Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

DOI Heft:
Nr. 6
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Exposition de Lyon
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0333

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
324 GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

nale, et comme un fragment du tableau de la Curée, exposé au Salon de
1857. Ce chevreuil mort, accroché par la patte à un arbre, et détachant
son fauve pelage sur des verdures d'un vert intense, passera toujours
pour un morceau plein de liberté et de franchise. — Nous goûtons beau-
coup moins les deux autres peintures que M. Courbet a envoyées à Lyon.
L'une, la Boche Oragay, est un paysage vigoureux, mais peu significatif;
l'autre, le portrait de madame ***> est moins sérieux encore. — Nous
avons le regret de dire que ce portrait est daté de 1859, et qu'il trahit
chez l'auteur des perplexités fâcheuses. M. Courbet en serait-il venu à
douter de lui-même? Les lamentations de la critique sentimentale l'au-
raient-elles troublé dans sa foi? On serait presque tenté de le croire,
car on ne retrouve dans cette image effacée aucune des qualités qui
firent le succès du peintre auprès des connaisseurs. Les chairs sont par-
tout d'une coloration bistrée aussi monotone que fausse, le buste n'a
aucun relief, les yeux n'ont pas le rayon de la vie, la peinture est à la
fois inconsistante et plate. Nous ne voulons rien exagérer ; mais, à voir
ce portrait, il semble que M. Courbet ait voulu, brûlant ce qu'il avait
adoré, faire des concessions et se concilier les sympathies des mystiques
et des « abstracteurs de quintessences. )>"Ge serait, de sa part, une erreur
capitale. Pour certaines natures vigoureuses, s'amender c'est s'amoin-
drir; se corriger, c'est se perdre. M. Courbet ne comprend-il pas que
du jour où il cessera d'être un excellent ouvrier en peinture, il lui man-
quera presque toutes les qualités qui font son originalité et sa force?

Nous avons retrouvé à Lyon quelques œuvres déjà connues des lec-
teurs de la Gazette des Beaux-Arts. On leur a parlé jadis de la Chapelle
du Couvent de San Benedelto^ de M. de Curzon, cet intérieur dont une
lumière transparente enveloppe les murailles tranquilles, et peut-être
aussi de la Baie de Salamine, qui révèle dans le même peintre un pay-
sagiste épris des plus secrètes poésies delà nature. Ils savent également
ce que valent les soirs de M. Corot, les architectures vénitiennes de
M. Van Moor, les terrains crayeux de M. Loubon, et, dans un genre bien
différent, les sévères aquarelles de M. Tourny, médaillons d'une grande
allure, où l'austérité s'allie si heureusement à la grâce.

A côté de ces œuvres qui ont déjà occupé la critique, Lyon montre quel-
ques tableaux nouveaux qui entrent dans le monde sous le demi-jour d'une
exposition de province, avant devenir affronter la grande lumière du Salon.
Nous reverrons sans doute au palais des Champs-Elysées la Famille du
charron, un de ces intérieurs que M. Armand Leleux excelle à baigner des
plus légères demi-teintes. Nous aurons aussi quelque plaisir à retrouver à
l'exposition d'avril les Jeunes filles des Abbruzz es y de M. François Reynaud.
 
Annotationen