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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 12.1862

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Nr. 5
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Burty, Philippe: Les eaux-fortes et les bois de M. Meissonier
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https://doi.org/10.11588/diglit.17331#0447

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130

GAZETTE DES BEAUX-AKTS.

Les premiers bois dont nous ayons pu constater la date sont donc ceux
cpie l'on rencontre dans la Bible.de Royaumont, éditée, en 1835, par
M. L. Curmer. Ils coudoient, sans se faire reconnaître du reste par
aucune qualité propre, les compositions de Wattier, de G. Rogier, de
Devéria et de Levasseur. A ce moment, Gérard Séguin empêchait
M. Meissonier de dormir!

Les bois dessinés depuis cette époque par M. Meissonier sont nom-
breux. Tous offrent les mêmes qualités de savoir et de conscience, mais
le Paul et Virginie et la Chaumière indienne sont particulièrement inté-
ressants, parce qu'ils datent de la jeunesse du maître, et le montrent
rendant déjà la nature d'une façon tout à fait personnelle; c'est comme
si l'on feuilletait son carton d'études. Ils disent ses longues stations dans
les serres du Jardin des Plantes ou devant les boutiques des marchands
de bric-à-brac qui précédaient jadis l'entrée du Louvre. Et que ses cro-
quis scrupuleux le servaient bien lorsqu'il avait à traduire, dans une
lettre ornée, un lis brisé par l'orage, ou un faisceau d'armes et d'in-
struments de musique indiens ! Que de notes précieuses ont depuis
trouvé place dans ses meilleures toiles, et le bon enseignement que cette
étude toujours attentive de la nature! Si l'éditeur lui avait imposé « les
attributs du travail, » M. Meissonier empilait sur sa table des livres et
copiait naïvement, avec leurs moindres valeurs de ton, les nervures du
dos et le petit papier laissé en guise de signet à la page interrompue.

Une de ces vignettes-miniatures a moins de quatre centimètres de
hauteur, et l'on distingue, collées au mur, deux gravures : l'une repré-
sente le Paria pensant an docteur anglais, l'autre le Docteur anglais
pensant au paria. Entre elles deux sont suspendues à un clou « la pipe
de cuir d'Angleterre, dont l'embouchure était d'ambre jaune, et celle du
paria, dont le tuyau était de bambou et le fourneau de terre cuite. » Une
étiquette, fixée au-dessous par deux épingles, constate qu'elles sont
tirées du cabinet de M. Meissonier. Je ne saurais vraiment en douter,
tant il est probable que l'artiste les avait sous les yeux, ces pipes illus-
tres,"pour en rendre les minuscules détails.

Mais, hélas! tous ces paysages scrupuleusement embellis par leur
flore et leur faune particulières, ce calme intérieur de la cabane du paria,
ces « assemblées de rabbins juifs, de ministres protestants, de surinten-
dants d'églises luthériennes, de docteurs catholiques, » ces académies où
discutent, où somnolent à l'envi « les académiciens de Paris, de la Grusca,
des Arcades, etc., etc., les papas grecs, les mollahs turcs, les verbiets armé-
niens, les seidres et les careys persans, les scheiks arabes, les anciens par-
sis et les pandects indiens qui n'avaient éclairci aucune des trois mille
 
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