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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 5
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Darcel, Alfred: Du style des deux Holbein: dix feuilles d'un livre d'esquisses de Jean Holbein
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0289

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1>80 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

que ce dessin fait voir le jet original et hardi d'un maître, et non la copie
toujours timide d'un imitateur; ensuite parce que ce même style raphaë-
lesque se Retrouve dans la gravure que fit Hollar au xvne siècle, d'après
la composition de Holbein qui représente Salomon sur son trône recevant
la reine cle Saba. C'est aussi à Raphaël que pensa M. Charles Blanc,
quand il vit au musée de Râle un dessin au lavis de l'ange exterminateur:
a II est drapé et tient l'épée sur son épaule, prêt à frapper le démon qui
se dresse à ses pieds. Aussi calme, aussi beau, aussi uoble que le saint
Michel de Raphaël, ce bel ange se trouve avoir le plus grand style des
plus grands maîtres. »

Qu'il nous soit encore permis d'emprunter à M. Charles Blanc la
page où il décrit les dessins les plus habituels de Holbein, ceux qui, tra-
cés d'après le modèle, lui servaient à préparer ses portraits.

« Les dessins de Holbein sont tout à fait admirables par le naïf de la
grâce et la profondeur du sentiment. Chez lui, les figures les plus dif-
formes ne sont jamais laides. Le sentiment les anime, l'âme les éclaire.
On dirait que Holbein a été l'ami de tous ses modèles, qu'il les a long-
temps vus de près, qu'il a connu ou deviné leurs plus secrètes pensées.
Dans ses têtes de femmes, il y a toujours un mélange de tendresse et de
fine malice. Ses têtes d'hommes sont sérieuses; elles, ont une expres-
sion constante de recueillement intérieur et de tristesse. Du bout de
son crayon attentif et fidèle, il accuse les plus délicats linéaments du
visage, ces plis légers que trace la vie autour de la bouche et des yeux,
et sur les tempes attendries. Il n'oublie aucun des cils qui ombragent le
regard, et fait sentir jusqu'au duvet de l'épiderme. Mais tous ces traits
concourent à l'expression, et par ces fils imperceptibles il arrive jusqu'à
l'âme... Il y a ici, entre autres portraits, ceux d'un certain Meyer,
consul de Bâle, et de sa femme. Ils sont dessinés en petit et ensuite peints
de grandeur naturelle. Ce sont des figures qu'il n'est plus possible
d'oublier, tant leur individualité est finement sentie et accusée au vif.
Un croquis admirable et précieux est celui qui, sur une feuille de papier,
nous montre Thomas Morus et sa famille. Avec un peu plus d'élévation
et moins de bonhomie, ce croquis m'a rappelé la famille d'Ostade,
qui est au Louvre. Ces dessins sont, pour la plupart, à la pierre noire,
mêlée quelquefois de sanguine. Ils sont faits simplement, sans aucun
trait lâché, sans aucune hachure inutile1. »

dont parle Mariette, était à la pierre d'Italie et à la sanguine. Elle fit partie, du reste, de
la collection Jabach, ainsi que le dessin qui est au Louvre depuis le règne de LouisXIV.

1. De Paris à Venise: Notes au crayon, par M. Charles Blanc. — Paris, Hachette,
■1857.
 
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