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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 9.1861

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Nr. 6
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Mouvement des arts et la curiosité
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https://doi.org/10.11588/diglit.17225#0386

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376

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

M. Valentin Carderera. Les quelques livraisons qui sont venues s'ajouter depuis un an à
celles que nous avons décrites contiennent en effet des planches dont l'exécution est
supérieure aux précédentes, et qui, par la perfection des rentrées, arrivent à donner
une idée convenable des tableaux qu'elles veulent reproduire. Tel est le portrait de
la Princesse dona Isabelle, dont l'original appartient au Musée national de Madrid;
tel est surtout un cadre du temps qui réunit Ferdinand Ier, roi d'Aragon, dona Léo-
nore d/Albuquerque, sa femme, et d'autres personnages célèbres contemporains, l'em-
pereur Sigismond, le pape Martin Y, etc. Dans cette dernière planche surtout, les tons
orangés s'harmonisent avec beaucoup de vigueur avec les bleus et les rouges qui les en-
vironnent. Au reste, le grand secret de la chromolithographie n'est point dans le nombre
des tons, il est avant tout dans la justesse des teintes plates qu'il faut juxtaposer, et
plus les artistes simplifient leur palette, meilleur est le résultat.

Ces livraisons contiennent encore le tombeau de don Bernardo de Anglesola,
l'un de ces neuf barons de Catalogne qui vinrent s'établir dans ce comté à la suite du
héros légendaire Otger Gotland, et celui de sa femme Costanza. « Lors de notre visite
au couvent de Poblet, dit M. Carderera, nous trouvâmes les deux statues mutilées et
renversées sur le sol ; celle de don Bernardo était en trois morceaux que nous parvînmes
à réunir avec beaucoup de peine et à faire placer sur ce qui avait été la table d'autel
de la Madeleine. Nous ignorons ce qu'elle est devenue. » Que pourrions-nous dire de
plus éloquent en faveur de l'Iconographie espagnole? N'est-ce point une entreprise
éminemment nationale que d'avoir sauvé de l'oubli tant de monuments, dont les ruines
ont survécu à l'insouciance du peuple ou au vandalisme des réactions?

Après avoir pendant trente ans parcouru l'Espagne en tous sens, fouillé les mo-
nastères, pénétré dans les musées, forcé la porte des cabinets d'amateurs, recueilli,
à Paris surtout, une collection immense de portraits qu'il lui a fallu comparer et classer,
M. Carderera ne s'est trouvé encore qu'au milieu de sa tâche. Il lui a fallu déchiffrer
les manuscrits, feuilleter les in-folios, écouter les légendes, en un mot faire marcher de
front l'art et l'érudition, et relier par des idées générales les matériaux épars de l'his-
toire et de la tradition. De ce labeur passionné est sorti le beau livre dont nous parlons
de nouveau à nos lecteurs, et qui est un monument unique dans l'histoire de l'Espagne
moderne. Intéressant par les détails qu'il donne sur les mœurs, les goûts, la vie exté-
rieure d'un peuple dont nous connaissons surtout, en France, la période hispano-fla-
mande, il nous dévoile une école de sculpture dont nous ne soupçonnions ni l'efïlo-
rescence ni la grâce somptueuse.

Le tombeau de don Jaime d'Aragon et de sa femme Blanche d'Anjou, celui du
prince don Juan d'Aragon, fils des rois catholiques, celui enfin de dona EUsenda de
Moncade. continuent la série des mausolées, qui est fort intéressante à cause des mo-
numents curieux, et souvent d'un travail exquis, qu'elle nous révèle, mais qui, en se
reproduisant trop souvent, donnerait "quelque monotonie à la publication.

Enfin, M. Carderera a fait lithographier sous ses yeux le portrait du poëte Garci-
laso de la Vega, copié d'après un tableau contemporain qui appartient aux comtes
d'Ohate, et un autre portrait de don Francisco de los Cobos, « grand commandeur
de Léon et d'Àznaga, de l'ordre de Santiago, gouverneur civil et militaire de Cazorla,
grand connétable de Castille et secrétaire d'État de l'empereur Charles V, duc de Sabiote,
et seigneur des villes de Torres, Ximena, Régana et... autres lieux. » La tête est sérieuse
et hautaine, le costume digne d'un seigneur si bien titré. Mais nous reprocherons à
M. E. Beau une trop grande uniformité dans son travail de lithographe. C'est môme
 
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