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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

DOI issue:
Nr. 5
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Darcel, Alfred: Du style des deux Holbein: dix feuilles d'un livre d'esquisses de Jean Holbein
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0288

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DU STYLE DES DEUX HOLBEIN.

279

porter en Angleterre comme en Suisse un fidèle écho des triomphes de
Raphaël et entraîner chaque jour davantage vers l'art italien un peintre
qui en avait déjà reçu les premiers éléments dans la maison paternelle.
Ces leçons premières et ces derniers enseignements se trahissent dans ses
portraits, à la façon large et magistrale dont il sait interpréter la nature.
Nous en citerons comme preuve le portrait de Th. Morrett, du musée
de Dresde, que l'on prit longtemps pour une œuvre de Léonard de Yinci.
Mais dans les compositions où il règne en souverain sur le monde que
crée sa fantaisie, Holbein est Italien et disciple de Raphaël, autant qu'il
était donné à un Allemand de le devenir. Nous en avons un exemple
dans un dessin de la collection du Louvre, idée première du Triomphe
de la Richesse que Holbein peignit à la détrempe sur les murs d'un
palais de Londres en même temps que le Triomphe de la Pauvreté, com-
positions aujourd'hui détruites avec l'édifice (la maison d'Orient) qui les
contenait.

Le dessin du Triomphe cle la Richesse, mis aux carreaux pour l'exécu-
tion en grand, est une pièce singulière, peut-être unique dans l'œuvre
de Holbein, tant par son exécution matérielle que par son style. Les
figures, dessinées par un trait à la plume assez pesant, sont lavées de
bistre et rehaussées de blanc sur papier gris-bleu, absolument comme
le seraient des figures dessinées dans l'école de Raphaël. Faut-il inférer
de là que Holbein recevait d'Italie des dessins en même temps que des
gravures? Nous inclinerions à le penser en examinant le dessin du Louvre.
Mais l'imitation est surtout flagrante dans les draperies et dans le style
de deux jeunes filles, la Raison et la Bonne Foi, qui s'essayent à modérer
l'attelage de la capricieuse déesse, laquelle, sur le devant du char où
trône le vieux Plutus, distribue ses faveurs au cortège de ses favoris.
Les ajustements de tous les personnages sont plus ou moins un compro-
mis entre les vêtements et draperies renouvelés de l'antique pendant
la Renaissance, et les costumes familiers au xvie siècle. Mais dans les
jeunes filles même, où il a voulu imiter le style de Raphaël, le maître
allemand se trahit par quelque réalité malséante, par quelque difformité
corporelle que n'a point redressée sa plume trop docile aux exemples
vulgaires qu'il avait chaque jour sous les yeux.

Quant à supposer que quelque disciple immédiat du peintre d'Ur-
bin, venu en Angleterre, aurait exécuté ce dessin en italianisant les
figures du peintre d'Augsbourg, il n'y faut point songer1 : d'abord parce

'1. Ce dessin n'est point la copie que fit Frédéric Zucchero, grand imitateur des
maîtres du Nord, d'après la fresque même, lors de son séjour à Londres. Cette copie.
 
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