Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (9.1861)

MOUVEMENT DES ARTS.

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encore), quelques-unes des attributions du feu propriétaire, M.W. Burger a cru devoir
rétablir l'orthographe absolue des noms des maîtres étrangers. Ce système, peut-être
utile dans des ouvrages d'érudition pure et qui ne s'adressent qu'à un petit nombre, nous
paraît fort discutable lorsqu'il s'agit de noms consacrés par un long usage et acceptés
par la foule. La France a de tout temps modifié les noms étrangers. Il serait bien diffi-
cile de revenir sur le passé, et l'on y trouverait même des obstacles insurmontables.
Certaines lettres russes, par exemple, n'ont point d'équivalent dans notre alphabet. Et
d'ailleurs, les maîtres eux-mêmes n'ont-ils pas écrit leur nom, pendant tous le xvne et
le xvine siècle, avec des variantes curieuses, et quel moyen terme prendre au milieu de
leurs innombrables fantaisies orthographiques? Quelle nécessité de redoubler les a, et
de dire Aalbert, d'écrire Davidsz pour David, et surtout Cuijp pour Cuyp, lorsque
nous avons relevé sur le panneau même la signature écrite ainsi : cvyp? Nous pourrions
pousser plus loin cette discussion, mais en murmurant, comme Henriette :

Excusez-moi, monsieur, je n'entends pas le grec ;

nous avons préféré parcourir des yeux la collection exposée, et chercher à discerner
le bon grain .au milieu de l'ivraie. M. Leroy d'Étiolles n'avait, en dehors de ses
occupations de chirurgien, que peu de temps à consacrer aux jouissances de l'art, et la
science d'acheter des tableaux exige une pratique consommée jointe à un tact inné qui
ne se rencontre que bien rarement. Quelques-unes des toiles de cette galerie portaient
des attributions plus que douteuses. Presque toutes avaient été outrageusement repeintes.
On disait autour de nous dans la foule que le possesseur avait été déplorablement con-
seillé, et que quelques- uns de ces pirates du commerce, que l'on ne peut jamais démas-
quer auprès de ceux qu'ils ont circonvenus, lui avaient fait payer cette réunion de toiles
plusieurs centaines de mille francs. Quoi qu'il en soit, sous la triple influence du nom
de M. Leroy d'Étiolles, du catalogue érudit de M. W. Burger et des qualités de com-
missaire-priseur de M. Escribe, la vente a bien marché, et nous avouons que nous
sommes à peu près seuls de notre avis contre la majorité.

Cuyp (Albert). — Portrait de femme. En buste, de trois quarts à gauche; pas de
mains. Cornette en couronne, large fraise empesée, costume noir. Fond neutre. Expres-
sion sérieuse, modelé ferme, couleur profonde. De la belle qualité des portraits de
Cuip. A gauche, sur le fond : /Etatis, 20. A0 1635. A. Cvyp fecit. B. (Haut. 0,67.
Long. 0,57.) 2,120 fr.

Drost. — La lettre. Jeune femme assise, tournée de trois quarts, à gauche. Sa
chemise, ouverte et tombante, laisse voir une épaule, le sein et une partie des flancs.
Le reste du corps est enveloppé d'une draperie en duvet de cygne. Elle a des perles
dans sa chevelure brune et à ses boucles d'oreilles. Elle tient une lettre décachetée,
sur laquelle on lit la signature : Drost fec... 1654. La main droite qui tient cette lettre
est appuyée sur une table dont un bout de tapis à/ranges dorées se découvre en bas, à
gauche; l'autre main repose sur la cuisse. Fond sombre, avec seulement l'indication
d'un rideau, à gauche, en haut. Figure de grandeur naturelle, vue jusqu'aux genoux.
Les œuvres de Drost sont si rares, qu'on n'en citerait pas, ajoute M. Burger, une
demi-douzaine de bien authentiques dans toutes les galeries de l'Europe. Toile.
(Haut, 1,82. Long. 0,87.) 2,140 fr.

Du Jardin (Karel.) — Paysage italien. Près de ruines antiques, deux patres assis