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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 3
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Mouvement des arts et la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0197

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

une décoration intérieure des plus élégantes, en même temps qu'elle ouvre ses cinq
portes aux membres du cercle. Les peintures et les sculptures qui remplissent le Salon
étaient l'objet même de la fête, dont les sculpteurs et les peintres semblaient ainsi faire
les honneurs avec le concours d'une musique excellente, exécutée par les grands ar-
tistes du Théâtre Italien.

Le premier sentiment d'approbation, et il était unanime, a été pour la disposition
du local, approprié avec infiniment de bonheur et de goût à sa nouvelle destination.
On ne s'attendait guère, il faut le dire, à une exposition aux flambeaux ; mais la
surprise a été fort agréable de voir que la peinture ne perdait rien à s'éclairer de cette
façon, et que, tout au contraire, la plupart des tableaux s'en trouvaient bien et faisaient
ainsi beaucoup mieux encore qu'au grand jour. Le ton doré que jettent les rayons du
réflecteur convient d'autant plus à la peinture moderne qu'il en tempère les crudités,
en tranquillise le tapage et y ajoute de la distinction en y mettant une douce harmonie.
Le réflecteur a ce double effet, qui est admirable, d'éclairer vivement les toiles et de les
terminer pour ainsi dire par un glacis de lumière. Sous ce vernis artificiel,telle pochade
perd de son impertinence, telle peinture grandit en gagnant de la tenue, de l'accord, et
quelquefois de la poésie. En un mot, l'innovation est des plus heureuses, et, puisque
tous les artistes en sont satisfaits, personne assurément ne s'en plaindra.

En attendant que le gouvernement ouvre le Salon qu'il a promis pour cette année,
il est charmant d'avoir à sa disposition, au centre de Paris et comme qui dirait sous la
main, une exposition moins solennelle, mais permanente et destinée à se rajeunir conti-
nuellement par l'envoi de nouvelles œuvres. Aussi bien, si le Salon des Arts unis nous
montre les tableaux et les sculptures de la plupart des artistes que nous retrouverons
dans les palais de l'État, tels que Barye, Delacroix, Gigoux, Isabey, Gudin, Français,
Baron, Jacquand, Biard, Chaplin, madame Escalier, Faustin Besson, feu Saint-Jean et
autres, il nous offre aussi des morceaux que nous n'aurons jamais l'occasion de revoir,
des choses uniques dont personne encore n'avait joui et dont on ne jouira plus d'ici à
peu de temps. Nous voulons parler, comme on le pense bien, de cette merveilleuse réu-
nion de cent dessins de M. Ingres. Voilà ce que l'on n'a point vu et ce que l'on ne verra
point dans les plus magnifiques expositions du gouvernement. Une fois rentrés dans
les cabinets d'amateurs, dans les collections privées, dans les familles d'où on les a
tirés momentanément à si grand'peine, ces dessins sans prix, ces vénérables crayons
seront pour toujours dérobés au regard des artistes et pour toujours inaccessibles au
public. Tout se réunit donc pour donner à ce recueil de dessins un intérêt inesti-
mable : la rareté de l'occasion, le nom du grand maître, les scènes ou les personnes
représentées, l'intimité des études, la curiosité des variantes, enfin la qualité et le
nombre. Ici, ce sont des portraits de tels personnages fameux ou qui le seront désor-
mais, rien que pour avoir posé sous l'œil d'un tel peintre ; là, ce sont des croquis faits
sur nature, d'une main nerveuse et fière, et avec la finesse des plus illustres Flo-
rentins; plus loin c'est une invention cherchée du bout de la plume, entre le bien et
le mieux, entre l'individu et le type, entre la vie qui palpite et qui remue, et le style
qui l'apaise et la rehausse. Partout c'est un charme indéfinissable; chaque repentir est
un enseignement, chaque différence un trait de lumière. La plupart des portraits de
 
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