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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 3
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Mouvement des arts et la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0199

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192 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

importance, de sa dignité même, et dégénérait en souci. On commence aujourd'hui à
comprendre qu'une partie de ces soins doit être abandonnée aux institutions du genre
de la nôtre. Tandis que l'État organiserait, à de longs intervalles, des fêtes solennelles,
où la nation se donnerait à elle-même le spectacle de ses progrès ou l'avertissement de
sa décadence, les Sociétés privées prendraient à leur charge ces exhibitions journalières
et plus modestes que provoquent une production de chaque jour et une curiosité sans
cesse en éveil. Il s'agissait donc, pour les artistes, de s'assurer quelque part une hospi-
talité convenable, non pas précaire, mais constante, non pas bruyante et solennelle,
mais intime et recueillie. C'est justement celle que nous leur offrons.

« Mais le personnel intelligent, aimable et distingué qui compose le monde des ama-
teurs, c'est-à-dire tous les hommes de goût et de loisir, avaient besoin d'un centre
commun, où ils pussent se voir sans se chercher, entretenir leurs anciens rapports et en
créer de nouveaux, échanger leurs impressions et se communiquer leurs découvertes.
CeTieu de réunion, où pouvait-on le mieux choisir que dans une demeure déjà embellie
par les ouvrages du peintre, du statuaire, du graveur, et dans laquelle ceux qui aiment
les arts se trouveront naturellement en contact avec ceux qui les cultivent?

« Il serait inutile, sans doute, d'énumérer en détail les avantages dont jouissent les
amateurs dans l'établissement qui ouvre aujourd'hui ses portes au public, et que nous
avons inauguré avec le concours de tant d'artistes éminents,et sous les auspices du grand
peintre, M. Ingres, dont le nom seul est une consécration. Pour eux nous réunirons ici
des livres, des estampes, des dessins, des photographies, des journaux, de la musique,
tous les genres de renseignements, toutes les manières de distraction, sans parler de
ces causeurs érudits qui sont des livres vivants, et dont la mémoire est le plus sûr des
dictionnaires. A ces avantages se joint la chance d'un tirage au sort, car la Société ac-
querra les plus belles œuvres qui auront figuré dans l'année au Salon des Arts unis,
et les répartira par la voie du sort entre les souscripteurs.

« Par ce système d'acquisitions, notre Société, nous l'espérons, aura bien mérité
des artistes, puisqu'en attendant les grandes récompenses de l'État ils auront ici de la
lumière, delà publicité, des juges, ou, pour mieux dire, des spectateurs choisis, com-
pétents et empressés.

« Notre Salon sera donc une institution d'un nouveau genre, où l'on trouvera non
pas les émotions du jeu, mais les jouissances de l'art, les plaisirs de l'esprit. Pour les
artistes, le Salon des Arts unis sera une exposition dans un cercle; pour les amateurs,
ce sera un rendez-vous dans un musée. »

Ce programme est clair, il est nouveau, il marque des intentions généreuses et un
bon esprit; mais il ne faut passe dissimuler que l'exécution en est difficile, qu'elle veut
encore une fois de l'unité dans la direction, beaucoup de suite, beaucoup de tenue, de
continuels ménagements envers les artistes dont l'amour-propre est si légitimement
irritable, et enfin une sollicitude de tous les jours, une surveillance de tous les instants.

Ch. B.

Le rédacteixr en chef : CHARLES BLANC.

Le directeur - gérant : EDOUARD HOUSSAYE.

IMPniMEUlK DE J. CLAYE, RCE SA INT-BENOÎl', 7.
 
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