Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art (9.1861)

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Un excellent paysage de Théodore Rousseau, Effet de soir, vigoureux et rappelant
Diaz, — une mare où se reflètent de grands arbres éclairés par derrière, — 720 fr.
Tant mieux pour son intelligent acquéreur !

A la vente que nous citions plus haut à propos des Potiers italiens, un curieux dessin
de Decamps, à la mine de plomb, s'est vendu 305 fr. Deux forçats, deux bêtes hu-
maines, les fers aux pieds, sont assis sur une poutre : quel mirage d'évasion vient
mettre une étincelle dans leurs yeux caves? quelle sinistre anecdote rappelle un sourire
sur leurs lèvres épaisses? L'un d'eux est philosophe; l'autre semble plus mélanco-
lique... des larmes de crocodile, sans doute! Sur le mur on a charbonné un forçat chou-
rinant un garde-chiourme, avec cette légende : Mort à Micot! Mais pourquoi décrire
cette page si comiqucment atroce? M. Eugène Le Roux vient de la lithographier avec
une fidélité saisissante. On sait le cas que Decamps lui-même faisait des lithographies
de cet artiste d'après ses œuvres. Celle-ci est une des bonnes feuilles à ajouter aux
trente-cinq ou quarante qu'il a déjà faites d'après les tableaux, les dessins, les aqua-
relles de Decamps, tirés des cabinets les plus célèbres, et elle tiendra dignement sa
place à côté du Samson à la meule, des Sorcières de Macbeth, du Désert indien, et
de tant d'autres pages qui révèlent son habileté et sa science consommée du dessin.

VENTE DE MONNAIES FÉODALES

Nous donnons aujourd'hui quelques-uns des prix de la collection Rousseau. On verra
que les pièces hors ligne ont atteint aussi des prix hors ligne. Mais s'il faut tout dire,
le public a été extrêmement refroidi par le manque d'un assez grand nombre de pièces
fort importantes, qui ne figuraient en réalité que sur le catalogue. De plus, les ama-
teurs de la province ont témoigné une grande défiance. Depuis quelques années, ils ont
été abreuvés de telles mystifications par des faussaires intelligents et dangereux, qu'en
envoyant leurs commissions ils recommandaient toujours l'examen le plus scrupuleux.
Le public parisien, cependant, connaissait bien la collection, et d'ailleurs l'honorabilité
du rédacteur du catalogue devait couvrir la marchandise.

Les monnaies royales et les monnaies gauloises, qui composaient les autres parties
de la collection et qui devaient être vendues l'hiver prochain, ont été achetées en bloc
60,000 francs par M. Rollin. Nous le regrettons, en ce sens qu'elles nous auraient valu
de la part de M. Benjamin Fillon un catalogue raisonné et intelligent comme celui dont
nous avions donné des extraits à nos lecteurs.

Charles II, 4 285-1290. Piéfort d'argent d'un denier inédit. ^ karolvs comes.
Croix. — r). andegavensis. Clef en pal, accostée de deux lis; celui de gauche vertical,
celui de droite couché, afin de rappeler encore les rudiments du monogramme de
Foulques. Ce superbe piéfort est unique. 135 fr.

Denier d'argent. ^ lodoicvs. Croix. — r!. bvrdelgalv. Trois croisettes avec un o
au milieu. P. : 4,46. — R. Cette monnaie est on ne peut plus importante pour la filia-
tion du type odonique bordelais, dont elle est le premier jalon. 4 20 fr.

Piéfort do billon de l'obole frappée à Guessin. >J< eu' 0 rex anglie. Croix. — r'. dvx
acitanie. Un léopard dans le champ, séparé de la lettre g par une barre. P. : 4,95. Ce
piéfort est unique. 4 20 fr.

Guyennois d'or frappé à Bordeaux, ed pgns régis anglie principes aqitanie.
Type des guyennois d'Edouard III, sauf que le heaume du prince est pointu. — r1. ►£<