Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (9.1861)

MOUVEMENT DES ARTS.

189

étaient placées à droite et à gauche du bassin inférieur de la fontaine Saint-Michel,
sur le boulevard de Sébastopol. On sait que ces groupes, exécutés en plâtre, n'étaient
que provisoires; ils seront prochainement remplacés par d'autres en bronze qu'on ter-
mine en ce moment dans les ateliers, et qui sont la reproduction des premiers, à part
quelques modifications de détail.

— Nous pouvons dès aujourd'hui annoncer un ouvrage qui s'élabore depuis nombre
d'années dans le silence recueilli de la province, si favorable aux œuvres de longue
haleine. Il s'intitule : Poitou et Vendée^ études artistiques et historiques, par
MM. B. Fillon et 0. de Rochebrune. « Le côté artistique des choses, écrivent les au-
teurs dans leur prospectus, a surtout été pour eux l'objet d'une étude spéciale. Ils se
sont donné la main sur ce terrain neutre, au-dessus des vieilles querelles de partis,
s'inspirant d'un commun amour pour leur terre natale. L'artiste et l'antiquaire ont
exploré ensemble la Yendée; ils ont étudié sur place ses croyances, ses mœurs, ses
coutumes; ils ont fouillé avec une égale ardeur son sol et ses archives, dessiné et décrit
ses sites les plus saisissants et les plus pittoresques, ses monuments et ses ruines les
plus caractéristiques, recueilli ses chants et ses légendes; ils se sont approprié, en un
mot, tout ce qui peut donner sa vraie physionomie et celle de son peuple. » Et plus
loin encore ils ajoutent : « En ouvrant aujourd'hui leurs portefeuilles et leurs cartons à
ceux qui aiment l'art, l'histoire et la nature, ils leur promettent une ample moisson de
faits et de croquis puisés aux sources les plus sûres, et empreints de ce cachet de vérité qui
est la première qualité de travaux comme celui qu'ils ont entrepris. Leur œuvre collec-
tive, dans laquelle le passé et le présent viendront également prendre place, à défaut
d'autre mérite, aura du moins celui d'être un double portrait peint au vif. C'est mainte-
nant à la bienveillance du public de leur venir en aide et de lès soutenir dans l'accom-
plissement de cette tâche, qui n'est point de leur part une spéculation, comme l'on peut
s'en convaincre en comparant le prix du livre avec celui des publications analogues.»

Nous ne saurions trop insister sur l'importance et sur l'intérêt d'un semblable effort,
mais nous attendons, pour le louer à notre aise, que nous puissions en détacher quel-
ques pages et même quelques eaux-fortes pour les lecteurs de la Gazette des Beaux-
Arts. L'ouvrage se composera de soixante feuilles de texte, grand in-4°, formant 480 pages,
sur papier fort d'Annonay, et sera imprimé en caractères entièrement neufs. Les gravures
hors texte, au nombre de cent vingt (et parmi celles-ci figureront quelques portraits
gravés par M. Charles Méryon, c'est-à-dire avec cette conscience qui est une résurrec-
tion), seront tirées à deux teintes. Nombre de bois représentant des objets antiques, des
médailles, des signatures, seront intercalés dans le texte. L'ensemble paraîtra dans
l'espace de deux ans, et le prix des deux volumes qu'il fermera est fixé à 60 francs.

LE SALON DES ARTS UNIS

C'est le 25 janvier dernier que le Salon des Arts unis a été inauguré par une fête
brillante. Tous les arts s'étaient unis, en effet, pour donner du lustre à cette inaugu-
ration. L'architecte, transformant en une fort belle salle d'exposition l'ancien jardin de
l'hôtel que la Société a pris à bail, en a ménagé l'entrée sur la rue de Provence par
une jolie serre toute garnie de fleurs, et l'ancienne façade d'ordre ionique est devenue