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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Champfleury: Essai sur la comique et la caricature dans l'antiquité, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0052

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LE COMIQUE ET LA CARICATURE. kl

l'imagination se plaît à l'entourer d'une gravité qui ne se dément jamais ;
après avoir visité les salles assyriennes et égyptiennes, celui qui tom-
berait immédiatement dans une galerie consacrée aux chefs-d'œuvre de
l'art flamand serait peut-être surpris des petits_sentiers dans lesquels est
entré l'homme moderne1.

On n'a pas pénétré encore jusqu'au fond mystérieux de l'art égyp-
tien, dont la science s'occupe à peine depuis un siècle. La découverte
des monuments assyriens date d'hier. Savons-nous jusqu'où est allée
la représentation de l'homme et de son intérieur?

L'art grec lui-même, si pur, ne nous offre-t-il pas de singulières
hérésies, ou du moins que nous appelons telles par la raison que nous
n'avons pas sondé tous les secrets de ces ciseaux merveilleux qui tail-
laient le Laocoon et la statue d'une vieille femme ivre?

La Vieille Femme ivre, statue, voilà de quoi déconcerter les enthou-
siastes du beau antique, et je ne conseillerai à aucun sculpteur de renou-
veler aujourd'hui cette tentative, s'il n'a pour but caché d'exciter le
scandale.

C'est Pline lui-même qui donne la désignation de cette statue; le
texte ne donne pas plus de détails, et j'imiterai prudemment le grand
naturaliste, craignant qu'on ne me reproche de préférer la représenta-
tion de la Vieille Femme, ivre à celle de la Vénus de Milo; mais un pareil
fait ne prouve-t-il pas qu'à côté des représentations des dieux, des empe-
reurs, de la force et de la beauté, les anciens ne reculaient pas devant
la peinture du réel, même dans ses bassesses?

En parcourant le musée assyrien, on est attiré tout à coup par des
bas-reliefs où sont représentées des scènes domestiques et champêtres.
Voilà un troupeau de chèvres qui, par leur accent de parfaite réalité,
dépassent le naturalisme de nos sculpteurs contemporains voués à la
représentation des animaux. Ce troupeau, qui a les honneurs d'un bas-
relief, comme les actions d'un roi puissant, montre que les scènes de
la vie domestique trouvaient leurs interprètes aussi bien que les combats
et les hauts faits des rois.

Si les Assyriens et les Égyptiens n'ont pas trouvé inutile et inférieure
la représentation de l'homme et des animaux dans les travaux agricoles,
pourquoi auraient-ils reculé devant le comique et le grotesque?

L'homme, de tout temps, a ri comme il a pleuré. Il a souffert des
grands, il a voulu s'en venger. Assyriens, Chinois, Persans, Grecs,
Romains, Gaulois, Français, Allemands, Anglais, sont tous éprouvés par '

1. .te ne parle pas des grandeurs rembranesqOics.

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