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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 1
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Mantz, Paul: Recherches sur l'histoire de l'orfèvrerie française, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0022

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la GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

âge n'avait pas dit son dernier mot que l'art de la renaissance bégayait
déjà ses premières paroles; mais en ces jours de lassitude et de rajeu-
nissement, ceux qui partaient avaient fraternellement donné la main aux
nouveaux arrivants, si bien que les deux systèmes qui, en théorie, au-
raient dû se combattre, s'étaient fait de mutuelles concessions, et avaient
su concilier leurs formules. Par un compromis dont l'histoire offre d'ail-
leurs plus d'un exemple, les contradictions s'étaient faites harmonieuses.
Il est vrai qu'en ce qui touche l'orfèvrerie française, nos artistes avaient
subi volontiers une influence qui devint pour eux une condition d'unité;
je veux parler de l'influence de la Flandre. Alors même que ce fait n'au-
rait pas pour lui l'évidence, bien des causes en donneraient l'explication.
Et d'abord, outre que les rois qui gouvernaient alors la France étaient mé-
diocrement artistes, les sévérités du temps leur faisaient une situation dif-
ficile et précaire. Occupés de guerres terribles, obligés de reconstituer leur
puissance émiettée et de disputer leur royaume à la domination étran-
gère ou à l'ennemi intérieur, pauvres d'ailleurs ou du moins soumis,pour
la perception des ressources royales, à des éventualités incertaines, ils
avaient autre chose à faire que de s'inquiéter des orfèvres et de leurs
charmantes fantaisies. Les princes qui eurent alors en main les destinées
de l'art, ce furent les ducs de Bourgogne. Or, par le vaste domaine où
s'exerça leur souveraineté, par l'éducation qu'ils avaient reçue, par leurs
intérêts, par le choix des agents et des artistes qu'ils employèrent, les
ducs de Bourgogne sont des princes flamands. Puissants à l'égal de nos
rois, singulièrement amis des splendeurs de la vie extérieure et des fêtes,
ils trouvèrent à Gand, à Bruges, à Bruxelles, et dans des villes alors
toutes flamandes, comme Arras, Lille et Douai, d'admirables ateliers d'or-
févrerie, où des maîtres ingénieux pratiquaient leur art spécial clans des
données assez voisines de celles qui, grâce à Yan Eyck et à ses élèves,
prédominaient dans la peinture. C'est mal connaître le grand peintre de
Bruges que de circonscrire son action et de ne voir en lui que le rénova-
teur d'un procédé perfectionné; il fut un initiateur dans la plus haute
acception du mot, et son influence heureuse s'étendit sur tous les arts.
L'orfèvrerie, au xve siècle, se pénétra de ses grandes leçons. A l'imitation
des ducs de Bourgogne, nos rois eurent souvent recours à des orfèvres
flamands, et souvent aussi à des artistes des bords du Rhin, dont le style
se, rattachait d'une manière plus ou moins directe au mouvement inau-
guré par Van Eyck.

Les Italiens étaient alors peu nombreux en France; si on les y ren-
contre quelquefois, c'est moins à titre d'artistes qu'en qualité cle mar-
chands ou de banquiers, quelquefois même de prêteurs sur gages. Ils
 
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