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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 3
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Mouvement des arts et la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0198

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MOUVEMENT DES ARTS.

191

M. Ingres sont légers comme un souffle ; mais dans ce souffle est passée toute Fâme du
modèle. Par les excellents fac-similé de Galamatta et de Dien, nous connaissions ces
effigies de la famille Gatteaux ou de la famille Forestier, qui d'avance ont prouvé à la
photographie que l'art est, quand il veut, plus exact que la science, plus précis que les
mathématiques, plus pénétrant que la chimie, plus sensible que le collodion, plus
subtil que le chlorure, plus clairvoyant que la lumière, plus vrai enfin que la vérité
même. Mais d'autres portraits ont paru au Salon des Arts unis, qui étaient pour ainsi
dire inconnus, par exemple ceux de MM. Delescluze, Hippolyte Flandrin, Sturler,
Forster, ceux des Lethière, des Baltard, et ceux de madame Haudebourg-Lescot, de ma-
dame Flandrin, de madame Magimel, et celui de madame Destouches, si délicat, si gra-
cieux, si adorable dans son impossible costume empire, et malgré la roideur voulue de
sa robe en forme de cylindre, malgré l'extravagance apparente de sa toque à plumes et
la disgrâce inévitable de cette taille que nos pères trouvaient charmante! Au surplus,
nous ne voulons pas anticiper ici sur le travail qu'un de nos plus éminents critiques
doit consacrer prochainement aux dessins de M. Ingres, et nous laissons intact et vierge
ce chapitre d'appréciations qui ne saurait être confié à un écrivain plus éclairé et plus
habile.

En quittant la salle d'exposition pour entrer dans les,salons du cercle, les invités
remarquaient, entre autres sculptures dont nous rendrons compte, deux bas-reliefs de
M. Gatteaux, qui, par la délicatesse du travail et par leur distinction, se trouvaient
placés si à propos dans le voisinage des dessins de M. Ingres.

Venaient ensuite deux vitrines renfermant les bijoux de M. Castellani, qui, dans
leur genre, sont le dernier mot de l'orfèvrerie. Par l'heureuse union de l'archéologie
avec l'art, de la science la plus profonde avec un goût exquis, l'orfèvre romain a
créé des chefs-d'œuvre de toutes les époques, de tous les styles, de tous les pays, et il a
fait revivre la joaillerie antique avec son caractère tantôt sévère et précieux, tantôt gra-
cieux et mâle, toujours significative dans ses ornements, toujours parfaite dans ses
sobres détails, toujours digne et simple, même dans sa richesse. Les bijoux de M. Cas-
tellani sont destinés à produire toute une révolution dans l'orfèvrerie moderne, et l'on
peut dire que ceux qu'il a exposés au Salon des Arts unis valent des millions, non
pas comme matière, mais comme art.

Après le concert, chacun s'est donné le plaisir de visiter les salons du nouveau cercle,
et chacun s'est demandé ce qu'était au juste l'établissement qui s'inaugurait sous de
tels auspices et d'une manière si brillante, malgré quelques fautes de détail dues à un
manque d'unité dans la direction. A cette question qui était sur les lèvres de tout le
monde, les fondateurs ont répondu en distribuant le programme que nous reproduisons
ici, et qui exprime très-clairement leurs intentions :

« Dans la pensée de ses fondateurs, le Salon des Arts unis doit être une exhibi-
tion continuelle offerte aux artistes, une retraite élégante ménagée aux amateurs, un
musée permanent ouvert au public.

« Jusqu'à présent les Salons, presque toujours annuels, étaient l'affaire exclusive du
gouvernement et lui imposaient un devoir qui, à force de se renouveler, perdait de son
 
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