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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

DOI issue:
Nr. 4
DOI article:
Darcel, Alfred: De l' architecture civile au Moyen Âge, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0363

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L'ARCHITECTURE CIVILE AU MOYEN AGE.

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du régent ou de celui de Louis XVI, l'architecte est tout cela, successi-
vement ou tout ensemble, au service du client. La science et la foi sont,
l'une si grande et l'autre si petite, que l'esprit s'est fractionné comme les
cartons d'un casier, et que, tel compartiment s'ouvrant ou se fermant à
volonté, on pense un jour comme les anciens pensaient à une certaine
époque, le lendemain comme ils pensaient à une certaine autre, et non
autrement : du moins on se l'imagine.

Comment se fait-il donc que tous ces artistes, doués d'une si grande
indifférence et qui montrent si peu de parti pris, manifestent cependant
une telle répulsion pour l'architecture civile du moyen âge qu'ils ne s'en
inspirent point dans les constructions civiles ou domestiques qu'ils élè-
vent? Cette haute raison, cette ferme logique qui font des cathédrales
gothiques un ensemble si homogène; cette parfaite convenance que l'on
reconnaît aux architectes gothiques lorsqu'ils élèvent des édifices reli-
gieux, les auraient-elles donc abandonnés lorsqu'ils se sont appliqués à
construire des demeures pour les hommes?

Beaucoup le pensent à tort, et nous voudrions leur donner une notion
plus exacte des faits. Nous nous aiderons pour cela de récentes publica-
tions, résultat de patientes recherches faites, la plume ou le crayon à la
main, par des érudits ou par des architectes qui sont en même temps des
archéologues. Nous espérons montrer que le moyen âge fut, toujours et en
tout, conséquent avec les principes rationnels qui sont l'essence même de
son architecture, et que, si les constructions civiles élevées pour d'autres
besoins et pour une autre société ne sauraient pour la plupart convenir
à notre époque, le style gothique puise dans son essence même assez de
liberté pour se plier à toutes nos exigences actuelles. Certes, la maison
moderne ne ressemble guère aux maisons grecques ou romaines aux-
quelles elle a emprunté tous ses éléments décoratifs ; et pourquoi donc
la maison gothique ne lui prêterait-elle pas aussi les siens?De plus, dans
les édifices publics où doivent régner les lois de l'architecture prises
dans ce qu'elles ont de plus élevé, 'pourquoi l'exemple des constructions
du moyen âge n'introduirait-il pas l'habitude de subordonner la forme
à l'usage, le dehors au dedans, au lieu de tout sacrifier à l'apparence
extérieure ?

L'étude de l'architecture civile du moyen âge eût-elle ce résultat
pratique, que les conséquences en seraient immenses. En même temps
qu'elle ferait introduire l'élément pittoresque dans nos constructions par
un effet naturel des dispositions adoptées, elle donnerait aux monuments
une forme dépendante de leur distribution intérieure et, par suite, de
leur destination. Ceux-ci ne seraient plus alors une énigme, comme
 
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