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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 13.1888

DOI issue:
Nr. 11-12
DOI article:
Duplessis, Georges: Reliure italienne du XVe siècle: en argent niellé
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.25603#0328

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298 RELIURE ITALIENNE DU XVe SIÈCLE

Real, et que ce grand honneur fait à notre compatriote ne semble justifié ni par les
vertus privées du. personnage ni par sa haute compétence dans la gestion des affaires
publiques; mais passons, nous n’avons à nous occuper ici que d’ouvrages d’art et non
d’histoire politique. Si nous nous refusons à voir dans ces deux nielles des œuvres
exécutées en vue d’être offertes au Pape, nous sommes|au contraire fort disposés à les
regarder comme destinées à être expédiées d’Italie au cardinal français; ses armes sont
partout, comme on peut s’en rendre compte à l’aide des reproductions que l’on a sous
les yeux, et l’œuvre, italienne à n’en pas douter, fut probablement exécutée à Rome ou
sur les bords de l’Arno. Gomment demeura-t-elle en Italie jusqu’au commencement
de ce siècle? et comment fit-elle, à un moment donné, partie de la Bibliothèque
Vaticane? Yoici comment nous tentons d’expliquer ce fait : des œuvres de cette impor-
tance ne s’exécutent que lentement et un artiste a souvent besoin de plusieurs années
pour mener à bien un travail aussi considérable. Entre le moment où les plaques
furent commandées et le moment où elles furent terminées il se passa peut-être
un espace de temps assez long pour que le cardinal Jean Ballue, dont les aventures et les
mésaventures sont connues, ne fût plus en situation de les recevoir. L’orfèvre qui avait
exécuté l’œuvre, la confrérie ou le groupe de personnages qui l’avaient commandée
furent peut-être fort désireux de trouver un placement pour ces magnifiques objets
auxquels ils étaient contraints de donner une nouvelle destination. Un objet d’art
destiné à Jean Ballue, qui avait fait partie du sacré collège, pouvait parfaitement trouver
sa place dans la Bibliothèque du Vatican, et le Pape ou un des cardinaux put fort bien
acquérir pour les collections pontificales ces deux œuvres d’orfèvrerie qui ne devaient en
sortir que plusieurs siècles après. Quelle que soit la valeur de notre hypothèse, nous la
donnons pour ce qu’elle vaut, mais nous 11e saurions, en aucun cas, admettre que ces
nielles ont été exécutés en vue d’être offerts à Paul II. Cicognara a beau dire (loco citato)
« que le cardinal J. Ballue se sera égalé aux plus nobles en offrant au Souverain Pontife,
comme cela était l’usage, le présent le plus splendide qu’il puisse faire », il ne saurait
nous convaincre que, lorsque l’on offre à quelqu’un un livre, on n’ait d’autre souci que
d’étaler ses propres armoiries et que l’on ne fasse pas graver, serait-ce dans une place
secondaire, le chiffre, les insignes ou les armes du personnage auquel on entend
exprimer sa reconnaissance ou son respect.

Georges DUPLESSIS.
 
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