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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 3
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Lasteyrie, Ferdinand de: La peinture sur verre au dix-neuvième siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0147

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LA PEINTURE SUR VERRE.

toute sa splendeur, il lui faut un vaste champ que les édifices publics, les
cathédrales, les grandes églises, peuvent seules lui offrir. Or les données
dans lesquelles ont à s'accomplir ces importants travaux de décoration
dépendent complètement de l'administration supérieure. Celle-ci ne
manque pas aujourd'hui de moyens de s'éclairer. C'est donc à elle plus
qu'à personne qu'il appartient d'imprimer une intelligente direction aux
travaux de nos peintres verriers.

Le système suivi jusqu'ici laisse beaucoup à désirer. Mue sans doute
par le très-louable désir d'encourager un peu tout le monde ou par la
crainte d'être accusée de favoritisme, l'administration a pour habi-
tude de fractionner à l'infini ses commandes. Rien ne saurait être plus
préjudiciable à l'art qu'elle veut encourager. Il faut qu'elle sache
prendre plus sur elle, et que la crainte de donner trop à un seul ne l'ar-
rête pas, quand celui-là présente des garanties suffisantes de talent.

C'est, j'en conviens, une occasion rare et qui peut faire des jaloux,
que celle d'exécuter la vitrerie entière d'une grande basilique.

Le cas s'est présenté dernièrement pour celle de Sainte-Clotilde, à
Paris. C'était une église neuve, à plusieurs rangs de fenêtres, et qu'on
voulait garnir intérieurement de vitraux peints. Comment a-t-on procédé?
L'administration a fait des lots, ni plus ni moins que pour un terrain à
vendre; et puis, au petit bonheur! tous les peintres verriers'un peu re-
commandables ont été appelés à prendre chacun leur part de cette tom-
bola artistique et administrative. La plupart d'entre eux se sont assez
convenablement acquittés de leur tâche; mais une fois mis en place, tous
ces vitraux de style, de ton, d'harmonie si divers, ont produit la plus
choquante bigarrure qu'on pût imaginer. Les figures de M. Lafaye, déjà
trop vivantes et trop poussées de ton, semblent sortir de leur cadre
pour assommer les personnages pâles et austères de M. Galimard;
les vitraux du chevet, beaucoup plus finement exécutés que les autres,
prennent l'air de stores par le contraste avec ceux de la nef, et ainsi
de suite.

De pareilles erreurs seront inévitables tant qu'on ne voudra pas com-
prendre que la décoration d'un grand édifice est une œuvre d'ensemble
qui doit procéder d'une seule et même pensée, et dont toutes les parties,
savamment combinées en vue du tout, doivent concourir à l'harmonie
générale.

Il y a assez de monuments en France pour donner au petit nombre
des peintres verriers qui le méritent des encouragements proportionnés à
leur talent. Si l'on veut juger pertinemment ce dont ils sont capables,
qu'à chacun d'eux on confie un tout complet, un travail d'ensemble où il
 
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