
d’Antonio Pollaiuolo, ni de Peregrini da Cesena, ni de Francesco Francia aucun
ouvrage qui rappelle ceux-ci. Les uns fixaient dans le métal quelques petites composi-
tions destinées à servir de modèles à des joailliers dont l’imagination quelquefois
paresseuse s’accommodait fort bien des œuvres toutes faites qui leur étaient offertes,
les autres inventaient des arabesques et des grotesques qui trouvaient facilement leur
emploi dans les objets de toute nature mis au jour par les orfèvres de profession. On
connaît d’ailleurs un nombre suffisant de planches attribuées avec certitude aux artistes
que nous venons de citer pour pouvoir rappeler le caractère particulier de leur talent.
Pallaiuolo accuse dans ses figures le dessin des muscles, quelquefois même de muscles
imaginaires, avec une telle rigueur que sa manière est facilement reconnaissable; les
compositions signées de Peregrini da Cesena ou portant son initiale sont généralement
fort restreintes ; sauf une ou deux fois une figure seule ou au plus deux figures bien
agencées se détachent invariablement sur un fond noir qui fait ressortir les contours
et suffisent à l’imagination de l’artiste qui s’est souvent inspiré des sujets de la fable.

Quiconque connaît les deux plaques niellées conservées à l’Académie des Beaux-Arts
de Bologne, le Christ en croix et la Résurrection, œuvres certaines de Francesco
Francia, ne songera pas à attribuer au même auteur les nielles qui nous occupent. Dans
ces ouvrages on constate une préoccupation évidente de conserver les dispositions
symétriques chères aux artistes primitifs tandis qu’ici nous avons devant les yeux
l’œuvre d’un maître indépendant qui, tout en respectant la tradition, ne se renferme
pas dans les usages hiératiques; il invente les compositions qu’il entend fixer dans le
métal sans se préoccuper autrement de ses devanciers et les noces de Cana (que par
parenthèse Cicognara désigne comme représentant la Cène) ou la Résurrection de
 
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