DOI issue:
Nr. 4
DOI article:Darcel, Alfred: Les trésors sacrés de Cologne: dessinés et décrits par Franz Bock
DOI Page / Citation link: https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0237
LES TRÉSORS SACRÉS DE COLOGNE.
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clergé, alternant avec l'orgue, chantait les compiles, je suivis le courant
et j'arrivai devant la chapelle dont les fenêtres, toutes grandes ouvertes,
laissaient passer les flots de lumière jetés sur la châsse par des becs de
gaz — luminaire peu liturgique — et par des cierges nombreux brûlant
devant des réflecteurs d'argent aux bordures rococo. La foule s'arrêtait
émerveillée et interdite devant tant d'éclat et tant de richesses. Qui sait
quelles imaginations passaient dans la plupart de ces têtes ignorantes, en
présence de ces grandes figures austères des personnes divines, des pro-
phètes^ des apôtres et des mages? Cet art étrange, cet or brillant partout,
les feux des pierres précieuses et les reflets plus doux des émaux, réalisant
aux yeux de tous ce qu'on dit des splendeurs de l'Orient, devaient leur
faire croire que cette merveilleuse châsse, contemporaine du Christ pour
le moins et venue de Jérusalem sans doute, avait toujours contenu les
trois crânes aux tons ambrés qu'on était admis à contempler en ce jour.
Le trésor de la cathédrale serait encore riche quand même il ne pos-
séderait point la Châsse des Rois mages.
On y remarque, entre autres raretés, un bâton de chantre portant
une belle inscription niellée qui indique son usage et la date (1178) à
laquelle il a été fabriqué. D'autres nielles représentant des; feuillages
polylobés, vigoureusement accentués, alternent avec un treillis formé par
des tiges sinueuses, comprenant dans leur champ cle beaux bouquets de
feuillages repoussés. Cette date, rapprochée de ces ornements et des
lettres des inscriptions, forme un étalon précieux pour dater à leur tour
d'autres œuvres. Maintenant ce bâton porte une belle croix du xive siècle,
décorée d'émaux translucides sur relief; mais on suppose avec raison
que jadis il était couronné autrement. 11 existe dans le trésor, en effet, un
autre bâton de chantre fait à la Renaissance, terminé par une espèce de
fourche niellée supportant une plate-forme oblongue, où VAdoration des
Mages est représentée en petites figures d'argent. Ce groupe est du
xive siècle; mais les nielles de la fourche, qui représentent des chasseurs
poursuivant de leurs flèches des animaux perchés ou grimpés dans des
arbres, me semble lui être antérieur. Cette fourche faisait-elle partie
jadis du bâton précédent? Je ne le crois pas non plus, car elle me paraît
plus moderne.
La pièce capitale de ce trésor est une belle crosse en argent, portée
sur un bâton de même métal, toute décorée, sur le bâton et sur la vo-
lute, d'émaux translucides d'un travail parfait. A la volute s'accrochent
des feuillages d'un galbe vigoureux et ressenti : et le nœud est orné de
panneaux ajourés que divisent des contre-forts et que surmontent des
pinacles. Enfin l'évêque donateur s'est fait représenter, dans la volute, à
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clergé, alternant avec l'orgue, chantait les compiles, je suivis le courant
et j'arrivai devant la chapelle dont les fenêtres, toutes grandes ouvertes,
laissaient passer les flots de lumière jetés sur la châsse par des becs de
gaz — luminaire peu liturgique — et par des cierges nombreux brûlant
devant des réflecteurs d'argent aux bordures rococo. La foule s'arrêtait
émerveillée et interdite devant tant d'éclat et tant de richesses. Qui sait
quelles imaginations passaient dans la plupart de ces têtes ignorantes, en
présence de ces grandes figures austères des personnes divines, des pro-
phètes^ des apôtres et des mages? Cet art étrange, cet or brillant partout,
les feux des pierres précieuses et les reflets plus doux des émaux, réalisant
aux yeux de tous ce qu'on dit des splendeurs de l'Orient, devaient leur
faire croire que cette merveilleuse châsse, contemporaine du Christ pour
le moins et venue de Jérusalem sans doute, avait toujours contenu les
trois crânes aux tons ambrés qu'on était admis à contempler en ce jour.
Le trésor de la cathédrale serait encore riche quand même il ne pos-
séderait point la Châsse des Rois mages.
On y remarque, entre autres raretés, un bâton de chantre portant
une belle inscription niellée qui indique son usage et la date (1178) à
laquelle il a été fabriqué. D'autres nielles représentant des; feuillages
polylobés, vigoureusement accentués, alternent avec un treillis formé par
des tiges sinueuses, comprenant dans leur champ cle beaux bouquets de
feuillages repoussés. Cette date, rapprochée de ces ornements et des
lettres des inscriptions, forme un étalon précieux pour dater à leur tour
d'autres œuvres. Maintenant ce bâton porte une belle croix du xive siècle,
décorée d'émaux translucides sur relief; mais on suppose avec raison
que jadis il était couronné autrement. 11 existe dans le trésor, en effet, un
autre bâton de chantre fait à la Renaissance, terminé par une espèce de
fourche niellée supportant une plate-forme oblongue, où VAdoration des
Mages est représentée en petites figures d'argent. Ce groupe est du
xive siècle; mais les nielles de la fourche, qui représentent des chasseurs
poursuivant de leurs flèches des animaux perchés ou grimpés dans des
arbres, me semble lui être antérieur. Cette fourche faisait-elle partie
jadis du bâton précédent? Je ne le crois pas non plus, car elle me paraît
plus moderne.
La pièce capitale de ce trésor est une belle crosse en argent, portée
sur un bâton de même métal, toute décorée, sur le bâton et sur la vo-
lute, d'émaux translucides d'un travail parfait. A la volute s'accrochent
des feuillages d'un galbe vigoureux et ressenti : et le nœud est orné de
panneaux ajourés que divisent des contre-forts et que surmontent des
pinacles. Enfin l'évêque donateur s'est fait représenter, dans la volute, à