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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 4
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Exposition du boulevard des Italiens
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0403

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EXPOSITION DU BOULEVARD DES ITALIENS.

391

suite — se font moins reconnaître par le caractère do leur physionomie que par les
armoiries et les emblèmes qui les accompagnent. Ce motif, d'une invention peu com-
pliquée, aurait pu suffire, et nous ne blâmons pas M. Baudry d'avoir montré tant de
sobriété sous le rapport de l'imagination. Mais il a fait bien d'autres économies, et
celles-là ne lui seront pas aussi facilement pardonnées.

Chacune des figures do M. Baudry est enfermée dans un cadre aux découpures
capricieuses, en compagnie de deux génies qui tiennent des palmes, des drapeaux ou
des écussons. Mal à l'aise dans l'étroit espace qui leur a été ménagé, elles se contournent
tristement et afi'eclent des attitudes inutilement violentes, car si jamais la violence peut
être excusée, c'est à la condition qu'elle sera décorative, comme il arrive aux allégories
de Parmesan et de Primatice. Mais les figures de M. Baudry n'ont pas des qualités pa-
reilles; elles font paraître moins d'élégance que de manière, elles sont maigres sans
être sveltes, et leurs gestes forcés multiplient les lignes rompues et abondent en angles
fâcheux. Sans atteindre jamais au grand goût, l'auteur de la Toilette de Venus nous
avait habitués à plus do grâce.

Mais c'est surtout le pinceau de M. Baudry que nous n'avons pas reconnu. Par une
singularité systématique dont la raison nous échappe, l'artiste a conçu ses peintures dans
une gamme d'un bleu violacé qui se répand uniformément sur les ciels, sur les costumes
cl jusque sur les chairs. De ce mensonge du ton local, il ne résulte d'ailleurs aucun
profit pour l'effet général de la coloration, qui reste monotone et voilée. Enfin, et c'est
ce qui nous surprend le plus dans la nouvelle œuvre do M. Baudry, le faire est d'une
pauvreté désespérante. Les figures ont peu de relief sur les ciels, le modelé n'accuse ni
saillies ni méplats; la lumière ne glisse pas, blonde et rosée, sur les épidermes délicats
dont elle devrait animer la transparence. Nous le disons avec regret, il fut un temps où
M. Baudry croyait à Corrége, au vieux Palme, à Prud'hon, à tous les maîtres enfin qui
ont su [)eindro des enfants et des femmes; s'il n'était pas sérieux, il était charmant; il
cherchait à donner de la morbidesse aux carnations, à y faire sentir le doux frémisse-
ment de la vie. Mais le voilà brusquement converti au rigorisme de cette froide sagesse
qui ressemble à l'impuissance... Qui donc a pu lui dire que.la sécheresse est une qua-
lité et l'indigence une vertu ? P. M.

— Si le temps et l'espace ne nous manquaient à la fois, nous parlerions un peu lon-
guement, dès aujourd'hui, de l'exposition qui vient de s'ouvrir au boulevard des Ita-
liens, celle des tableaux appartenant à M. Jules Claye, notre imprimeur. M. Martinet a
eu la pensée d'inviter quelques amateurs à faire une exhibition publique de leurs col-
lections particulières. C'est une idée heureuse et qui a été pratiquée déjà en Angleterre
sur une grande échelle. On peut ainsi offrir à la curiosité des Parisiens une galerie
qui, se renouvelant sans cesse, a le privilège de les intéresser toujours sans les fatiguer
jamais.

La collection de M. Jules Claye est celle d'un vrai curieux. Elle a été formée sans
parti pris et sans aucun esprit d'exclusion. L'école française y est représentée par quel-
ques morceaux do choix. On y trouve un précieux tableau de Mignard, dans lequel
sont réunis les enfants de France sous la garde de madame do Maintenon; une petite
scène deWatteau, le Conteur; un magnifique portrait de Largillière; un grand bouquet
de Baptiste, peint d'une façon magistrale; deux dessus do porte de Chardin, mais
tout à fait charmants de peinture; un Boucher, un Hubert Robert, deux Vues de
Paris par Noël, qui fut au siècle dernier un second Vernet, et enfin un beau buste
d'homme par Prud'hon, sans compter plusieurs Michel qui étonnent tout le monde.
 
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