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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Lavoix, Henri: Les azziministes
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0070

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LES AZZIMINISTES.

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ce Paulus pour le ranger au nombre des artistes milanais : l'abbé Mauro
Boni était de Milan. Francesconi réclama : il prétendit que le mot en
question n'indiquait pas la patrie de Paulus, mais bien son art. Ce maître
était, suivant lui, un de ces damasquineurs auxquels l'Italie dut, pendant
la Renaissance et le siècle suivant, ces nombreux travaux désignés diver-
sement sous le nom de Lavori alla Gelmina, alla Gemina, ail' Algcmi-
nia, ou mieux encore ail' Azzimina, suivant cette gracieuse prononciation
vénitienne par laquelle toute lettre rude s'efface et s'adoucit, et que
I'Agemlmvs, l'Azziministe de la cassette, n'était autre qu'un certain
Paolo Rizzo, célèbre orfèvre vénitien. L'abbé Francesconi était de Yenise.

Avant de nous prononcer sur ce débat soulevé entre les deux doctes
abbés, un mot d'abord âu sujet de cet art de la damasquinerie, si ré-
pandu dans toutes les parties de l'Italie, et qui compta tant d'habiles
maîtres.

Cet art, on le sait, revient tout entier à l'Orient; au dire du moine
Théophile, les Arabes y excellaient. Nous n'avons pas à faire ici l'his-
toire des damasquineurs orientaux, nous nous contenterons d'indiquer
quelques-unes de leurs œuvres. Qu'il nous suffise de citer plusieurs mor-
ceaux, d'assigner des dates de fabrication, nous aurons assez fait pour ce
que nous voulons prouver aujourd'hui. Peut-être reprendrons-nous plus
tard ce chapitre si inconnu et si important de l'histoire des arts en
Orient.

Sans doute le lecteur aura vu et admiré ces vases en laiton ou en
métal d'alliage couverts d'ornements finement ciselés, chargés d'inscrip-
tions en lettres arabes longues et déliées, dans lesquelles se jouent les
entrelacs et les dessins les plus capricieux. Les plus anciens objets de
cette nature que nous ayons vus remontent vers le commencement du
xi° siècle de notre ère. Mais à l'élégance du travail, à la sûreté de
main avec lesquelles sont traités les monuments de cette époque, il
est facile de voir que nous sommes loin déjà des tâtonnements d'un art
qui commence, et qu'il faudrait remonter bien haut avant cette date
pour trouver les œuvres qui sortirent des mains des premiers damasqui-
neurs musulmans. Des xn" et xme siècles, nous possédons bon nombre
d'objets gravés pour des khalifes, pour des sultans, pour des émirs; à
Damas, à Alep, à Mossoul, en Egypte, partout la fabrication des vases
incrustés d'or et d'argent fournit aux mobiliers des princes et des particu-
liers: ce sont de grandes vasques, des coupes, des flambeaux, des lampes,
des ustensiles de toute forme propres à tout usage. Nous en avons vu de
Nour-ed-din Mahmoud, de Salah-ed-din, de Masoud, de Zenghi, de tous
ces.sultans qui vivaient à la fin du xne siècle. Mais ce fut surtout dans le

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